Téma Transport & Logistique : Quelle est, selon vous, la voie du succès pour que de nouveaux OFP apparaissent au cours des prochaines années ?
Nicolas Debaisieux : Il faut qu’ils puissent travailler en partenariat avec les transporteurs routiers d’une part et avec les entreprises ferroviaires / OFP d’autre part. Car la réussite des OFP est conditionnée au fait qu’ils s’inscrivent dans une chaîne logistique globale. Sur ce plan, le concept de Rail Route Connect lancé par Fret SNCF et des transporteurs routiers constitue un bon exemple de ce qui peut être fait en la matière.
La réussite des futurs OFP réside également dans la possibilité qui leur est donnée de disposer d’infrastructures adaptées, ceci afin de gérer les interfaces entre le rail et la route. Les collectivités locales peuvent avoir un rôle à jouer en la matière en fournissant des entrepôts logistiques embranchés. Ceux mis à disposition par la Communauté de Communes de Saint-Pourçain – Sioule – Limagne constituent un bon exemple en la matière.
TTL : L’accès aux financements est primordial pour garantir la pérennité d’exploitation des nouveaux OFP. Existe-t-il une difficulté sur ce plan ?
N.D.: Ce n’est un secret pour personne que les financeurs sont frileux pour accompagner les projets ferroviaires. Nous-mêmes au sein de Railcoop en avons fait les frais ! Les banques, pour ne citer qu’elles, sont, en effet, allergiques aux risques. Il convient donc de les rassurer en éliminant tous les points qui peuvent susciter des craintes, à commencer par le manque de visibilité sur la durée.
Certes la puissance publique a indiqué vouloir doubler la part du fret ferroviaire d’ici 2030 mais il faut que cela se traduise par un engagement de fond de sa part. D’autant que les freins que pourraient mettre la SNCF aux nouveaux entrants n’existent plus désormais. Au contraire, Fret SNCF a montré toutes ces dernières années sa volonté à concrétiser des partenariats avec les nouveaux entrants. Les financeurs doivent donc être pleinement convaincus, à présent, que le marché du fret ferroviaire est bel et bien ouvert.
Ce soutien des banques est d’autant plus nécessaire que les OFP ont un impérieux besoin de fonds de roulement pour lancer de nouvelles lignes. Comme dans l’aérien, celles-ci ont besoin de plusieurs années pour atteindre l’équilibre d’exploitation.
TTL : Le report modal en faveur du fret ferroviaire ne peut, semble-t-il, être effectif que s’il est accompagné par la mise en œuvre d’aides spécifiques. Quelle est votre opinion sur le sujet ?
N. D. : Il faut, à mon sens, revenir à des aides plus pragmatiques et mieux ciblées. L’exemple des certificats d’économie d’énergie (CEE) est, sur ce point, édifiant. Pourquoi ne pas octroyer cette aide aux opérateurs si la ligne en question ne fait pas l’objet d’un report modal ?
Il faut aussi que le choix d’une chaîne logistique qui s’appuie sur le fret ferroviaire soit plus compétitive que celle s’appuyant sur le tout routier. Cela nécessite donc la mise en place d’aides spécifiques qui pourraient aussi voir le jour dans le cadre de délégations de service public (DSP) lancées par les collectivités locales pour favoriser le report modal à l’échelle des territoires. Certains d’entre eux sont, en effet, moins bien desservis que d’autres. En résumé, et compte tenu que l’état d’esprit a changé, il y a maintenant une opportunité de créer de nouveaux OFP.