L'info. Inaugurée par Scapalsace en mars à Niederhergheim, au sud de Colmar, dans le Grand-Est, la nouvelle plateforme automatisée à 100 % dédiée aux produits frais et ultrafrais, s’avère être une étape dans la course à l’innovation à laquelle se livrent les acteurs logistiques de la grande distribution.
Qui fait quoi. Pour ce projet baptisé "Améliorer la logistique frais par l’automatisation", l’entreprise colmarienne de gestion des achats et de la logistique de distribution des magasins et drives Leclerc de 10 départements du Grand Est a fait appel au logisticien allemand Witron.
Un précédent. Celui-ci a adapté ici au traitement en flux tendu des commandes de produits frais et ultra-frais le système automatisé qu’il avait mis en place pour le sec, en 2014, dans le premier entrepôt robotisé Leclerc (d’où son nom : Perle), qui se trouve sur le même site Scapalsace.
Cette dernière "avait été alors été précurseur", souligne Jean-Marc Heilig, directeur France de Witron, qui a, depuis, conduit 8 projets similaires dans la sphère Leclerc et 7 autres pour des sites Intermarché. "Cette enseigne veut d’ailleurs continuer", assure-t-il.
En concurrence. Cependant, pour les produits frais et ultra-frais, dont les dates limites de consommation sont très réduites, la gestion en flux tendu des approvisionnements rendait jusqu’ici la robotisation plus complexe.
Or sur ce défi, Scapalsace s’est fait distancer de quelques mois par une autre centrale Leclerc, Socamil. Basée à Castelnaudary, celle-ci a fait automatiser en 2022 la logistique du sec, du frais et du surgelés… par Witron. Une nouvelle "première" qui a conduit les deux entreprises, cette année-là, sur le podium des Rois de la supply chain et sur celui de l’European logistics association (ELA Awards).
Un investissement. Mais Scapalsace n’a pas dit son dernier mot et pourrait agrandir l’entrepôt consacré aux produits secs. En attendant, elle découvre toutes les optimisations permises par la plateforme frigorifique automatisée, qui représente un investissement de 70 millions d'euros (M€).
Lignes automatisées, robots et caméras. Le système Witron de traitement des commandes et de préparation des expéditions en flux tendus permet déjà un gain de surface : il y occupe 9 000 des 27 000 m2 quand un trieur mécanisé en nécessiterait environ 15 000 m2, selon Jean-Marc Heilig.
Une fois les palettes acheminées sur place par un cariste, les produits sont dépotés automatiquement en colis. Seuls quelques opérateurs sont nécessaires à cette étape, en surveillance, pour 30 % des produits, les plus fragiles,"comme les fromages de chèvre frais d’un petit producteur, par exemple", cite le directeur France du logisticien.
"Les colis sont ensuite éclatés, mis en tampon de séquençage, explique Jean-Marc Heilig, directeur France de Witron, puis repalettisés par séquences favorables à tel ou tel magasin". Le tout fonctionne grâce à 32 mini-loads (ou transstockers) ultradynamiques, 16 lignes de palettisation automatique et 14 tunnels de lecture par caméra automatisée.
En cadence. Il permet de préparer jusqu’à 172 000 colis par jour, soit 3 200 palettes en expédition vers les magasins. Selon Jean-Marc Heilig, les opérations de transport comme le réassort quotidien des magasins sont facilités par une palettisation automatique assurée "au plus compact possible et selon les rayons". La qualité et la traçabilité se trouvent également améliorées par cette robotisation.
Des emplois plus qualitatifs. Outre la nécessité de faire face à la croissance du nombre de ses points de livraison (120 en 2020 contre 89 en 2012), Scapalsace a voulu aussi répondre là à ses difficultés de recrutement, en améliorant l’ergonomie des opérations de manutention et en accroissant la qualification des métiers qu’elle propose. Portant davantage sur la conduite de lignes automatisées, ceux-ci sont moins physiques et impliquent un niveau technique supérieur.L’entreprise a ainsi réaffecté certains salariés et a créé 140 postes pour cette plateforme.
Du photovoltaïque. "Être innovant en automatisant aujourd‘hui le PGC Frais est un atout économique pour offrir durablement aux employés E.Leclerc Scapalsace les meilleures conditions de travail possibles, aux magasins et aux autres canaux de distribution une qualité de service, aux consommateurs les meilleurs prix et à tous quotidiennement beaucoup moins de camions sur nos routes", résume Fabrice Beck, président de Scapalsace, qui a également fait installer 7 500 m² de panneaux photovoltaïques sur le nouvel entrepôt. Celui-ci atteint une capacité de production d’énergie de plus d’1,2 mégawatts-crête.
