« L'écosystème hydrogène dans les vallées de montagne est encore balbutiant mais des projets apparaissent »

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CARA (cluster d’Auvergne-Rhône-Alpes mobilités et transport) a participé à un événement sur l’utilisation de l’hydrogène en montagne fin juin à Évian-les-Bains. L’occasion de faire le point sur le développement de cette énergie en milieu montagnard avec Thomas Cremoux, chargé de mission décarbonation et mobilités à CARA.

Quelles sont les spécificités du milieu de montagne à prendre en compte pour le développement d'énergies alternatives ?

Une zone de montagne se découpe naturellement en vallées. Une vallée accueille ainsi une multiplicité d’acteurs (publics, tourisme, industriels, mobilités, fournisseurs de solutions) et d’usages (domaines skiables, lieux de vie, altitude, énergie locale, souhait d'une diminution de la pollution dans cet environnement confiné entre les hauteurs). L'électricité pourrait tout à fait répondre à une majorité de ces multiplicités mais son usage peut s'avérer peu adapté dans certains cas. L’hydrogène présente plusieurs avantages : soit en stockage à moyen terme, soit en utilisation (dameuse, benne à ordure, autocar...), soit en tant que matière première pour le raffinage du pétrole ou la production d'engrais. Pour simplifier, des câbles électriques suffisent pour produire localement et en continu cette matière à usages multiples. Sur la question des mobilités, la montagne est un milieu exigeant : les véhicules doivent naviguer, été comme hiver, entre vallées et sommets. Ils doivent donc avoir de la puissance et de l'autonomie malgré les différences de pression et de température. La technologie batterie ne le permet pas toujours. Il y a aussi le bioGNV qui peut être produit et utilisé localement mais ne bénéficie pas de la même popularité que l'hydrogène.

Où en est le développement de l'hydrogène en montagne ?

L'écosystème dans les vallées est encore balbutiant. Quelques projets apparaissent, à Ugine (Savoie) par exemple avec l'aciérie Ugitech qui va consommer 12 tonnes d'hydrogène par jour pour remplacer le gaz dans ses fours. La SATA (Société d’Aménagement Touristique de l’Alpe d’Huez) souhaite aussi décarboner ses activités via l'utilisation de dameuse à hydrogène mais il s’agit d’un nouveau véhicule qu'il faut encore développer et expérimenter. D'autres projets sont en cours. Cela parait peu, mais la filière hydrogène est relativement jeune, le réel intérêt pour cette énergie date de la Covid. Construire des écosystèmes territoriaux prend du temps car il faut former les collectivités, que la technologie soit suffisamment mature pour être fiable et abordable, étudier la faisabilité et le potentiel de consommation, réunir les acteurs, construire le projet d'écosystème et obtenir le financement. Réunir les acteurs pour construire le projet est très important et c’est une mission portée par les collectivités, les clusters et les pôles de compétitivité. Les pôles de compétitivité ont un rôle essentiel de fédération et d'animation pour informer les collectivités, mettre en relation acteurs publics et privés, et accompagner sur le financement des projets.

Qu'est-ce qu'il est ressorti des échanges et groupes de travail sur le développement de l’hydrogène en montagne ?

La Communauté de Communes du Pays d'Evian Vallée d'Abondance (CCPEVA), un territoire à la géographie complexe situé en zone de montagne mais séparé de la Suisse par le plus grand lac d'Europe, a initié la démarche sur son territoire en faisant réaliser une étude de potentiel. Les résultats de cette étude montrent que l'hydrogène produit à partir d'électrolyse est une meilleure solution que le biogaz et la biomasse pour la transition énergétique du territoire. Quelques faiblesses et menaces sont néanmoins identifiés : ressource limitée en énergies renouvelables, usages saisonniers et excentrés, territoire éloigné des grands axes, potentiel de consommation limité, risque de non prise en compte de la CCPEVA dans les projets voisins, surcoût lié à la taille relativement petite de l'écosystème… La journée s'est terminée sur un groupe de travail qui avait pour objectif d'étudier plus précisément comment l'écosystème pourrait être mis en place et qui il faudrait impliquer.

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