Coach depuis deux ans au sein de l’association Rebond 35 (encadré), Corinne Fabien (société Confidans) aide les dirigeants à aller vers la prise de conscience de l'importance de la déconnexion. Objectif des séances : « Leur permettre d’agir différemment en agissant sur ce qui dépend d’eux. » En somme, « c’est leur faire comprendre que leur attitude a un impact sur leur santé et leur entreprise », explique-t-elle. Parmi les exercices qu’elle propose : « rédiger une to do list où ils doivent intégrer les quatre sphères de vie (personnelle, familiale, sociale et professionnelle) avec le temps consacré au sommeil, au sport, aux repas… Ils indiquent ainsi l’ensemble des tâches à réaliser sur une journée en y associant des durées. Le but étant de ne pas dépasser vingt-quatre heures. » Et, à terme, de trouver un meilleur équilibre entre la vie personnelle et professionnelle.
Des usages numériques plus équilibrés
Thibaud Dumas propose, quant à lui, de mettre en place des usages numériques plus équilibrés. « Si le droit à la déconnexion, désormais inscrit dans le Code du travail, permet d’éviter que le digital s’immisce dans la vie privée des salariés, les dirigeants ont, quant à eux, moins de garde-fous. C’est donc à eux de faire leur propre arbitrage », souligne-t-il. Sa solution ? La « digital detox » le temps d’une journée ou pendant les vacances. Avant de s’accorder ce moment de déconnexion, il faudra bien entendu déléguer de sorte qu’un autre membre de l’équipe prenne la main côté business, prévenir les clients et partenaires ou encore désactiver ou réduire les notifications d’e-mails ou de messages de son téléphone portable pour ne plus être dérangé. Selon lui, cette méthode va permettre de prendre conscience des bénéfices. « Les personnes qui se déconnectent se rendent alors compte du temps libre retrouvé. » Une fois cette expérience réalisée, il s’agit de passer à l’action et de « changer les usages au quotidien ». Thibaud Dumas conseille de démarrer par de petits gestes : faire des réunions déconnectées, regarder ses e-mails trois fois par jour uniquement, limiter le nombre de canaux de communication ou encore le nombre de destinataires de ses e-mails.
S'octroyer des pauses
Pour Frédérique Renard, il faut également mettre en place « des rituels cadrés en pleine conscience » pour adopter « une posture salutogène », mais aussi pour activer l’hémisphère droit qui stimule la créativité, l’imaginaire, la conversion… Tous s’accordent également sur un point : il faut s’octroyer des pauses. Par exemple, Olivier Torrès propose de bloquer un créneau de deux heures par semaine dans son agenda « pour une rencontre avec soi-même ». Jean-Denis Budin préconise, quant à lui, huit heures de sommeil par nuit et trois pauses quotidiennes toutes les deux à trois heures avec une totale detox numérique.
Fixer un temps limité d'écran
Et si un dirigeant est contraint de garder un œil sur son activité pendant ses congés, mieux vaut fixer un moment – dont le temps sera volontairement limité – pour consulter les e-mails et y répondre. « Cette connexion doit être encadrée, entre trente minutes et une heure par jour, poursuit-il. Surtout pas d’écran à table ! Vous vous focalisez alors sur votre téléphone, ce qui va vous distraire au point que vous n’écoutez pas les signaux de satiété. » Pas question non plus d’enchaîner les réunions en visio (d’après l’OICN, un dirigeant passe treize heures et douze minutes en visio chaque semaine). Son conseil : « Une pause de quinze minutes après chaque visio. »
Éviter les ruminations nocturnes
Enfin, pour éviter les ruminations nocturnes à propos du travail qui pourraient perturber le sommeil, un conseil : éviter les écrans le soir, car la lumière bleue empêche la mélatonine, hormone du sommeil, de faire son travail. Autre astuce : mettre son téléphone dans une autre pièce la nuit, pour éviter toute tentation de le consulter au saut du lit car « les premières minutes du réveil sont essentielles », souligne Frédérique Renard. En d’autres termes : une déconnexion pour une meilleure connexion à soi… Voilà l’axe à travailler pour bâtir les voies d’un entrepreneuriat plus performant et plus respectueux de sa santé.