La symbolique remise des clés a eu lieu le 30 août à l’usine Renault Trucks de Blainville (Normandie). Car, quand un client acquiert 53 camions électriques, on le reçoit avec les honneurs !
Avec ces 53 porteurs, l'enseigne DB Schenker poursuit sa transition écologique : ils devraient permettre d’économiser 1 300 t de CO2 par an. Cette commande de camions électriques est la plus importante réalisée par le transporteur et logisticien.
Projet de six ans. En 2017, DB Schenker souhaite accélérer sur la réduction d'émissions polluantes. « Nous avons lancé des concertations avec nos partenaires, dont Renault Trucks, en leur disant : "quand vous aurez un véhicule à tester, venez nous voir". DB Schenker apportait aux constructeurs de camion du temps de transport, avec des conducteurs volontaires », raconte Frédéric Vallet, président de DB Schenker France.
Travailler à livre ouvert. Il y a 18 mois, Renault Trucks évoque la possibilité d'un essai de porteurs électriques de 16 t. « Nous avons une dizaine d'années pour changer, nous sommes dans une telle mutation que les évolutions ne peuvent être réalisées qu'avec ce genre de partenariat constructeur-transporteur. Le fait de travailler à livre ouvert, c'est la garantie du succès », poursuit Christophe Martin, directeur général de Renault Trucks France. Vient donc, après discussions, le temps de l'expérimentation.
Paris et Saint-Etienne. En mars 2022, Renault Trucks et DB Schenker entrent en phase d'essai du porteur, en conditions réelles à Paris et Saint-Etienne. Pendant deux semaines, les deux agences assurent des livraisons, en distribution urbaine, avec un Renault Trucks D Wide ZE 16 t. Elles mesurent ses performances, ses capacités de transport, son autonomie et la puissance des 4 batteries. Terrain vallonné, températures, toutes les données sont consignées.
Le verdict tombe, à Saint-Etienne l’autonomie arrive à peine à 220 km pour une charge utile de 6,2 t. C'est moins que l'autonomie annoncée par le constructeur (235 km, lire la fiche technique en bas de l'article). Mais le terrain est accidenté, les zones rurales plus nombreuses.
En revanche, l'autonomie est plus importante en région parisienne : près de 300 km d'après Frédéric Vallet, ce qui est supérieur aux données constructeur.
L'équipement en recharges. La question de la recharge en électricité est bien évidemment abordée car c'est l'un des points de rupture du "carburant" électricité. Renault Trucks et des spécialistes de l’électrification aident à l'équipement des agences locales de DB Schenker. L'étude permet de vérifier la faisabilité en testant également les transformateurs des zones industrielles dans lesquelles elles sont implantées. « Dans certains secteurs, si on a onze camions à remplir, le réseau électrique ne suit pas », traduit Frédéric Vallet.
Le deal. Tant pis pour les aléas techniques, la décision est prise : DB Schenker, qui avait une cinquantaine de véhicules à moteur thermique en fin de vie, passe la commande des porteurs électriques. La filiale française va même poursuivre cette électrification l’année prochaine.
Les 53 etrucks seront déployés progressivement dans 19 agences aux configurations multiples, certaines étant en hyper centre-ville comme à Toulouse, d'autres plus rurales comme à la Roche-sur-Yon, et là, les véhicules circuleront un peu plus.
L'objectif commun est de collecter et livrer dans des périmètres départementaux, pour des tournées d'une distance moyenne de 150 km.
« L’écart de TCO entre un camion électrique et un camion similaire fonctionnant au gasoil est de 30 à 50 % en défaveur de l’électrique », reconnaît Frédéric Vallet. Mais quand faut y aller...
Le plein en agence. La recharge en électricité s'effectuera en agence. Aujourd’hui, il y a une cuve dans l’agence et demain, il y aura un super chargeur. « Le conducteur est payé pour livrer, pas pour aller faire le plein. Nos super-chargeurs (une solution proposée par Renault Trucks "clés en main") sont donc installés dans nos sites. Le coût de l’avitaillement à l’extérieur peut être multiplié par quatre ou cinq », indique Frédéric Vallet.
Accompagnement des conducteurs. DB Schenker accompagne les conducteurs dans leur approche d'un camion électrique. Des formateurs internes apprennent aux chauffeurs à se servir de ce type de camion.
L'entreprise associe également ses clients, qui peuvent bénéficier de cette débarconation du transport dans le cadre de la politique RSE.
Les premiers porteurs Renault E-tech de DB Schenker en images
Spécificités techniques des 50 Renault Trucks E-Tech D de DB Schenker
- PTAC : 16 t
- Charge utile : 6 541 kg
- Empattement : 5 000 mm
- Moteur électrique d’une puissance totale de 185 kW (puissance continue de 130 kW)
- Couple maximal du moteur électrique : 425 Nm
- Boîte de vitesses à deux rapports
- Stockage de l’énergie : 4 batteries lithium-ion de 94 kWh = 376 kWh
- Chargeur embarqué 22 kW (AC) ; compatible avec recharge rapide de 150 kW (DC)
- Autonomie réelle : 235 km (engagement autonomie fin de vie des batteries)
Spécificités techniques des 3 Renault Trucks E-Tech D Wide de DB Schenker
- PTAC : 19 t
- Charge utile : 8 240 kg
- Empattement : 5 800 m
- Moteur électrique d’une puissance totale de 370 kW (puissance continue de 260 kW)
- Couple maximal du moteur électrique : 850 Nm
- Boîte de vitesses à deux rapports
- Stockage de l’énergie : 4 batteries lithium-ion de 94 kWh = 376 kWh
- Chargeur embarqué 22 kW (AC) ; compatibles recharge rapide 150 kW (DC)
- Autonomie réelle : 240 km (engagement autonomie fin de vie des batteries)
A propos de l'usine Renault Trucks de Blainville
Premier site industriel en Europe a avoir fabriqué des camions électriques
- 70 ans d’histoire
- 1 million de camions produits dont 1 000 électriques
- 110 véhicules jours
- 2 700 employés
DB Schenker France
- 125 agences
- 6 400 salariés
- Chiffre d’affaires 2022 : 1,8 milliard d’euros