Le Conseil national routier (CNR) a profité de Solutrans pour présenter son étude annuelle de bilan et perspectives des coûts du TRM. Son constat est sombre : « La conjoncture générale est mauvaise à l’échelle européenne et mondiale, et ne sera pas meilleure l’an prochain », assène Alexis Giret, directeur du CNR. Or, comme « le TRM amplifie et devance toujours les phénomènes conjoncturels », ajoute-t-il, les transporteurs français ont enregistré une baisse de 9,4 % de leur activité au cours du premier semestre 2023 et en anticipent une nouvelle pour le début de 2024.
Plusieurs postes sont impactés par l’augmentation des coûts de personnel : c’est le cas pour la maintenance (qui augmentera de 5,2 % en 2024) ou encore des frais de structure (+ 3,1 % prévus). « On a toujours tendance à les négliger, mais c’est un tort, commente Olivier Raymond, statisticien au CNR, car ils représentent de 15 à 20 % du coût d’un véhicule. » C’est aussi le cas, bien sûr, du poste « social », premier poste de coûts et principale source de leur hausse globale. En cause : les augmentations conventionnelles et revalorisations du Smic, et une évolution à la baisse des allègements « Fillon ». En 2024, avec une poursuite de ce phénomène et un projet de loi de finances qui table sur une augmentation de 3,1 % des salaires, ce poste devrait croître d’environ 10 %.
« C’est bien qu’il y ait un rattrapage des rémunérations, mais on a peu de maîtrise sur l’augmentation de la masse salariale, commente, à l’invitation du CNR, Julien Depaeuw, président de la société de TRM éponyme. En revanche, on peut travailler avec nos clients à réduire les temps d’attente, par exemple. À l’échelle de nos 270 conducteurs, 5 minutes par jour représentent 100 000 € qui s’envolent. » Pour lui, « les chargeurs doivent aussi comprendre qu’on a tous intérêt à ce que le métier ». Rapportant ses difficultés à « faire passer » 7 % d’augmentation de tarifs en 2021, il leur lance un appel : « Vous pouvez avoir des achats responsables. »