150 000 Albanais vivent au Royaume-Uni. Nombre d’entre eux seraient prêts à prendre le volant pour aider le pays à sortir de l’ornière, explique l’ambassadeur Qirjako Qirko, dans une interview avec le quotidien The Guardian. "Le gouvernement britannique, s’il le souhaite, peut immédiatement compter sur l’engagement de 5 000 conducteurs de poids lourds albanais, insiste l’ambassadeur d'Albanie, qui vient d’attendre plus d’une heure pour faire le plein d’essence à la pompe. Ils seraient prêts à travailler même sans salaire, pour manifester leur reconnaissance envers le pays." La Grande-Bretagne s’était engagée sous la bannière de l’ONU au Kosovo en 1999, s’attirant ainsi un grand capital de sympathie auprès des populations albanaises.
La Grande-Bretagne est confrontée à une grave pénurie en conducteurs, liée à la pandémie et au Brexit. De nombreux conducteurs étrangers ont quitté le pays dans le sillage de la crise sanitaire, inquiets de ne plus pouvoir rentrer chez eux du fait des restrictions frontalières. Nombre d’entre eux ne sont pas revenus après l’ouverture des frontières, dissuadés par la nouvelle politique migratoire mise en place par le gouvernement Johnson depuis la sortie de l’Union européenne.
Redorer le blason d'une communauté discriminée
Les Albanais constituent le plus gros groupe parmi les clandestins vivant au Royaume-Uni. En 2017, ils étaient deux fois plus nombreux à être interpellés comme passagers clandestins à bord de navires débarquant dans le royaume que toutes les autres nationalités confondues.
L’ambassade, avec son appel à recruter les conducteurs de poids lourds albanais, espère ainsi redorer le blason de cette communauté souvent discriminée, alors que Londres vient de signer un accord avec Tirana (capitale albanaise) pour l’expulsion des clandestins interpellés par la police britannique. "Les Albanais ne sont pas des criminels. Ce sont des gens qui espèrent trouver en Grande-Bretagne une vie meilleure", insiste le diplomate. Ce pays est un des pays les plus pauvres d’Europe, qui espère entrer un jour dans l’Union européenne. En 2019, la France avait bloqué l’ouverture de négociations en ce sens.