Pour le constructeur suédois Scania, l’avenir de la mobilité lourde décarbonée sera avant tout électrique. C’est en substance ce qui ressort des interventions de la direction du groupe en marge de l’inauguration de l’usine d’assemblage de batteries à Södertelgue (ou Södertälje) en Suède (voir encadré). Illustrant cette volonté de privilégier l’électrique, le groupe a confirmé cet engagement au travers d’un plan d’investissement de 20 à 30 milliards de couronnes suédoises (1,68 à 2,52 Mds€) pour parvenir à cette transformation. Et ce, « pour être au premier plan de l’innovation, indique Christian Levin, PDG de Scania. L’idée étant de proposer des véhicules optimisés en matière de performance, mais avec “des interfaces modulaires” afin d’être compétitifs sur le marché. »
Ce choix stratégique pour les véhicules électriques à batterie (BEV) de Scania est avant tout une question de rendement énergétique, comme l’explique Magnus Mackaldener, vice-président de l’activité développement de l’activité électrification du constructeur : « Avec les BEV, 75 % de l’énergie produite est transmise à la roue, tandis que le rendement n’est que de 25 % avec la pile à combustible ». « De plus, la disponibilité en hydrogène vert pourrait être la source de tensions, étant la seule alternative de décarbonation comme dans l’aciérie », indique Fredrik Allard, responsable commercial de l’activité électrification chez Scania.
Si le groupe suédois a opté pour la motorisation, il veut aller plus loin en proposant des poids lourds premium, dont les batteries ont une durée de vie équivalente à la durée d’exploitation de véhicule (soit l’équivalent de 1,5 million de kilomètres). En outre, ces batteries pourraient être les plus durables possible, avec une fabrication bas carbone et la possibilité d’une seconde vie. « Nous essayons de faire en sorte que les batteries en fin d’utilisation pour la mobilité lourde puissent servir sous forme d’éléments recyclés destinés à d’autres véhicules ou dans le cadre d’usage nécessitant moins de puissance, comme les bornes de recharge », indique Fredrik Allard. Dans ce cadre, les développements sur l’électrique vont représenter 50 % de ses dépenses en R&D.
À cela s’ajoutent des investissements sur plusieurs plans : la nouvelle usine de production de batteries, un laboratoire dédié, la ligne de fabrication de châssis de camions électriques et des stations de recharge publiques. Avec son engagement sur l’électrique, Scania s’est fixé des objectifs ambitieux de commercialisation de poids lourds : à l’horizon 2030, le but est que 50 % de ses ventes proviennent de véhicules électriques, et 100 % d’ici à 2040. Pour aider à l’acquisition de camions électriques – dont le coût est actuellement 2,5 fois plus élevé qu’un modèle diesel –, le constructeur va proposer des services financiers et de leasing de ses véhicules.