Le géant du e-commerce Amazon a indiqué le 19 septembre, par la voix de son Pdg Jeff Bezos, qu’il avait passé commande de 100 000 fourgonnettes de livraison électriques auprès de la start-up Rivian Automotive, qui n’a pas encore sorti un seul véhicule.
Il s’agit de la plus importante commande de véhicules de livraison électriques à ce jour. "Nous aurons des prototypes sur la route dès l’année prochaine, mais les 100 000 seront déployés d’ici 2024", a déclaré Jeff Bezos lors d’une conférence au National Press Club de Washington, DC.
Une énergie d’origine 100 % renouvelable en 2030
Cette commande s’inscrit dans le cadre de la stratégie d’Amazon destinée à convertir l’intégralité de sa flotte de livraison aux énergies renouvelable d’ici 2030, contre 40 % actuellement. Rivian a indiqué que cette méga-commande n’affecterait pas ses autres projets de production.
Ses premiers modèles, un SUV et un pick-up électriques, sont attendus pour la fin 2020."Les premiers véhicules pour Amazon sortiront en 2021 et d’ici la fin 2022, 10 000 premiers exemplaires auront été mis en circulation", a déclaré Amy Mast, la porte-parole de Rivian.
Timing très agressif
En février dernier, Amazon avait piloté une levée de fonds de 620 millions d'euro destinée à Rivian, complétée deux mois plus tard par un apport de 455 millions d’euros de la part de Ford. Sur la seule année 2019, Rivian a levé autour de 1,4 milliard d’euros pour une valorisation estimée à 4 milliards.
Pour Amazon, le pari est tout de même osé, puisque cette commande suppose une réactivité forte de la part de Rivian. "Le timing est très agressif pour mettre en place un nouveau véhicule sur une nouvelle plate-forme. Mais ils doivent avoir confiance", souligne ainsi Marc Fields, ancien patron de Ford.
Amazon devra également gérer d’éventuels problème d’infrastructures et de réseau pour gérer la recharge d’une flotte de 100 000 vans électriques – qui représente à elle-seule près de 2 % du marché total des véhicules légers aux États-Unis. Il s’agira de parer à toute surchauffe lorsqu’il s’agira d’assurer des recharges rapides pour les 400 centres de distribution américains.
Quand les employés deviennent livreurs
Cette stratégie, même risquée, va toutefois aider Amazon à s’affranchir un peu plus de la tutelle des entreprises de transport. Selon les estimations de la société d’études Rakuten Intelligence,
Amazon livre désormais près de la moitié de ses commandes sur le sol américain, contre moins de 15 % en 2017. La firme de Jeff Bezos est actuellement en train de construire sa propre chaîne logistique, des entrepôts de stockage aux camions de livraison, en passant par les avions et les bateaux En mai 2019, l’entreprise a par exemple mis en place son programme "Delivery Service Partner", une initiative destinée à aider ses employés à créer leur propre micro-société de transport.
Amazon est prête à leur fournir des camions à un tarif préférentiel - qui seront probablement des camions Rivian dans quelques années -, ainsi que des avantages financiers et la garantie d’un volume d’affaires "conséquent". En échange, le groupe est sûr de pouvoir disposer d’une flotte de prestataires indépendants, nettement plus malléables que les cadors du marché.
