À l’heure des élections européennes et législatives, le vœu de TLF est « une meilleure implication des pouvoirs publics et des collectivités locales dans le soutien au secteur du transport et de la logistique ». Pour Eric Hémar, qui entame sa sixième et dernière année à la présidence de l’Union professionnelle, « les élus doivent s’engager davantage dans la formation et l’éducation de l’opinion publique sur ses enjeux majeurs ». Evoquant les aides publiques versées au « train des primeurs » Perpignan-Rungis, ou l’opposition de la France à l’issue du vote du Parlement européen en faveur des « mégacamions », Eric Hémar critique « la facilité et la démagogie du monde politique ». Aussi, le président de TLF appelle-t-il la France à défendre « des règles européennes uniformes pour tous les acteurs et à mettre en œuvre une stratégie à long terme dans laquelle nos entreprises peuvent s’inscrire ».
Transition énergétique
Les thèmes de cette stratégie ont été abordés lors d’une table ronde consacrée au transport routier de marchandises. La transition énergétique et la décarbonation arrivent en tête. « Quelle que soit la taille des entreprises, ce n’est pas une option » prévient Julie Lee Quil, présidente des transports éponymes. Du premier au dernier kilomètre aussi confirme Wilfrid Mautray. Le dirigeant de Trans-Vienne et du groupe Of Course a dénoncé, notamment, le manque de visibilité et d’échanges avec les collectivités en matière de logistique urbaine durable. « Le vélo, passé la quarantaine, n’est pas si simple à déployer », souligne-t-il. Pour Jean-Thomas Schmitt, P-dg du groupe Heppner, la transition énergétique suppose de réunir plusieurs actions dont « des investissements élevés ainsi qu’un accompagnement financier des sous-traitants et tarifaire des clients ».
Donner du sens
Parmi les conditions à rassembler pour décarboner la route, Carole Dupessey insiste également « sur l’implication et la sensibilisation des personnels ainsi que des chargeurs. Le défi humain » est présenté par la présidente du groupe Dupessey comme le principal facteur pour relever les enjeux de la profession. Dans le dernier kilomètre par exemple, « de nouvelles formations dédiées sont nécessaires couvrant la sécurité, la prévention des accidents et la gestion des risques », abonde Wilfrid Mautray. Plus globalement, ces actions participent « au bien-être des salariés et contribuent à donner du sens à notre profession », ajoute Julie Lee Quil. Là encore, il ne s’agit pas d’une option aux yeux de la cheffe d’entreprise : « C’est l’image de la filière qui est en jeu et sa modernité. Nos équipes veulent travailler dans des entreprises engagées et modernes ». Un avis partagé par Carole Dupessey, l’enjeu « est de le faire savoir, de faire connaître la diversité de nos métiers et montrer que nos entreprises ont avancé sur les questions environnementales et sociétales ». Au-delà du seul métier de conducteur, « l’attractivité de nos entreprises vise à attirer de nouvelles compétences en systèmes d’information, activités support, transition environnementale etc. et à les garder », relève Jean-Thomas Schmitt.
Choc de simplification
Croisant l’intervention d’Eric Hémar, les entreprises présentes au débat se sont prononcées pour des simplifications réglementaires. Les sujets cités sont nombreux. Ils concernent notamment les traversées transfrontalières à 44 tonnes, les suites données aux ZFE (Zone à faibles émissions) ou encore la crise foncière née avec les règles ZAN (Zéro Artificialisation Nette). Les déclarations extra-financières issues de la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) sont également dénoncées au regard de leurs « 1 250 indicateurs à renseigner et de leur coût. La première année, la déclaration CSRD nous coûtera 500 000 € puis 400 000 € par an », affirme Jean-Thomas Schmitt.