La net-économie défie le Minitel

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Internet contre Minitel. Cette alternative technologique n'est que l'un des aspects de la lutte qui s'intensifie entre les différents opérateurs des bourses de fret européennes. En même temps que la guerre des prix fait rage, les armes se fourbissent : approche multimodale pour Net-Trans et EuroDat, satellite pour Nolis, visées hexagonales pour TimoCom. Le tout visant à battre en brèche le leadership encore incontesté de Téléroute. La guerre des bourses de fret aura bien lieu.

Un abonnement mensuel de 1093 F pour Net-Trans, de 500 F pour TimoCom, de 328 F pour EuroDat. La guerre des prix fait rage sur le marché des bourses de fret européen. Mais, au-delà, et Internet n'y est pas étranger, cette lutte sans merci est destinée à faire émerger les fournisseurs de demain. Car, elle est aussi celle des technologies émergentes contre de plus anciennes. Internet contre le Minitel. Le rachat de Cargohub.com par Net-Trans, effectif au 1er juin, en est un exemple édifiant. Le premier qui affichait ses ambitions au niveau européen - devenir le site de référence dédié au transport multimodal (aérien, routier, ferroviaire et maritime) en Europe - a deux ans d'existence. Cinquante gros adhérents tels que les ports du Havre (200 entreprises) ou de Dunkerque, 60 compagnies aériennes et un lien Internet avec Aéroports de Paris, en tout 2 000 entreprises fédérées, et un chiffre d'affaire qui passe de 700 KF en 1998 à 2 MF en 1999, en ont fait une cible idéale. Net-Trans qui poursuivait le même objectif, a commencé son développement par une offre routière. La complémentarité était évidente. Avec le rachat de Cargohub.com, dont le montant de la transaction est resté secret, Net-Trans fait d'une pierre deux coups : elle acquiert des segments qui lui manquent et passe à la trappe un concurrent. Car, la course à la taille critique a déjà commencé.

Offensive sur le transport. Après un coup d'envoi donné par des mastodontes de l'industrie et des services, les places de marché électroniques (Market Place) ont fait leur apparition dans des secteurs plus fragmentés, au sein desquels les opérateurs cherchent à fédérer le maximum d'acteurs. Secteur concurrentiel par excellence et constitué essentiellement de pme, le transport se trouve soumis à une offensive en règle de la part de prestataires, anciens et nouveaux. Dans ce contexte, les bourses de fret sont l'objet de toutes les attentions qu'elles soient au coeur de l'activité des opérateurs ou l'un des services proposés au sein d'une offre plus globale. C'est à celui qui propose les meilleurs prix, déploie les moyens techniques permettant de toucher le plus grand nombre de partenaires commerciaux, assure la plus large couverture géographique possible sur le marché européen (60 % des échanges se font entre pays de l'UE). Les technologies utilisées - Minitel, PC dédiés, Internet - doivent servir cet objectif, mais aussi prendre en compte les outils de communication dont disposent le plus grand nombre d'opérateurs transport. Un souci cher à Téléroute, pionnier en matière de bourse de fret via son service Minitel. « Nos services Minitel ferment les uns après les autres en Europe. Nous avons fait le choix de l'Internet dans les autres pays européens - excepté la Suède, la Finlande et l'Autriche - où nous sommes présents. En revanche, en France, le Minitel continue à faire partie de notre offre, car tous nos clients ne sont pas informatisés. Pour ceux qui le sont, notre solution Téléroute PC basée sur le protocole IP (Internet Protocol) est disponible depuis 1997 et apparaît comme une solution intermédiaire efficace », assure François Bourgeois, administrateur délégué de Téléroute. com. Pourtant, ce choix est loin d'être complètement partagé par certains utilisateurs. « Pour le moment, les exploitants sont sceptiques par rapport à Internet pour les problèmes de qualité de service et de sécurité. Mais, l'exploitation de type Minitel est de moins en moins pertinente », affirme Alain Gamba, responsable de la commission informatique du groupement de transporteurs Astre (94 entreprises, 230 positions en Europe et 5,5 milliards de francs de CA cumulé).

Offensive sur le fret. Ce constat semble partagé par une nouvelle génération de prestataires qui souhaitent proposer une offre globale incluant toutes les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC). Aujourd'hui, leur offensive concerne surtout l'échange de fret. Chacun a opté pour une technologie différente, allant du téléphone au satellite en passant par Internet. Si Nolis a fait le choix du satellite, technologie sans frontière par excellence, elle est la seule. Mais cette solitude et la faiblesse de son implantation en Europe pourraient l'amener à nouer une alliance avec un partenaire qui apporterait une complémentarité technologique et/ou géographique. TimoCom privilégie elle aussi le transport routier. L'offensive menée vers l'Ouest et particulièrement en France par le plus important partenaire commercial de l'Allemagne, répond à un impératif stratégique. « Le transport étant de plus en plus européen, les prestataires se doivent de l'être aussi », affirme Denise Uro, responsable commerciale de TimoCom pour la France.

Des ambitions multimodales. Un an et demi après son arrivée en Europe, l'Américain EuroDat ne doute plus de la stratégie à suivre. Une base de données réellement multimédia est mise en place. Elle est accessible par téléphone via un Call center (Centre d'appels), par fax ou Internet. Parallèlement à l'expansion géographique - démarches commerciales en Italie et en Espagne, prochainement en Grande-Bretagne - EuroDat affiche un autre objectif. « Nous souhaitons à terme devenir un acteur multimodal, c'est-à-dire de couvrir les transports aérien, ferroviaire et routier », souligne Denis Moes, responsable commercial d'EuroDat. Mêmes ambitions pour Net-Trans. « Que ce soit par croissance interne ou croissance externe, notre objectif ultime est de devenir le prestataire d'une offre globale : européenne dans sa couverture géographique, multimodale car concernant tout type de transport et enfin multimédia par l'utilisation de tous les moyens de communication disponibles », renchérit Philippe Laronze, président de Net-Trans. Ces ambitions affichées, la guerre des prix qui fait rage, les technologies déployées augurent-elles d'un bouleversement de la hiérarchie existante ? Alliances et partenariats en tous genres sont en préparation. La guerre des NTIC dédiées au transport ne fait que commencer.

Nolis
Le satellite au service du transport

Nolis est la seule bourse européenne par satellite, un concept qui ne connaît pas de frontières. Créée en 1995, elle revendique plus de 2000 abonnés et 25 000 offres quotidiennes. Elle appartient à Polycom Holding, filiale 50-50 de l'Agence France Presse (AFP) et de France Câble et Radio (FCR), elle-même filiale de France Telecom. « Dans la corbeille, FCR met sa compétence satellite, l'AFP complétant avec son expertise sur les logiciels de diffusion d'informations par satellite », explique son directeur général Jean-Louis Vialle. Avec des déposes de fret gratuites, Nolis mise sur les moyennes entreprises de transport, « une cible de quelque 5 000 sociétés en France », assure Jean-Louis Vialle. Son système de facturation fixe - un abonnement mensuel de 3 500 F - semble séduire. « Nolis assure la mise à disposition du matériel spécifiquement équipé et nous payons comme un loyer», souligne Vincent Le Prince, responsable des bourses de fret chez France Lots Organisation (FLO).

Le point faible de Nolis réside dans une implantation encore trop hexagonale. Hormis l'Espagne où un partenaire assure la commercialisation, l'installation et la maintenance des stations, elle est inexistante ailleurs en Europe. Ce qui devrait l'amener à nouer des partenariats complémentaires. « Des opérations sont en cours de négociation pour l'Allemagne, le Benelux et l'Italie », affirme Jean-Louis Vialle. Alliances, fusions ou d'autres types d'accords ne sont pas exclus. Pour l'heure, « avec 20 % d'offres à l'international, Nolis est encore loin de Téléroute », affirme Alain Gamba, responsable informatique du groupement de transporteurs Astre.

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