Près d’un conducteur de poids lourd sur deux (49 %) déclare avoir roulé sur les bandes rugueuses en bordure des voies au cours de l’année précédant l’enquête, et explique ces franchissements en premier lieu par l’inattention liée à l’usage du téléphone ou du GPS (45 %), puis par la volonté de se guider par le bruit lorsqu’ils franchissent des bandes (34 %) mais aussi par la somnolence (29 %). Ils sont d’ailleurs 82 % à estimer que les bandes rugueuses les ont aidés à reprendre une trajectoire normale, et 49 % à considérer qu’elles les ont réveillés. Ces chiffres, issus d’une étude réalisée par une équipe de chercheurs pluridisciplinaire par la Fondation Vinci Autoroutes, font apparaître le manque de vigilance des conducteurs comme le plus gros risque en matière de sécurité routière.
La difficulté de concentration est largement identifiée comme risque d’accident ou de « presque accident », indique l’étude. Parmi les conducteurs interrogés qui ont failli avoir un accident, 22 % mettent en cause un déficit de la concentration, 17 % la fatigue et 9 % une distraction liée à une autre activité que la conduite. Pour ceux qui ont eu un accident dans les trois années précédant l’enquête, ce facteur était en cause dans 16 % des cas. Vient ensuite la fatigue (10 %) puis la distraction (5 %) et la somnolence (4 %). Parmi les sources de distraction, les outils connectés sont largement évoqués par les conducteurs interrogés : 83 % téléphonent en conduisant avec un système Bluetooth ; 67 % programment le GPS ou règlent leur autoradio en conduisant ; 27 % envoient des SMS ou surfent sur Internet ; 26 % téléphonent sans kit mains libres. Sur la base de cette étude, la Fondation Vinci Autoroutes et la Fondation Carcept Prev ont réalisé le 1er juin des opérations de prévention sur les aires d’autoroute, destinées à partager conseils et bonnes pratiques. Les conducteurs de poids lourd ont été invités à participer à plusieurs ateliers animés par des spécialistes du sommeil, des nutritionnistes, des sophrologues, des préparateurs sportifs et les ambassadeurs des deux fondations, pour les informer sur les risques et leur donner des conseils pratiques pour mieux les prévenir. L’étude rappelle que, contrairement aux idées reçues, la responsabilité présumée des accidents mortels impliquant des poids lourds et des véhicules légers, incombe dans 68 % des cas aux automobilistes. Et, parmi les recommandations issues de l’enquête, figurent « le développement d’actions de prévention, voire de formations, à 0destination des autres usagers de la route, pour les sensibiliser aux problématiques spécifiques rencontrées par les conducteurs de poids lourd – par exemple les angles morts », indique Patricia Delhomme, directrice de recherche au Laboratoire de psychologie et d’ergonomie appliquées de l’Université Gustave Eiffel, qui a copiloté l’étude.