Les grandes manœuvres se poursuivent dans le fret ferroviaire européen. Numéro 1 du fret ferroviaire en Suisse, avec un trafic de 202 000 tonnes par jour, CFF Cargo vient de se rapprocher des entreprises de transport routier Planzer, Camion Transport, Galliker et Bertschi réunies au sein de Swiss Combi pour leur céder 35 % de son capital. À l’issue de cette opération, dont le montant n’a pas été communiqué et devant encore recevoir l’aval de la Commission de la concurrence (pour une décision attendue au premier trimestre 2020), les CFF demeurent l’actionnaire majoritaire de CFF Cargo, avec une part de 65 %.
Acquérir de nouveaux clients
Dans un communiqué commun publié le 30 août 2019, les deux nouveaux partenaires ont indiqué que "l’objectif (de l’opération – NDLR) est de renforcer la compétitivité du chemin de fer au cœur de la chaîne logistique des clients et de faire intervenir les différents modes de transport selon leurs atouts respectifs". Toujours selon ce même communiqué, "le rapprochement permettra à CFF Cargo d’acquérir de nouveaux clients et d’augmenter le taux de chargement de ses trains".
Comme le rapprochement ne concerne pas le commerce international, CFF Cargo International sera donc séparé de CFF Cargo au printemps 2020 et transféré directement aux CFF. Autre précision d’importance, les CFF et Swiss Combi ont ajouté que le partenariat n’entraînera aucune suppression de poste supplémentaire… que celles déjà annoncées. CFF Cargo a déjà indiqué, en effet, vouloir supprimer 330 de ses 2 200 postes d’ici à 2020 tout en ajoutant que son effectif devrait compter 800 personnes de moins d’ici à 2023.
Le Syndicat du personnel des Transports (SEV) voit d’un bon œil cette opération tout en faisant part de ses attentes vis-à-vis du nouvel actionnaire minoritaire. "Il doit apporter de nouveaux mandats de transport, se battre contre la suppression des points de desserte et la réduction progressive du trafic par trains complets, enfin, sécuriser les postes de travail sur le long terme."
"Rail ou route, la question ne se pose plus"
Notons ici que les germes de ce partenariat étaient sous-jacents si l’on en juge un entretien réunissant des dirigeants des CFF et Hans-Jörg Bertschi, dirigeant de l’entreprise éponyme au printemps 2018. Sous le titre volontiers accrocheur, "Rail ou route, la question ne se pose plus", l’entretien évoquait déjà la nécessité pour CFF Cargo de se redimensionner et d’évoluer dans son ensemble. Il était, par ailleurs, indiqué que "le rail ne convient pas à la distribution en détail, pour laquelle il est trop cher. Les camions peu polluants sont là plus adaptés, plus flexibles". Hans-Jörg Bertschi avait, pour sa part, tranché, en soulignant que "rail ou route, la question ne se pose plus vraiment. Nous devons combiner ces deux modes de transport sur les trajets courts comme longs, c’est la meilleure solution".
Le rapprochement annoncé le 30 août constitue donc la traduction de ce constat.