Pollution : Tallano teste des aspirateurs pour particules émises lors du freinage

Christophe Rocca Serra, dirigeant de Tallano Technologie présente un filtre avant et après utilisation.

Crédit photo G. H.
La société Tallano Technologies a développé la solution Tamic, qui aspire à 85 % les particules émises par les plaquettes de frein. Prête à l’échelle industrielle en 2022, elle sera peut être indispensable en 2025 avec la future norme Euro 7. Celle-ci pourrait imposer la régulation des émissions lors du freinage.

Même électriques, les camions, trains ou voitures qui ne recourent pas à des moteurs thermiques continuent d’émettre des particules ultrafines dangereuses pour la santé. L’origine de cette pollution provient du freinage, avec le frottement des pneus sur le bitume et l’abrasion des plaquettes de frein. À chaque coup de pédale, les véhicules émettent des particules ultra-fines de l’ordre de 10 nm (la taille d’un virus), capables de pénétrer profondément dans l'organisme. “Une petite voiture thermique Euro 6 émet 4,5 g de particule polluante par heure à l’échappement, contre 30 g au freinage. Ainsi les voitures électriques ne permettent de régler qu’un tiers du problème et encore !”, indique Christophe Rocca-Serra, dirigeant de Tallano Technologie. Sa société, créée à Boulogne-Billancourt en 2012, développe une solution qui s’attache à réduire la pollution issue des plaquette de frein.

Seule contrainte, le changement des filtres

Le procédé, appelé Tamic, aspire les particules des plaquettes en continu lors du freinage. L’aspiration s’effectue par le biais de rainures disposées à l’intérieur de chacune des garnitures (plaquettes). Ce système peut s’adapter à tout type de véhicule en se greffant sur des systèmes d'étriers fixes ou flottants. Seule contrainte : le changement régulier du filtre, qui peut être effectué en même temps que les plaquettes. L’ensemble pèse moins d’un kilo pour la version voiture et, s’il est toujours possible de l’installer en retrofit, Tallano Technologie compte surtout le proposer en première monte aux constructeurs.

La solution Tamic a été testée pendant un an sur une Renault Zoé appartenant à la Mairie de Paris en 2018. “Les tests sur la Renault Zoé ont prouvé que notre solution permet de capter 85 % des particules fines et ultrafines émises par les plaquettes lors du freinage, avec un taux de 90 % en ville”, se félicite Christophe Rocca-Serra. Une nouvelle expérimentation va se dérouler cet hiver avec la SNCF qui testera la solution en Île-de-France sur deux wagons de train circulant sur le RER C. “Nous avons volontairement choisi le véhicule le plus léger et le plus lourd, nous pouvons donc sans problème adapter notre solution aux camions”, précise Christophe Rocca-Serra.

Bientôt exigé par la norme Euro 7 ?

Pour l’heure, la solution Tamic n’est encore qu’en phase de prototype et Tallano Technologie sait qu’il lui faudra encore 3 à 5 ans pour passer à une production de série, en signant par exemple des accords avec des équipementiers. “Le coût d’équipement pour une voiture serait d’environ 80 à 100 € pour les 4 roues. Il faudra compter plus pour un camion ou un bus, avec l’idée de rester dans une logique d’accessibilité. En revanche, le prix pour une solution ferroviaire sera beaucoup plus lourd car la puissance de freinage et la masse n’ont plus rien à voir”, avance ce dirigeant.

La mise sur le marché serait donc programmée vers 2022-2024, soit quelques années avant l’introduction des futures norme Euro 7, prévue à l’horizon 2025. Une coïncidence qui n’est pas due au hasard. Si les normes d'émissions précédentes se concentraient sur l'échappement, la prochaine étape pourrait bien concerner les particules émises lors du freinage. L’innovation de Tallano Technologie pourrait dès lors devenir indispensable.
 

Les solutions alternatives

D’autres sociétés se sont positionnées sur le créneau de la dépollution par aspiration, c’est le cas de l’allemand Mann+Hummel qui présente une solution similaire pour VL, bus, camion et train depuis 2017. La société française Telma préconise pour sa part une solution de freinage par induction électromagnétique. Ce système de freinage sans frottement, adapté aux véhicules lourds, offre une réduction des émissions de 85 %, en plus d’une baisse d’usure équivalente des disques et plaquettes.

Enfin, l’équipementier de rang mondial Bosch propose une solution alternative par le biais de sa filiale Buderus Guss. Cette dernière a en effet démarré fin 2017 la production de l'iDisc, un nouveau disque de frein avec un revêtement en carbure de tungstène, qui génère jusqu'à 90 % de poussière de freinage de moins qu'un disque classique. Reste la pollution émise par l’usure des freins eux-mêmes. Michelin travaille par exemple sur un revêtement de pneu biodégradable.

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