Le groupe Mauffrey fête ses 60 ans cette année, quel regard portez-vous sur le chemin parcouru ?
Un anniversaire est effectivement l’occasion de jeter un œil dans le rétroviseur et de se projeter sur l’avenir. Sur les 25 dernières années, le groupe a connu une évolution assez conséquente, en passant d'une petite dizaine de sites à 50 filiales et plus de 4500 collaborateurs. Le développement s’est fait de manière régulière, importante, avec des opérations de croissance interne et externe. Pour célébrer cet anniversaire, nous organisons des célébrations avec nos collaborateurs et leurs familles et je trouve qu’il y a un très bon état d’esprit de la part de tous les participants. C’est globalement très positif.
Quels sont les principaux enjeux à venir pour le groupe ?
Le premier enjeu pour nous, comme pour le secteur, c’est au niveau RH. À Mauffrey comme ailleurs, la pyramide des âges n’est pas favorable. Il faut trouver des conducteurs, les recruter, les fidéliser. Pour ce faire, nous avons mis en place Mauffrey Académy. Sur la première année de fonctionnement, nous avons formé 180 conducteurs, des mécaniciens PL, des gestionnaires de transport… et on y réalise également l’intégralité de nos formations continues. Plus de 4 000 formations y ont été supervisées. Mauffrey Académy doit nous permettre de répondre à nos enjeux de demain. Nous avons aussi déployé un programme « Elles », pour faire découvrir aux jeunes femmes le métier de conducteur routier avec une immersion, puis la possibilité d’intégrer une formation. Dans nos dernières formations, nous avons plus de 20% de public féminin. Nous sommes vraiment actifs dans la promotion de ce programme.
Qu'en est-il de votre stratégie de décarbonation ?
La décarbonation de nos activités, qui passe notamment par le choix du mix énergétique, est notre deuxième enjeu : nous avons plus de 300 véhicules gaz, des véhicules à l’Oleo 100, une quinzaine de véhicules électriques… Nous avons eu notre premier tracteur électrique de 44 tonnes, qui roule en région parisienne et nous testerons la motorisation hydrogène dès que cela sera possible. Nous travaillons aussi beaucoup sur la partie multimodale : il y a quelques années, nous avions mis en place la filière Mauffrey affrêtement fluvial et ferroviaire, grâce à laquelle nous avons transporté plus de 3,5 millions de tonnes de marchandises. Lorsque c’est possible, nous organisons un pré ou post acheminement avec des véhicules vertueux et un segment massifié en fluvial avec des bateaux en propre ou en commission de transport. Il y a aussi l’enjeu de la digitalisation et de l’IA, ce sont des sujets sur lesquels nous travaillons pour les prochaines années.
Depuis janvier, vous avez opéré quatre croissances externes, que vous ont permis ces rachats et à quelle stratégie obéissent-ils ?
Pour Patoux, composé de trois sociétés, le rachat nous a permis de développer notre offre multimodale, l’idée étant de pouvoir proposer une offre globale. La Nettatutto nous permet de continuer notre développement à l’international : nous étions déjà en Pologne, au Luxembourg et maintenant en Italie, avec une activité qui correspond à nos métiers historiques et que nous souhaitons continuer à développer. Le rachat de STT nous permet d’augmenter notre capacité de chargement sur la région Est, dans la continuité de nos activités. Enfin avec Loca-Parc, nous entrons en Bretagne ! Nous continuerons à développer la location de véhicules avec conducteur, et apporterons nos métiers sur cette région.
Comment travaillez-vous à la bonne intégration de ces nouvelles sociétés ?
Nous avons des équipes d’intégration et nous allons systématiquement sur le terrain, à la rencontre des conducteurs, ce qui nous permet de présenter le groupe Mauffrey et surtout de répondre à toutes les questions des conducteurs et du management. Puis, pour qu’il y ait une connaissance mutuelle, les équipes viennent à Mauffrey académy pour rencontrer les personnes du siège et commencer l’intégration au niveau RH, technique d’achats… Avant le déploiement de nos outils internes d’exploitation, de TMS, d’informatique embarquée, de dématérialisation des documents de transport… Et la marque commerciale du groupe Mauffrey se met en place au fur et à mesure.
Avez-vous d’autres opérations de croissance externe en vue et plus globalement, quels sont les projets du groupe à court, moyen et long terme ?
Nous avons des opérations de croissance externe en vue actuellement. Malheureusement, le contexte fait que notre secteur souffre, donc beaucoup de transporteurs nous contactent dans ce cadre. Par contre, nous restons sur notre stratégie métier et géographique. Si demain nous avons des sociétés du sud-ouest ou du centre de la France qui veulent céder leur entreprise, nous y serons attentifs. De même dans les pays limitrophes car nous souhaitons nous développer à l’international. Nous allons continuer le travail entamé en Italie et je pense qu’on devrait se déployer sur l’Espagne si tout se passe bien.