L'assurance des pertes d'exploitation (que les professionnels dénomment « PE ») est parfois qualifiée « d'assurance de riches ». Pour certains, elle apparaît comme trop compliquée et d'une application difficile. Il y a enfin les éternels irréductibles : les partisans de l'adage selon lequel une assurance obligatoire s'assimile à une brimade et une facultative représente une dépense inutile. Force est de constater que la PE fait souvent figure d'absente au sein des entreprises. Fragilité budgétaire ou conséquences économiques d'un incendie ou d'intempéries, cette garantie présente pourtant un intérêt indéniable pour les sociétés.
L'assurance des pertes d'exploitation a pour objet de compenser les pertes subies, non pas au moment de la survenance d'un sinistre (incendie, tempête ...) mais après. La dernière flammèche éteinte, rien n'est fini : il faudra expertiser, déblayer, reconstruire, réparer, racheter, puis retrouver sa clientèle.
L'assurance PE, c'est la prise en compte de l'après sinistre, de cette période pendant laquelle le chiffre d'affaires n'existe plus, alors que les charges se maintiennent et que, de ce fait, l'équilibre financier ne peut être atteint. Si le contrat d'assurance est correctement rédigé et établi, l'entreprise sera aidée du jour du sinistre jusqu'à celui où elle aura retrouvé le niveau d'activité et donc la situation de trésorerie qu'elle aurait connue en l'absence de détérioration de son outil de travail. A défaut, et même si l'indemnisation des biens détruits (bâtiments, équipements, matériels ...) est réalisée aussi vite et bien que possible, il subsistera une période d'inactivité et donc une absence de recettes difficile ou impossible à surmonter. Les dépôts de bilan d'après sinistre sont là pour le prouver.
Une diminution de l'activité traduite par la baisse du chiffre d'affaires serait tolérable si l'ensemble des charges (les frais généraux) subissait la même réduction. Il n'en est rien, car certaines charges d'exploitation ne peuvent être réduites au même moment et dans la même proportion. Parmi les charges les plus importantes, nous citerons d'abord la rémunération du personnel. En effet, lorsque survient un sinistre se pose immédiatement la question du licenciement de tout ou partie du personnel et de ses modalités : chômage total ou partiel. Bien entendu, les charges afférentes aux rémunérations (sécurité sociale, prévoyance, etc.) suivent le sort des rémunérations.
Les impôts et les taxes sont eux aussi des charges fixes, même si certaines - telle la taxe professionnelle - sont basées pour partie sur des critères eux-mêmes variables (masse salariale et valeur locative des biens). Il en est de même des charges financières qui ne varient pas en cas de sinistre. Dans ces charges sont compris essentiellement les intérêts d'emprunts dont le remboursement reste dû, quoi qu'il arrive. Il ne faut pas oublier non plus les charges exceptionnelles (pénalités, rappels d'impôts, plus-values sur des cessions d'immobilisation, etc.).
La prévention et la protection des risques atténuent les possibilités de réalisation des sinistres, entraînant des pertes d'exploitation. Mais elles ne suffisent pas à les empêcher. Une prévention spécifique à ce risque s'est donc peu à peu développée, sous le nom de « Plan de survie ». Il s'agit d'imaginer en fonction des aléas possibles, de leurs zones de survenance, les scénarios facilitant un redémarrage de l'activité. En d'autres termes, le plan de survie est l'organisation des réponses possibles aux difficultés rencontrées par une entreprise lors d'un sinistre. Sa raison d'être est « prévisionnelle » : le responsable ayant prévu à l'avance l'événement, il pourra réagir rapidement et de façon rationnelle.
- L'assurance PE, c'est la prise en compte de l'après sinistre, de cette période pendant laquelle le chiffre d'affaires n'existe plus, alors que les charges se maintiennent.
- L'indemnisation est proportionnelle à la baisse du chiffre d'affaires enregistrée pendant la période prévue initialement au contrat.
- Une prévention spécifique à ce risque s'est peu à peu développée, sous le nom de Plan de survie.