La formation au nom des exigences

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Crédit photo Benoit Barbedette
Les Transports Veynat (33) vont ouvrir une école de formation en 2016 sur leur site de Tresses, près de Bordeaux. Le développement de la formation répondra aux spécificités du transport des aliments liquides (lait, vin, chocolat…) et à renforcer les positions de Veynat, dans un univers où les règles sanitaires et d’hygiène ne laissent place à aucun oubli.

Les Transports Veynat, spécialisés dans le transport de produits liquides alimentaires, ont décidé d’ouvrir une école de formation en 2016 sur leur site de Tresses (33). Le bâtiment sera livré en mars et devra accueillir la première promotion des personnels roulants et sédentaires. « Dans notre métier spécifique en termes d’hygiène, qui touche aux transports des aliments, il n’y a pas de formation adéquate. C’est un manque à combler, note Pierre-Olivier Veynat, à la tête des Transports Veynat (800 salariés), avec son père Jacques, président du conseil de surveillance. Cette formation, qui va dans le sens de la demande de nos clients, sera qualifiante et je souhaiterais qu’elle devienne plus tard diplômante ». Le programme pédagogique est en cours de réalisation, à valider par la préfecture de Gironde. « Nous avons besoin de conducteurs et d’exploitants formés aux exigences de notre filière, ce qui sera bénéfique pour leur intégration. La compétence de notre personnel de conduite, d’exploitation et des services techniques nous permet de fiabiliser notre prestation, avec des matériels adaptés aux différents liquides alimentaires à charger : denrées alimentaires stables et non stables, en liaison chaude ou froide, alcool de bouche… », indique Pierre-Olivier Veynat, dont l’entreprise compte 11 sites en France et trois sites en Espagne, au Portugal et en Belgique. Lequel est également actif sur l’intégration de l’activité citerne des Transports Voiron (16), rachetée au 1er février 2016 (L’OT 2818). L’acquisition, visant une dizaine de salariés, un entrepôt et une station de lavage à Jarnac, fait suite celle des Transports Dallet (79), en avril 2015, ayant intégré près de 50 conducteurs et un savoir-faire historique avec les industriels laitiers. « Nous sommes proches de nos clients et les accompagnons dans leur développement logistique. Cela veut dire être forces de proposition pour leur permettre de garder et développer leur part de marché », précise Michel Parsat, directeur d’exploitation. Veynat a fait partie des premiers signataires de la Charte CO2 en 2010, avec une réduction de laconsommation moyenne globale de 34,5 à 32 litres en moyenne, pour un parc de tracteurs de 460 et 500 ch.

Normes ISO 22000 depuis 2007

Créés en 1874, les Transports Veynat n’ont jamais dévié de leur métier d’origine : le transport de liquides alimentaires, à destination des industriels de l’agro-industrie et de la pharmacie, nationaux et internationaux. Même si une petite activité de groupage palettes a été initiée (2 % du chiffre d’affaires), le « core business » de l’entreprise bordelaise bat toujours au rythme des récoltes, productions et consommations de boissons, alcoolisées ou non. « Notre engagement quotidien en sécurité alimentaire est une garantie pour les clients. Nous transportons leurs denrées alimentaires dans des conditions optimum de sécurité, via nos procédures de sûreté des biens, des marchandises et de protection des données », rappelle le dirigeant. Le choix de faire appel à la norme ISO 22000(1), depuis 2007, entre dans cette logique de sécurité alimentaire. Avec l’aide de l’organisme certificateur SGS (94), l’analyse des risques a été poussée, ainsi que la mise en place de process formalisés à l’image du secteur industriel. « Nous l’avons fait dans l’intérêt de nos clients et aussi dans celui de nos équipes internes. C’est important d’impliquer toutes les salariés et tous les étages de l’entreprise dans un projet aussi structurant en termes d’organisation et de contrôles », rappelle Pierre-Olivier Veynat. Dans le même esprit, l’entreprise est passée au crible d’autres audits pour obtenir le statut d’OEA (opérateur économique agréé) en septembre 2015, l’agrément du Cemafroid (pour le re-calorifugeage des citernes) et l’attestation Ecocert (utile pour les produits issus de l’agriculture biologique). « Nous alternons les produits dans nos citernes. Donc nous devons prouver les moyens mis en œuvre et démontrer la qualité de nos process, reconnaît Pierre-Olivier Veynat. Pour apporter de la fiabilité et de la traçabilité à notre prestation, nous avons développé notre propre outil informatique. Ainsi on communique mieux avec nos clients sur les produits transportés, les opérations de lavage, de chargement et de déchargement… Nous partageons ces données avec eux lors de réunions périodiques et d’audits, utiles tous les mois pour établir nos KPI ».

60 000 lavages par an

Les investissements matériels et le formalisme des contrôles sont à la hauteur des enjeux sanitaires. Les citernes de Veynat et les conteneurs (le multimodal représente 2 % des flux) subissent près de 60 000 lavages par an (dont 8 000 à 10 000 réalisés en interne). « 80 % à 90 % de ces lavages passent par une centaine de stations en Europe, que nous auditons régulièrement, à distance par questionnaire puis physiquement sur site. C’est une étape clé pour notre réseau », souligne Philippe Miguel, responsable Qualité depuis 2007. Le postulat justifie que Veynat a ouvert une nouvelle station de lavage, à Heudebouville (27), sortie de terre en janvier 2015, 100 % dédiée à cette activité. Appelée Normandie Lavage Alimentaire (NLA), elle a nécessité un investissement de 1,5 M€, de type haut de gamme (eau adoucie, générateur de vapeur, têtes rotatives haute pression, séchage air filtré, contrôles libératoires…), dotée de l’indispensable centre de traitement des effluents. « Le lavage exige des moyens et des procédures sans faille. Le formalisme, en termes de contrôles et de suivi, est important », souligne Philippe Miguel. Le passage obligé en station (chaque lavage dure en moyenne entre 30 mn et une heure) a nécessité en parallèle un développement informatique qui permet à l’exploitation de prendre les rendez-vous à l’avance et de gérer le planning des conducteurs au plus juste. Dans cette filière où le soupçon est interdit, le hasard n’a pas sa place. « Le lavage, c’est stratégique pour nous », admet M. Veynat. La surveillance du process passe par de nombreux contrôles parmi lesquels des contrôles du pH de l’eau, des analyses d’ATPmétrie, des analyses microbiologiques, des tests de détection d’allergène… Le lavage requiert un matériel et une procédure sans défaut. Philippe Miguel en explique les principes : « Après chaque lavage, la citerne est « plombée », avec des « plombs » numérotés posés sur les accès produits (capots, vannes et coffre). Les numéros sont indiqués sur le document de transport. Si au déchargement, un plomb devait manquer à l’appel ou se montrer abîmé, la marchandise serait refusée. Le risque économique est donc évident. Ce n’est pas pour rien que le groupe Veynat accorde une attention toute particulière à ce poste de dépenses. C’est un budget externe de plus de 5 M€ par an ». Dans le prix de revient, le poste lavages n’est donc pas neutre. « Et cela, sans compter les temps d’attente des conducteurs et les déplacements à vide », précise Pierre-Olivier Veynat. Ce coût ne comprend pas, non plus, la destruction après livraison des résidus issus des lavages, facturée à Veynat (entre 5 et 40 € par lavage). Un coût qui reste en travers de la gorge du dirigeant. « Nous n’avons pas à payer pour le traitement de ces déchets car le produit résiduel ne nous appartient pas. Nos clients nous ont indéniablement fait avancer. Nous avons compris et intégré leurs contraintes qualitatives et les exigences de leurs propres clients. Mais cela génère un coût d’exploitation que je souhaiterais voir mieux pris en compte par les acheteurs lors de nos négociations. La qualité a un prix ».

Repères

• Chiffre d’affaires : 70,1 M€

• Résultat d’exploitation : 1,18 M€

• Résultat net : 986 k€

• Effectif : 800 salariés

• Parc : 620 citernes liquides alimentaires, 10 citernes « pulvé » et 70 conteneurs liquides alimentaires.

(1) La famille ISO 22000 traite du management de la sécurité des denrées alimentaires. Elle est en cours de révision, avec une version attendue en 2017.

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