Camion électrique : « Il est essentiel de partager les risques »

Les innovations technologiques destinées à réduire l’empreinte carbone du transport de marchandises en milieu urbain oblige les prestataires à renouveler la collaboration avec leurs clients chargeurs. C'est ce qu'explique Philippe Givone, PDG de Jacky Perrenot, dans cette interview à France Routes.

Philippe Givone, PDG du groupe Jacky Perrenot, a contribué à la mise en exploitation du Renault Trucks D E-Tech équipé du système automatisé Deliver Assist, en coopération avec le chargeur Intermarché et le constructeur au losange. Une innovation technologique intéressante, tant en termes de rendement que d'ergonomie, mais qui a un coût. Comment l'intégrer ? Philippe Givone répond aux questions de France Routes.

"Le financement du camion électrique est assumé par trois intervenants : le transporteur, le chargeur, qui est Intermarché, et le constructeur, qui est Renault Trucks". Philippe Givone, PDG de Jacky Perrenot.
Crédit photo : Nicolas Grumel

Le camion électrique, présenté fin septembre au centre logistique Segro de Paris Gobelins, coûte environ trois fois plus cher qu’un véhicule gasoil équivalent. Comment le transporteur finance-t-il une telle acquisition ?

Sur des projets de ce type, il est essentiel de partager les risques. Le financement de ce camion est assumé par trois intervenants : le transporteur, le chargeur qui est Intermarché, et le constructeur qui est Renault Trucks. En tant que leader, Jacky Perrenot a un rôle d’exemplarité mais nous espérons, sur un temps long, parvenir à un retour sur investissement.

Concrètement, le véhicule est-il exploité en location longue durée ?

Nous sommes propriétaire du véhicule mais Renault Trucks s’est engagé à l’améliorer dès que de nouvelles technologies permettront d’accroître l’autonomie et l’ergonomie. C’est un contrat de 5 ans.

S’agit-il de votre première collaboration de ce type avec Intermarché ?

Nous avons livré des magasins des Mousquetaires avec un camion électrique durant les Jeux Olympiques, mais c’est bien le premier véhicule qui est équipé du système automatisé Deliver Assist. Ce dispositif améliore l’ergonomie et les conditions de travail des opérateurs en milieu urbain. Le transpalette en équilibre sur un hayon élévateur, c’est anxiogène pour le conducteur.

Sous l'impulsion de Philippe Givone, PDG du groupe, Jacky Perrenot se veut moteur dans la transition énergétique du transport routier de marchandises. Le transporteur exploite déjà plusieurs camions électriques ainsi qu'un camion hydrogène.
Crédit photo : Nicolas Grumel

Les conducteurs employés par Jacky Perrenot accepteront-ils que la plage horaire des livraisons soit élargie, de travailler plus tôt le matin, voire la nuit ?

Ce n’est pas un problème si on met à sa disposition un outil qui améliore les conditions de travail et réduit le stress généré par la livraison en ville.

Vous exploitez par ailleurs un camion hydrogène à pile à combustible, un porteur Hyundai Xcient. Quel retour d’expérience en tirez-vous ?

Côté opérationnel, il répond à nos attentes. La difficulté avec l’hydrogène, c’est que ce carburant n’a économiquement pas de pertinence dans le transport routier de marchandises. Dans notre activité, on est très loin de voir cette énergie se déployer à grande échelle. Elle coûte horriblement cher, et pour être efficace du point de vue environnemental, elle doit être green et non grise, sinon c’est pire que le gasoil. C’est une vraie difficulté.

Le groupe Jacky Perrenot en chiffres