L’Officiel des transporteurs : Le terrain convoité par Amazon appartient au Grand Port maritime de La Rochelle, pourquoi avoir consulté la ville au sujet du projet d’entrepôt du géant de l’e-commerce ?
Michel Puyrazat : Nous avons vocation à favoriser le transport maritime de marchandises. Le domaine portuaire fait donc l’objet d’autorisation d’occupation à des entreprises en lien avec cette activité. La demande d’Amazon ne rentrait pas dans ce champ-là. Cela dit, ce projet concerne la logistique urbaine. Avant de lancer l’instruction d’une demande d’occupation d’un terrain portuaire, j’ai sollicité l’avis du maire [Jean-François Fountaine qui préside aussi la Communauté d’agglomération]. La ville ne souhaite pas donner suite à la demande d’Amazon. Mais ce terrain étant la propriété du Grand Port maritime, c’était effectivement à lui que revenait la décision finale.
L'O.T.: Pourquoi cet avis défavorable de la ville et pourquoi l’avez-vous suivi ?
M. P. : Deux arguments ont été avancés. Ici, l’ensemble des mouvements aurait été assuré par la route. Or, il est dommage de s’installer à proximité d’un port sans avoir une logistique de desserte qui ne s’effectue pas par les embranchements ferroviaires et la desserte maritime [deux atouts mis en avant par les acteurs locaux]. Par ailleurs, ce projet aurait favorisé le commerce international au détriment du local. Face à l’absence de vocation maritime et territoriale de ce projet et face à l’opposition municipale, nous suivons cet avis défavorable. Nous en avons fait part à Amazon, qui affirme ne pas avoir été surpris par cette décision.
L'O.T.: L’ouverture de ce site aurait débouché sur la création d’une cinquantaine d’emplois directs et le recours à 150 conducteurs routiers pour les livraisons. Que répondez-vous aux partisans de ce projet qui mettent en avant des retombées économiques ?
M. P. : Ce projet ne concerne pas le trafic portuaire mais le développement du territoire. Certes, le Grand Port maritime de La Rochelle y contribue. Toutefois, c’est à la ville et à la communauté d’agglomération de faire le lien entre les différents enjeux : développement économique, transition écologique, défi sociétal. Ce n’est pas parce que ce moyen logistique ne verra pas le jour à La Rochelle qu’il ne s’installera pas ailleurs. Les produits continueront à être acheminés. Ne serait-ce pas pour les transporteurs de la Région l’occasion de faire de la longue distance ?