Sous le soleil de Clermont-Ferrand, les dernières coureuses cyclistes du Tour sont parties, la place de Jaude se vide. Le ballet des camions commence. Natacha conductrice chez XPO depuis deux ans débâche sa semi pour la charger. Objectif, faire place nette au plus vite. Natacha travaille depuis plus de douze ans dans le transport. Pour évoluer, elle a changé d’employeur. « J’ai eu beaucoup de refus, c’est XPO qui m’a embauchée ».
Une aventure. « Le Tour de France est un kif, une expérience à vivre. C’est complétement différent du quotidien ». D’habitude, Natacha réalise des norias en après-midi. Son compagnon travaille de nuit dans le transport. Pour assurer l’éducation des enfants, le couple se partage la gestion du quotidien. « Le papa s’occupe des devoirs, du dîner… », confie la conductrice chevronnée qui est aussi maman. Dans son activité quotidienne, elle parcourt 150 km au volant de son Renault et de la semi-remorque caisse. Elle rentre chez elle chaque soir. Pendant le Tour de France, elle va dormir dans la cabine.
Appréhension au départ du Tour. « C’était très compliqué de dormir dans la couchette, ce sont mes premiers découchés, cette nuit, nous étions garées à six camions dans la gare routière ».
Cyrianne ne connaît pas ce genre d’appréhension, elle est routière depuis 33 ans. « Je me suis battue il y a 33 ans pour faire ce métier. J’avais besoin de liberté, être libre dans ce que je faisais, ce que m’apporte la route. Un peu moins libre maintenant, car nous sommes suivis avec le GPS, mais nous avons toujours une certaine liberté dans l’organisation de notre travail ».
Expérience. Pendant quinze ans, Cyrianne a tourné à l’international. Elle a traversé l’Europe, pendant cinq ans, elle a conduit dans les pays de l’Est, de la Pologne, à la Russie en passant par l’Ukraine.
Cette mission du Tour de France représente pour elle, « l’amour, la passion du métier, l’envie de se dépasser. Ces événements permettent de côtoyer des personnes différentes ».
Rapport femme homme. « En trente ans, ce rapport a bien évolué depuis quelques années, il y a plus de femmes sur la route et dans les cabines » constate Cyrianne. La situation semble apaisée comme en témoigne Natacha, « lorsque j’ai débuté, je n’étais pas très calée en manœuvre, je n’ai jamais eu de reproche. Les hommes viennent encore en proposant des coups de main. Les collègues hommes sont adorables. L’accueil chez les clients se passe également bien ».
Pénibilité. Retraite. Pour Natacha à 44 ans, ce troisième temps lui semble loin. Cyrianne a encore entre six et dix ans à faire. Entre l’allongement de la durée de cotisation et la prise en compte de ses enfants dans le calcul, Cyrianne se demande comment mettre le déambulateur dans le camion « Plus sérieusement avec l’âge, on s’amoindrit. Le métier demande beaucoup de concentration, on a besoin d’être à fond sur ce que l’on fait ». Piétons, cyclistes, la multiplication des différents usagers de la route et l’intensification du code de la Route nécessitent derrière le volant, une vigilance accrue.
Le conseil. « Mesdames, ne vous arrêtez pas sur les on dit. Osez y aller. Mon expérience prouve que l’on peut mêler un équilibre entre vie professionnelle et personnelle » conclut Natacha.
Pendant ce tour, les liens d’amitié se créaient, puis dimanche viendra le retour à la vie normale avant peut-être un ultime repas sur le Tour pour fêter le défi réalisé.
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