L’Officiel des Transporteurs : Quelle est votre appréciation de l’étude comparant les véhicules au gaz avec ceux au diesel, rapporté par l’ONG européenne T&E et réalisée par TNO, l’organisme de recherche néerlandais ?
Marc Jedliczka : L’étude est biaisée car les éléments de comparaison ont été choisis pour correspondre à ce que veut l’association européenne T&E. En termes de méthodologie, l’étude compare des carottes et des poireaux. En effet, le parallèle entre les camions au gaz et les camions au diesel n’est pas basé sur les mêmes périodes, les mêmes parcours, ni les mêmes charges. Le périmètre et les conditions de comparaison sont également différents. Pour plus de rigueur, je renvoie à l’analyse comparative du gaz naturel pour véhicules (GNV) et du diesel réalisée par le projet Équilibre dans des conditions scientifiques plus rigoureuses et qui aboutit à des conclusions opposées.
L'OT.: Cependant, le GNV étant une énergie fossile, est-il vraiment "propre" ?
M. J. : Comme son nom l’indique, le GNV n’est rien d’autre que du gaz naturel d’origine fossile utilisé pour la mobilité. À ce titre, il contribue au changement climatique. Néanmoins, contrairement au diesel, il n’émet pas de particules et très peu d’autres polluants atmosphériques, c’est le moins sale des carburants fossiles ; y recourir dès aujourd’hui contribue à améliorer l’impact des transports sur l’environnement. Mais surtout, c’est préparer l’avenir en ouvrant la voie au bioGNV issu du biogaz produit à partir de la décomposition de matières organiques par des bactéries. Bien que composé de la même molécule que le gaz naturel fossile [le méthane, noté CH4], il est d’origine renouvelable et n’est pas émetteur de gaz à effet de serre.
L'O.T.: Le bioGNV semble faire l’unanimité en termes de baisse des émissions de CO2 mais il reste quasiment inaccessible pour un transporteur. Ce carburant alternatif peut-il alors devenir la norme à terme ?
M. J. : Le biogaz brut est un mélange de méthane et de gaz carbonique (CO2), entre 50-50 et 60-40. Il faut donc le purifier avant de l’injecter dans le réseau, où il se mélange au gaz fossile sans que l’on puisse distinguer l’un de l’autre. C’est ce qu’on appelle le biométhane, nommé bioGNV lorsqu’on l’utilise comme carburant dans les transports. Il est également possible de le produire à partir de la gazéification des matières ligneuses comme le bois ou les pailles. Grand pays agricole et sylvicole, la France dispose de suffisamment de ressources pour faire rouler les camions de marchandises essentiellement au bioGNV et contribuer efficacement à la lutte contre le changement climatique.
Lire l'intégralité de l'entretien (accès réservé) dans L'Officiel des Transporteurs n°2996 du 15 novembre 2019.