C’était la grand-messe annuelle des actionnaires et employés de Walmart, au début du mois de juin à Fayetteville, dans l’État de l’Arkansas, là où tout a commencé pour la plus grande chaîne d’hypermarchés américaine. Doug Mc Millon, le directeur général, s’époumone au micro : "Nous devons à nouveau réinventer le commerce et c’est ce que nous allons faire. C’est bien réel, nous le sentons venir".
Le géant (478,6 milliards de dollars de chiffre d’affaires) a longtemps dominé le paysage commercial grâce à sa stratégie des petits prix, tous les jours. Mais la formule a vieilli. Les concurrents Aldi, et surtout le roi de l’e-commerce, Amazon, taillent des croupières à Walmart.
Les petits génies de la Silicon Valley à la rescousse
Le groupe fondé par Sam Walton, en pleine campagne dans l’Arkansas, n’avance pas assez vite sur Internet. Ses ventes en e-commerce, au dernier trimestre, ont progressé seulement de 7 %. Doug Mc Millon appelle donc les petits génies de la Silicon Valley à la rescousse pour insuffler de nouvelles technologies dans le groupe. Deux milliards de dollars y seront consacrés sur 2 ans.
La veille de cette fameuse réunion à Fayetteville, Shekar Natarjan, le responsable de la science émergente chez Walmart, a montré à un petit groupe d’invités ce que les drones pouvaient réaliser dans un entrepôt de la compagnie de 108 000 m2 : un rapide inventaire en 24 heures.
Un usage limité à l'intérieur de l'entrepôt
La direction de WalMart s’intéresse depuis plusieurs mois aux drones. Elle a déposé une demande d’utilisation devant la FAA (Federal Aviation Administration) en octobre 2015. À l’époque, WalMart voulait utiliser ses drones pour de multiples usages en entrepôt, et à l’extérieur afin de faire des livraisons. Mais aujourd’hui, Shekar Natarjan préfère rester à l’intérieur de l’entrepôt.
"On ne sait pas encore quelle réglementation les pouvoirs publics vont mettre en place, explique Satish Jindel, président de ShipMatrix, un développeur de logiciels pour l’industrie des transports. En plus ces drones ont des capacités limitées. Ils emmènent des paquets d’un maximum de 2,3 kg sur 80 km. Il faut les recharger souvent et ils circulent mieux en campagne qu’en ville." Conclusion de Satish Jindel : "C’est peut-être l’avenir, mais ce n’est pas pour cette année, ni l’année suivante".
Plus besoin du feu vert de la FAA
Prudemment, les stratèges de WalMart sont restés à l’intérieur de l’entrepôt. La FAA n’y voit rien à redire. Et les recharges du drone sont sur place. Mais l’usage, du coup, se limite à l’inspection des produits dans l’entrepôt. Shekar Natarjan a piloté un drone de 90 x 90 cm, de haut en bas, dans les allées du site.
La caméra, liée à la tour de contrôle, réalise 30 images par secondes, ce qui permet de repérer les produits mal placés et les espaces vides à remplir. Lorsque tout va bien, un signal vert est envoyé à l’ordinateur de la tour de contrôle, l’espace vide est bleu, l’article égaré rouge. Un employé sera alors dépêché pour rectifier les erreurs.
Le travail de 2 employés pendant un mois… en 24 heures
Shekar Natarjan l’assure, les vérifications réalisées par le drone en 24 heures nécessiteraient le travail de 2 employés pendant un mois… sans la fameuse technologie.
La direction de Walmart va donc dans un premier temps poursuivre ses expériences avec les drones et si tout va bien, d’autres entrepôts pourraient être équipés dans les 6 à 9 mois. Avantage pour Walmart : une économie de personnels, un gain en productivité. Mais Satish Jindel reste sceptique. "Est-ce qu’ils ont perdu la tête ? demande-t-il. Cela n’a aucun sens."