Renforcer l’engagement des collaborateurs, diminuer le turn-over, améliorer l’image de l’entreprise… Fidéliser ses salariés constitue un enjeu économique certain pour tout chef d’entreprise. C’est d’autant plus un enjeu majeur dans le TRM, qui doit relever des défis en matière de santé, d’après Éric Henryon, responsable département Développement au sein de Mutuelle Entrain qui, depuis 2009, a ouvert son portefeuille aux TPE/PME du transport (près de 80 % des adhérents, sur un total de 92 000, sont issus de ce secteur). « Manque d’attractivité, turnover élevé, facteurs de pénibilité qui engendrent des problèmes de santé et, donc, un taux d’absentéisme (8 %) supérieur à la moyenne nationale (environ 5 %), pyramide des âges élevée, faible niveau de ressources… De là découlent trois conséquences sur la consommation de frais de santé : les individus ont tendance à retarder l’accès aux soins et attendent parfois le dernier moment. Or, une prise en charge médicale tardive implique souvent des soins plus conséquents à financer (en dentaire, par exemple) », indique-t-il.Pour gagner en attractivité, plusieurs solutions existent, à commencer par la mutuelle. « Elle ne va pas à elle seule compenser toutes ces problématiques. En revanche, c’est un élément en plus, une corde à l’arc, une cerise sur le gâteau pour ficeler un package social. Et les entreprises en ont de plus en plus conscience », poursuit-il.
Ce que confirme Benjamin Laurent, directeur de l’offre chez Klesia, qui couvre 250 000 personnes en frais de santé dans le secteur transport : « Les trois quarts des dirigeants à la tête d’une entreprise de moins de 20 collaborateurs (79 %) jugent important d’agir sur la protection sociale des salariés, avant tout parce que cela participe à leur bien-être (pour 92 % d’entre eux) et permet de les fidéliser (88 %). Ils sont, toutefois, moins nombreux que les dirigeants employant plus 20 salariés (91 %) à trouver cela important et contributif à améliorer l’attractivité de l’entreprise. » Et d’ajouter : « La mutuelle est un levier de fidélisation. Mais dans un contexte où elle est obligatoire depuis 2016, cela ne l’est que si elle a des niveaux de garantie élevés ou des services pertinents. Par exemple, dans le cadre des services conventionnels imposés aux entreprises (cf encadré), toutes les mutuelles proposent, par exemple, un service d’assistance. Mais, pour faire la différence entre deux prestataires, il faut comparer le niveau des garanties : est-ce que l’assistance prend en charge une aide à domicile après hospitalisation si celle-ci est programmée ou dans le cadre d’une opération en ambulatoire ? Pendant combien de temps ? Etc. »
Reste à savoir comment un dirigeant peut transformer cette obligation légale en atout pour sa société et ses collaborateurs. Tout d’abord, la mutuelle collective est un véritable levier d’attractivité pour recruter de nouveaux talents, les candidats étant attentifs aux avantages offerts par les différents employeurs potentiels. Catherine Figini, responsable segment marché pro-TPE chez Harmonie Mutuelle, l’atteste : « L’engagement de l’entreprise en matière de protection des salariés constitue un puissant levier de marque employeur, en particulier en ce qui concerne le volet social, auquel les salariés et candidats sont de plus en plus attentifs (en particulier les jeunes). Il s’agit à la fois d’un vecteur d’attractivité pour les candidats, qu’il est important de valoriser lors des entretiens, et de fidélisation des collaborateurs. »
Par conséquent, « si une entreprise propose une bonne complémentaire santé, elle a tout intérêt à le mettre en avant dans les offres d’emploi. C’est un vrai plus », ajoute Maxime Frossard, directeur technique Prévoyance et santé chez Swiss Life France (2 600 entreprises clientes de la branche transport (principalement des PME de moins de 100 salariés), dont 500 qui ont choisi le niveau conventionnel de base et 1 900 ont pris des garanties supplémentaires). D’après lui, c’est aussi une garantie contre l’absentéisme au travail.
C’est aussi un vrai plus pour fidéliser les salariés actuels et éviter le turnover, à condition de tenir compte de leurs attentes, outre les considérations budgétaires. « Certaines entreprises de transport doivent faire face à un double enjeu : attirer les jeunes et fidéliser les plus anciens. Or, ces deux populations n’ont pas les mêmes besoins en santé. Il est donc important de bien connaître la démographie de l’entreprise pour recenser les caractéristiques des futurs assurés (composition familiale, pyramide des âges, facteurs de risque liés aux postes occupés…). Autant d’informations indispensables à l’assureur pour proposer une couverture santé adaptée. Pour identifier les besoins en interne, il est conseillé de faire une enquête par le biais des instances représentantes du personnel ou de diffuser un questionnaire pour compiler les besoins », préconise Éric Henryon. Parmi les questions à se poser avant de choisir une mutuelle santé collective pour ses salariés : « Ont-ils des besoins particuliers en matière de santé ? Quels sujets importants souhaitent-ils voir traiter dans une complémentaire santé ? Etc. Ainsi, si une entreprise a un effectif composé majoritairement de jeunes, elle va plutôt opter pour une mutuelle qui respecte les minimas de la convention collective. » Recueillir l’avis de ses collaborateurs est donc une étape préalable importante. Il s’agit en effet d’éviter de proposer des garanties qui paraissent intéressantes mais coûtent cher et ne bénéficient à personne. D’après Catherine Figini, il convient, par exemple, de ne pas faire supporter un surcoût aux salariés isolés lorsque le nombre de collaborateurs concernés par l’adhésion famille est peu important. « Une solution est de jouer sur le pourcentage de la cotisation prise en charge par l’employeur », conseille-t-elle. Ainsi, « le choix d’une couverture santé adéquate améliorera sensiblement l’image de marque de l’employeur », souligne Maxime Frossard.
Maxime Frossard poursuit : « Aujourd’hui, que ce soit dans le cadre de recrutements ou dans les négociations sociales au sein de l’entreprise, les salariés sont très sensibles aux propositions en matière de complémentaire santé. » Les principales attentes ? « Être bien remboursé pour les dépenses de santé (soins courants, dentaires, optiques, pharmacie, etc.), faire face aux frais d’hospitalisation et de longue maladie, être accompagnés pour accéder à des soins de qualité (réseau de professionnels de santé partenaires, téléconsultation), pouvoir suivre son contrat et ses remboursements de manière autonome (application ou extranet en ligne), être en capacité de rentrer facilement en contact avec son conseiller selon son propre canal de préférence (agence physique, téléphone, e-mail) et obtenir des réponses de qualité, mais aussi pouvoir disposer de services connexes qui ont du sens (assistance, action sociale…) », répond-on chez Harmonie Mutuelle.
Il faut savoir aussi que « 40 % des salariés souscrivent une mutuelle d’entreprise avec options facultatives à leur charge, si elle leur permet de bénéficier d’avantages dans les domaines qui les intéressent. Ils privilégient également une couverture étendue à leur famille », note Benjamin Laurent. Ainsi, « la possibilité de protéger le conjoint et/ou les enfants sur le contrat négocié et mis en place par l’entreprise constitue un avantage pour les salariés concernés », embraye Catherine Figini.
À noter également que les médecines douces (ostéopathie, étiopathie, chiropractie…) sont de plus en plus plébiscitées par les salariés du transport. « Il y a six à sept ans, ce poste pesait à peine 1 % dans les prestations. Aujourd’hui, ce chiffre a grimpé à 7 %. Une prise en charge des consultations d’acupuncture ou d’ostéopathie est donc un vrai plus pour les collaborateurs », prolonge Maxime Frossard.
Le coût conventionnel d’une complémentaire est d’1,4 % du PMSS (plafond de la sécurité sociale), soit 51 euros par mois en 2023, précise-t-on chez Klesia. Les employeurs sont tenus de financer a minima 50 % des cotisations. Mais une prise en charge plus importante est un argument essentiel et valorisant pour les collaborateurs, qui participe grandement à leur fidélisation, d’autant plus face à la hausse constante des dépenses de santé. « Pour fidéliser ses collaborateurs, une entreprise a doublement intérêt à augmenter sa participation patronale. Car tout ce qui n’est pas pris en charge par le salarié améliore son pouvoir d’achat. Et, pour l’employeur, c’est plus avantageux de verser 10 euros par mois de part patronale, déductible fiscalement, que de verser 10 euros de salaire », souligne Benjamin Laurent. Éric Henryon acquiesce : « Plus l’employeur va participer financièrement, plus c’est intéressant pour le salarié et plus ce sera attractif. C’est un système gagnant-gagnant. » Mais, dans les faits, rares sont les entreprises à aller au-delà du minimum légal. « Cela est corrélé à la santé financière de l’entreprise et seules 10 % d’entre elles sont concernées », poursuit-il.
Il est important pour l’employeur de communiquer autour de ce geste managérial que sont devenus la mise en place ou le changement d’une mutuelle collective obligatoire. « Réglementairement, un employeur est tenu de remettre à ses salariés une notice d’informations (document fourni par l’assureur avec les garanties prévues par le contrat collectif) », précise Benjamin Laurent. Mais, en parallèle, il peut aussi valoriser cette démarche en expliquant aux salariés les avantages tant sociaux que financiers que représente le contrat. Il est tout à fait possible d’organiser une réunion de présentation, à laquelle il invitera l’assureur choisi. Cela fait notamment partie des prestations des mutuelles citées dans ce dossier. Rédiger un livret pour les nouveaux arrivants est un autre exemple d’initiative permettant de mettre en avant la mutuelle collective. Certains prestataires peuvent aussi proposer des guides pour les dirigeants et leurs salariés expliquant le fonctionnement de la mutuelle. Un exemple est le « Welcome Pack » chez Klesia.
En résumé, proposer une mutuelle santé à vos employés est un moyen efficace pour améliorer leur bien-être au travail, répondre à leurs attentes en matière d’avantages sociaux et renforcer la cohésion sociale au sein de votre entreprise. En misant sur la mutuelle comme levier de fidélisation, vous contribuerez ainsi à créer un environnement professionnel attractif et propice au développement de votre entreprise sur le long terme.