La mobilisation des Gilets jaunes sur l’ensemble du territoire français contre l’augmentation des taxes sur le carburant en particulier et la politique du gouvernement en général, initiée le 17 novembre, se poursuivait le lundi 19 novembre, et impactait l'activité professionnelle plus encore que le week-end. Dans un communiqué, l'Organisation des transporteurs routiers européens (OTRE) rappelle que "les transporteurs ne sont pas engagés dans le mouvement des Gilets jaunes". Et les autres organisations appellent l'Etat à prendre ses responsabilités pour faire cesser les blocages.
"Depuis ce matin (lundi 19 novembre), des poids lourds sont bloqués, contre leur gré, en divers points du territoire, souligne l'OTRE. Si certaines initiatives peuvent voir le jour, elles sont l’œuvre de conducteurs isolés utilisant les véhicules contre la volonté des chefs d’entreprises".
"Si l’OTRE respecte le droit à manifester, elle réaffirme qu’il est hors de question de se lier à une action dont on ne connaît pas ou peu les organisateurs", poursuit l'organisation. "Par ailleurs, sur le fond, les revendications des professionnels routiers, chefs d’entreprise, ne sont pas celles de ces citoyens".
Pour l’OTRE, la priorité reste la question du financement des infrastructures et l’expression de son opposition absolue à toute taxation supplémentaire des poids lourds. Elle n’appelle pas à manifester aujourd’hui, mais pourrait "recourir à des manifestations plus visibles y compris des blocages ciblés, organisés et structurés comme elle a su le faire à huit reprises lors des mouvements anti-Ecotaxe. Ce n’est pas le cas aujourd’hui".
Jeudi 15 novembre l'OTRE tenait son congrès annuel à Toulouse (Haute-Garonne). FranceRoutes y a interviewé sa présidente, Aline Mesples, qui justifie la position de l'organisation professionnelle sur le mouvement des Gilets jaunes.
L’OTRE n’appelle pas à manifester aux côtés des gilets jaunes. Pourquoi ?
Les revendications des entreprises de transport routier et celles du citoyen ne sont pas identiques. Les nôtres relèvent de l’activité professionnelle. Le transport routier de marchandises (TRM) bénéficie d’une détaxation du carburant par une exonération de TICPE (sur le gazole routier), pas les particuliers. En revanche, dans la branche, certains secteurs de transport professionnel ne bénéficient pas de ce remboursement. Nous les soutenons.
Autre différence : l’entreprise qui subit une hausse des taxes a la possibilité d’intégrer cette hausse dans le coût de revient, et de la répercuter sur le prix de vente de sa prestation. Le particulier, lui, paye directement les taxes sur le carburant qui augmentent. Et en plus, il va subir une hausse du prix des produits, si les prestataires de la chaîne de distribution répercutent l’augmentation des taxes. Son pouvoir d’achat diminuera.
Certains transporteurs réunis en collectifs ou à titre individuel, semblent plus enclins à manifester avec les gilets jaunes. Qu’en pensez-vous ?
Il y a une tentation à partir avec celui qui crie le plus fort. Or ce n’est pas celui qui crie le plus fort qui a raison. Nous sommes une organisation professionnelle responsable, nous respectons des principes républicains. Les collectifs ne représentent pas la profession, ils ne représentent qu’eux-mêmes. Je demande au gouvernement et aux ministères concernés de faire confiance aux organisations professionnelles représentatives.
Vous portez des revendications auprès du gouvernement, mais vous en portez également une auprès de vos clients : il est temps de revaloriser la prestation de transport…
Oui, bien sûr. Dans un monde idéal, quand une entreprise voit des coûts augmenter, elle les répercute sur ses clients… Mais nous devons faire face à la concurrence déloyale au sein de l’Union européenne. Nous ne voulons pas être dans des manifestations aussi larges car ces revendications précises ne sont pas entendues.
Lors du congrès de l’OTRE, certains adhérents ont demandé à l’organisation si elle comptait organiser une mobilisation, et quand. Que répondez-vous ? Est-ce le moment ?
Une organisation professionnelle représentant des entreprises examine les propositions qui sont faites. A l’heure actuelle, nous sommes opposés à la proposition de taxe pour la préservation des infrastructures routières du ministère des Transports (vignette poids lourd et augmentation de la TICPE, ndlr). Mais on va aller au bout des négociations. La loi d’orientation sur les mobilités n’est pas encore en discussion. Nous avons rencontré la ministre, nous ne sommes pas d’accord mais nous allons avoir d’autres occasions de faire entendre nos revendications.
Depuis l’arrivée du nouveau gouvernement en 2017, vos échanges avec Elisabeth Borne sont-ils constructifs ?
Nous recherchons l’iso-coût pour les entreprises du TRM. Nous avons des échanges constructifs, mais nous pouvons arriver au stade de la divergence : le gouvernement a une idée et nous n’avons pas la même. Jusqu’à présent, nous discutons et nous travaillons sur ces dossiers. Quand on aura usé de tous nos moyens pour convaincre sans aboutir, nous passerons aux manifestations.
"Les TPE et PME sont prises en otage", clame de son côté l'Unostra, autre organisation professionnelle du TRM, qui demande à l'Etat d'intervenir avec plus de vigueur. "Ils sont partis cette nuit ou tôt ce matin et au volant de leurs camions ils se retrouvent bloqués aux ronds-points et aux péages. Dans certaines TPE PME ce sont tous les véhicules qui se retrouvent pris en otage de ce mouvement de communauté citoyenne qui a démarré ce samedi 17 novembre.Les TPE PME du transport routier en tension d’activité et de trésorerie depuis plusieurs semaines déploient beaucoup d’énergie depuis quelques jours pour réorganiser leurs plans de transport en prévision des événements, et cela a un coût. A ce stade et au regard des incidents qui se sont produits depuis 48 heures l’Unostra demande à l’Etat de garantir la sécurité des conducteurs routiers, et de réinstaurer la libre circulation de leurs véhicules et de leurs marchandises, et ce sur toutes les voies de circulation du territoire".
Les Organisations Professionnelles appellent donc le gouvernement à prendre ses responsabilités. Ce matin la ministre des Transports a déclaré avoir discuté avec les organisations professionnelles du TRM et estimé que celles-ci n’appelleraient pas à rejoindre le mouvement des gilets jaunes. Ces organisations confirment que les entreprises de transport ont pris leurs responsabilités en ne se joignant pas au mouvement du 17 novembre. En effet, même si celles-ci comprennent les motivations des manifestants, leur situation économique tendue ne leur permet pas de perdre des journées de travail. Or, le 19 novembre, les camions sont pris dans divers blocages et barrages et sont dans l’impossibilité de remplir leur mission d’acheminement des marchandises et de ravitaillement.
La FNTR, l’UNOSTRA, la CSD et l’Union TLF, appellent le Gouvernement à prendre ses propres responsabilités :
Dans tout autre cas, les organisations professionnelles du TRM interviendront pour préserver les intérêts des transporteurs et la sécurité de leurs personnels.
Pour connaître la position des syndicats d'employés du transport : cliquez sur ce lien.
"Depuis ce matin (lundi 19 novembre), des poids lourds sont bloqués, contre leur gré, en divers points du territoire, souligne l'OTRE. Si certaines initiatives peuvent voir le jour, elles sont l’œuvre de conducteurs isolés utilisant les véhicules contre la volonté des chefs d’entreprises".
"Si l’OTRE respecte le droit à manifester, elle réaffirme qu’il est hors de question de se lier à une action dont on ne connaît pas ou peu les organisateurs", poursuit l'organisation. "Par ailleurs, sur le fond, les revendications des professionnels routiers, chefs d’entreprise, ne sont pas celles de ces citoyens".
Pour l’OTRE, la priorité reste la question du financement des infrastructures et l’expression de son opposition absolue à toute taxation supplémentaire des poids lourds. Elle n’appelle pas à manifester aujourd’hui, mais pourrait "recourir à des manifestations plus visibles y compris des blocages ciblés, organisés et structurés comme elle a su le faire à huit reprises lors des mouvements anti-Ecotaxe. Ce n’est pas le cas aujourd’hui".
Jeudi 15 novembre l'OTRE tenait son congrès annuel à Toulouse (Haute-Garonne). FranceRoutes y a interviewé sa présidente, Aline Mesples, qui justifie la position de l'organisation professionnelle sur le mouvement des Gilets jaunes.
L’OTRE n’appelle pas à manifester aux côtés des gilets jaunes. Pourquoi ?
Les revendications des entreprises de transport routier et celles du citoyen ne sont pas identiques. Les nôtres relèvent de l’activité professionnelle. Le transport routier de marchandises (TRM) bénéficie d’une détaxation du carburant par une exonération de TICPE (sur le gazole routier), pas les particuliers. En revanche, dans la branche, certains secteurs de transport professionnel ne bénéficient pas de ce remboursement. Nous les soutenons.
Autre différence : l’entreprise qui subit une hausse des taxes a la possibilité d’intégrer cette hausse dans le coût de revient, et de la répercuter sur le prix de vente de sa prestation. Le particulier, lui, paye directement les taxes sur le carburant qui augmentent. Et en plus, il va subir une hausse du prix des produits, si les prestataires de la chaîne de distribution répercutent l’augmentation des taxes. Son pouvoir d’achat diminuera.
Certains transporteurs réunis en collectifs ou à titre individuel, semblent plus enclins à manifester avec les gilets jaunes. Qu’en pensez-vous ?
Il y a une tentation à partir avec celui qui crie le plus fort. Or ce n’est pas celui qui crie le plus fort qui a raison. Nous sommes une organisation professionnelle responsable, nous respectons des principes républicains. Les collectifs ne représentent pas la profession, ils ne représentent qu’eux-mêmes. Je demande au gouvernement et aux ministères concernés de faire confiance aux organisations professionnelles représentatives.
Vous portez des revendications auprès du gouvernement, mais vous en portez également une auprès de vos clients : il est temps de revaloriser la prestation de transport…
Oui, bien sûr. Dans un monde idéal, quand une entreprise voit des coûts augmenter, elle les répercute sur ses clients… Mais nous devons faire face à la concurrence déloyale au sein de l’Union européenne. Nous ne voulons pas être dans des manifestations aussi larges car ces revendications précises ne sont pas entendues.
Lors du congrès de l’OTRE, certains adhérents ont demandé à l’organisation si elle comptait organiser une mobilisation, et quand. Que répondez-vous ? Est-ce le moment ?
Une organisation professionnelle représentant des entreprises examine les propositions qui sont faites. A l’heure actuelle, nous sommes opposés à la proposition de taxe pour la préservation des infrastructures routières du ministère des Transports (vignette poids lourd et augmentation de la TICPE, ndlr). Mais on va aller au bout des négociations. La loi d’orientation sur les mobilités n’est pas encore en discussion. Nous avons rencontré la ministre, nous ne sommes pas d’accord mais nous allons avoir d’autres occasions de faire entendre nos revendications.
Depuis l’arrivée du nouveau gouvernement en 2017, vos échanges avec Elisabeth Borne sont-ils constructifs ?
Nous recherchons l’iso-coût pour les entreprises du TRM. Nous avons des échanges constructifs, mais nous pouvons arriver au stade de la divergence : le gouvernement a une idée et nous n’avons pas la même. Jusqu’à présent, nous discutons et nous travaillons sur ces dossiers. Quand on aura usé de tous nos moyens pour convaincre sans aboutir, nous passerons aux manifestations.
Unostra, FNTR et Union TLF demandent à l'Etat d'intervenir
"Les TPE et PME sont prises en otage", clame de son côté l'Unostra, autre organisation professionnelle du TRM, qui demande à l'Etat d'intervenir avec plus de vigueur. "Ils sont partis cette nuit ou tôt ce matin et au volant de leurs camions ils se retrouvent bloqués aux ronds-points et aux péages. Dans certaines TPE PME ce sont tous les véhicules qui se retrouvent pris en otage de ce mouvement de communauté citoyenne qui a démarré ce samedi 17 novembre.Les TPE PME du transport routier en tension d’activité et de trésorerie depuis plusieurs semaines déploient beaucoup d’énergie depuis quelques jours pour réorganiser leurs plans de transport en prévision des événements, et cela a un coût. A ce stade et au regard des incidents qui se sont produits depuis 48 heures l’Unostra demande à l’Etat de garantir la sécurité des conducteurs routiers, et de réinstaurer la libre circulation de leurs véhicules et de leurs marchandises, et ce sur toutes les voies de circulation du territoire".
Les Organisations Professionnelles appellent donc le gouvernement à prendre ses responsabilités. Ce matin la ministre des Transports a déclaré avoir discuté avec les organisations professionnelles du TRM et estimé que celles-ci n’appelleraient pas à rejoindre le mouvement des gilets jaunes. Ces organisations confirment que les entreprises de transport ont pris leurs responsabilités en ne se joignant pas au mouvement du 17 novembre. En effet, même si celles-ci comprennent les motivations des manifestants, leur situation économique tendue ne leur permet pas de perdre des journées de travail. Or, le 19 novembre, les camions sont pris dans divers blocages et barrages et sont dans l’impossibilité de remplir leur mission d’acheminement des marchandises et de ravitaillement.
La FNTR, l’UNOSTRA, la CSD et l’Union TLF, appellent le Gouvernement à prendre ses propres responsabilités :
- soit en entamant un processus de négociation avec les Gilets jaunes ;
- soit en faisant respecter la liberté de circulation des opérateurs économiques.
Dans tout autre cas, les organisations professionnelles du TRM interviendront pour préserver les intérêts des transporteurs et la sécurité de leurs personnels.
Pour connaître la position des syndicats d'employés du transport : cliquez sur ce lien.