Éric Veretout : Dans le transport, le conducteur routier est un travailleur isolé, notamment quand il effectue ses manœuvres (chargement/déchargement…). De plus, il évolue dans un environnement qui lui est étranger, voire inconnu, quand il intervient par exemple dans un nouvel entrepôt. Et même si les véhicules ont fait d’énormes progrès en matière de sécurité, ils n’en demeurent pas moins des machines très dangereuses. Dans le TRM, neuf accidents sur dix ont lieu véhicule à l’arrêt : lors de chargements/déchargements, du fait de conditionnements défectueux ou encore à cause d’équipements inadaptés ou détériorés.
E. V. : C’est effectivement la première action à engager pour chercher les causes profondes des risques pour, d’une part, que l’accident ne se reproduise pas et, d’autre part, amoindrir d’autres risques. Premièrement, il faut faire une déclaration d’accident la plus précise possible avec les circonstances et ses conséquences. Il est important aussi de relever les quasi-incidents et les incidents mineurs. Passée cette phase d’enregistrement et de déclaration, il faut analyser en profondeur ce qu’il s’est passé. Il est recommandé de créer un groupe d’analyse hétérogène (employeur, partenaires sociaux, etc.) qui aura pour mission de collecter les informations liées à l’accident et de déterminer ses causes profondes. Il y a trois méthodes possibles : les cinq pourquoi (se poser cinq fois la question pourquoi/comment ?) ; le diagramme d’Ishikawa ou les 5 M (classer les causes suivant cinq catégories : milieu, moyen matériel, méthode, matière, main-d’œuvre) et la méthode de l’arbre de causes, qui intègre à la fois une technique de questionnement (pour déterminer l’enchaînement logique des faits) et de représentation graphique (pour représenter l’enchaînement logique des faits à partir du questionnement préalablement réalisé). Il ne s’agit pas là de trouver des responsables ni d’émettre des jugements de valeur, mais de rester le plus factuel possible. L’objectif final est de proposer des actions correctives sur la protection collective et individuelle.
E. V. : C’est proportionnel à la taille de l’entreprise. Plus elle est importante, plus elle est exposée à des accidents et plus il y a une prise de conscience. C’est donc une pratique moins courante dans les petites structures, à tort.