"Prochain arrêt : Port de Barcelone”… Une soixantaine de chargeurs et transitaires français étaient du voyage en Espagne pour participer à la journée France, organisée le 3 septembre par le port de Barcelone, véritable locomotive des nouveaux services directs de fret ferroviaire transfrontaliers lancés en novembre 2023 entre Barcelone et Toulouse (trois par semaine) et entre Barcelone et Lyon (un train par semaine).
"Nous avons fait ce choix en 2021, à une époque où le port de Marseille-Fos était en grève. Barcelone est fiable et offre un accès direct en train", justifie Bruno Dufau, président de Sogo Green, importateur de panneaux solaires qui examine une solution de pré post acheminements ferroviaires.
Ces réflexions, engagées dans le cadre du verdissement des chaînes d’approvisionnement, sont partagées par de nombreux chargeurs. "Nous sommes venus découvrir toutes les opportunités de transport. Avec le développement de l’export, il est important de rencontrer de nouveaux prestataires. Barcelone se trouve à moins de deux heures de notre usine en Haute-Ariège", explique Sébastien Crussol, président fondateur de La compagnie des Pyrénées, embouteilleur de l’eau minérale sous la marque "Eau Neuve".
Les objectifs de l’entreprise étant de porter la production de 32 à 45 millions de bouteilles d’augmenter la part du chiffre d’affaires à l’export de 3 à 15 % sous deux ans. Pierredeplan, basée à Castelsarrasin, importe près de 200 conteneurs par an via le port de Fos-sur-Mer.
Mais en logistique rien n’est gravé dans le marbre. "Je suis fabricant de plans de travail en pierre naturelle et minérale pour les cuisines. J’importe la matière première d’Israël, d’Inde et de Chine. Nous étudions les démarches pour réduire les émissions de carbone d’où notre intérêt pour un transport ferroviaire", explique Yves Veretout, directeur général de Pierredeplan.
Michelin, un train et une plate-forme multimodale en Espagne pour 2026. Le groupe Michelin, qui possède des usines de production de pneumatiques à Aranda de Duero et Valladolid, envisage l’option ferroviaire en modifiant son schéma d'import de gomme naturelle en provenance d’Asie.
"Nous avons, comme objectif de simplifier, massifier, décarboner et optimiser nos flux en mutualisant le transport des matières premières, les semi-finis puis les produits-finis. Les conteneurs qui arrivent à Fos, Valence et Barcelone pourraient être concentrés sur Barcelone, ce qui permettrait de massifier sur le rail et de lancer un train Aranda de Duero-Barcelone couplés avec les exports de nos produits finis, acheminés aujourd’hui par camion", explique Denis Brangeon, Network Capacity Analyst de Michelin en Europe.
Sa visite à Barcelone avait donc pour but de créer les conditions d’une prochaine liaison par le rail des flux import de gomme naturelle et de bâtir potentiellement des connexions à l'export vers le centre de la France, l’Allemagne et la Pologne.
Pour mener à bien ce projet, le fabricant de pneumatiques envisage de contribuer à la création d'une plate-forme multimodale à Aranda de Duero et de débuter un service ferroviaire fin 2025, début 2026. Michelin, qui aujourd’hui achemine en Europe 7 % de son fret en transport combiné, vise une part modale de 15 % en 2030.