Les membres du Pacte pour une logistique métropolitaine sont unanimes : « La logistique urbaine du quotidien a fonctionné sans accroc pendant les JOP ». Leur 4e rendez-vous annuel, organisé le 26 novembre par la Métropole du Grand Paris (MGP), a tiré plusieurs enseignements de ce succès. Pour les élus, chargeurs, prestataires, représentants de l’Etat, fédérations et d’associations professionnelles, la démarche « Logistique urbaine pendant les JOP (LUJOP) » a été déterminante. Elle a permis « d’anticiper les enjeux et d’animer un dialogue de qualité entre ses 130 participants publics-privés » s’accordent-ils. Saluées également, les concertations menées par la Préfecture de Police de Paris pour dénouer les dossiers délicats, comme la distribution des produits frais au départ de Rungis ou le transit des céréales par la Seine.
Livraison en horaires décalés
En plus de la voie d’eau, deux actions sont valorisées dont les livraisons en horaires décalés. Pour soutenir cette initiative après les JOP, « des aides à l’attention des commerçants sont disponibles pour équiper leurs locaux et adapter leurs magasins », encourage Michèle-Angélique Nicol. « La lutte contre les nuisances sonores est l’une des conditions pour déployer des livraisons à horaires décalés », souligne la cheffe du pôle Espace public et Qualité de l’air de la Ville de Paris. « Renforcer la sécurité également », ajoute Vincent Fromage. « Nous avons subi quatre agressions à 4 h du matin. Sécuriser les conducteurs et les marchandises est donc un enjeu majeur pour la livraison en horaires décalés » affirme le directeur général de Chronofresh. Face à ce fléau, la filiale de Chronopost du groupe La Poste teste plusieurs solutions actuellement dont la vidéo.
Cyclo-logistique sur le podium
Selon Paul Roudau, « les flux transportés en cyclo-logistique ont augmenté de 20 % pendant les JOP ». Avec la nouvelle Zone à trafic limité (ZTL), le gérant et directeur des Cargonautes se déclare confiant sur sa croissance future dans Paris. Là encore, sa mairie propose « un soutien financier pour l’acquisition de vélo-cargo », précise Michèle-Angélique Nicol. Zéro émission, la cyclo-logistique s’intègre aussi à des schémas de logistique urbaine sans foncier. En témoigne le cross-dock déployé par Heppner entre un porteur ou un gros utilitaire, équipé d’un hayon, et un vélo-cargo pour livrer les zones rouges des Jeux. « Ce transbordement réalisé sur des aires de livraison concerne des colis et des palettes. Au départ de notre agence de La Courneuve, nous l’avons pérennisé pour livrer le centre de Paris », confie Christophe Schmitt, directeur des relations institutionnelles chez Heppner. Les 50 nouvelles aires de livraison créées lors des JOP puis pérennisées par la ville de Paris offrent de nouvelles perspectives à ce schéma. Chez Chronofresh, on réfléchit aussi à « des points de massification temporaires et flexibles, revus selon la demande », partage Vincent Fromage.
Moins commentée malgré son impact significatif, la demande en transport semble avoir baissé pendant les Jeux. Pour Christophe Schmitt, « nos clients ont fait davantage de stocks et réduit la fréquence de leur livraison ». A l’exception de la cyclo-logistique, les transporteurs et logisticiens constatent une activité stable voire en légère baisse à Paris et en Ile-de-France cet été.
Héritage numérique
De l’aveu de Maxime Sassi, conseiller JOP à la Préfecture de Police de Paris, « la communication et les outils numériques déployés ont permis d’unifier les périmètres, d’harmoniser les règles et de les rendre lisibles ». La plateforme JOPTIMIZ avec sa carte interactive (Visualiz), son calculateur d’itinéraires (Itineriz), la demande de QR Codes et de disques numériques pour accéder aux zones réglementées, fait partie de l’héritage digital des Jeux. Les quatre outils seront consolidés en un seul. Cette nouvelle solution servira notamment à délivrer les dérogations pour la nouvelle ZTL à Paris dévoile Anaïs Mounereau, cheffe de projet Logistic Low Carbon. Quant à la plateforme DiaLog, servant à numériser et partager les arrêtés municipaux de circulation et de stationnement, « elle est aujourd’hui compatible avec tous les outils de navigation tels que Waze, TomTom, Google Maps… » assure Xavier-Yves Valere, chef de mission Fret et Logistique au sein de la Direction Générale des Infrastructures et des Mobilités (DGITM). Un héritage stratégique selon Patrick Ollier, président de la MGP qui rassemble 131 communes : « L’un des défis de la logistique urbaine, qui a besoin d’une intelligence collective publique-privée pour avancer, est l’harmonisation des règlementations municipales ».