Le 8 mai dernier, l’Allemagne a inauguré un tronçon de 10 km d'autoroute électrique (5 km dans chaque sens) destiné aux poids lourds sur l'autoroute A5 dans le Land de Hesse près de Francfort, un itinéraire très fréquenté par les camions de marchandises. La voie de droite a été recouverte de câbles électriques aériens sur lesquels des camions Scania hybrides, dûment équipés de pantographes, peuvent s’alimenter en roulant. Cette voie, appelée eHighway, sera testée jusqu'à la fin 2022 par 5 entreprises de transport en collaboration avec Siemens, Scania et Volkswagen dans le cadre du projet “Elisa” (ELektrifizierter, Innovativer, Schwerverkehr auf Autobahnen). Il s’agit d’un programme financé par le ministère de l'Environnement et doté de près de 50 millions d'euros, dont près de 15 millions pour la seule section sur l'A5. Deux autres pistes d'essai doivent être construites dans le Schleswig-Holstein et le Bade-Wurtemberg.
D’autres expérimentations en cours ou à venir
Les camions hybrides disposent d’un moteur Diesel complété par un moteur électrique. Quand ils arrivent sur le tronçon électrifié, le toit du camion s’ouvre, automatiquement ou manuellement, et des pantographes articulés se connectent aux caténaires. Ainsi, les véhicules roulent à l'aide de leur moteur électrique et chargent en même temps leur batterie. Afin de ne pas ralentir le trafic, le système est prévu pour se déclencher lorsque les camions roulent à 90 km/h. Dès que la ligne aérienne se termine, ou que le camion effectue une manœuvre de dépassement et quitte la ligne, la batterie va prendre le relais “avec la plus grande portée possible”, indiquent les partenaires du projet sans préciser l’autonomie générée.
En plus de ce chantier, d’autres expérimentations similaires ont déjà été menées par Siemens, d’abord en Suède en 2016 sur 2 km de l’autoroute E16 au nord de Stockholm, puis en 2017 aux États-Unis sur 1 mile dans les ports de Los Angeles et de Long Beach. D’autres pays se montrent également intéressés, à l’instar de l’Inde ou de l’Italie, avec laquelle Siemens est en pourparlers.
Infrastructure de recharge
Mais plutôt que de recréer des lignes de tramway sur autoroutes, il peut sembler plus simple de disposer des points de ravitaillement en recharge électrique rapide le long des principales voies de communication. Ainsi, aux États-Unis, les États de Washington et l’Oregon ont décidé de rejoindre la Californie, déjà impliquée de longue date dans l’électrification des transports. Les trois États vont travailler sur le développement d'une infrastructure de recharge électrique optimale le long des 1 300 miles de l'Interstate 5, qui relie le Mexique au Canada. Cette initiative, baptisée West Coast Clean Transit Corridor Initiative, compte déterminer les meilleurs emplacements possibles, et les puissances nécessaires pour ravitailler une flotte de camions électriques de gros tonnages, avec des puissances de recharge de 250 kilowatts jusqu'à 1 mégawatt.
Pas moins de neuf compagnies d’électricité et deux organismes, représentant deux douzaines de services municipaux de la région, sont impliqués dans ce projet. L’I-5 est considérée comme la colonne vertébrale de l'industrie du transport des marchandises pour les trois États et aussi comme la principale source de pollution atmosphérique et d’émission de gaz à effet de serre.