Le calendrier de l’écotaxe alsacienne s’accélère : dès le 21 octobre prochain, la Collectivité européenne d’Alsace (CEA) pourrait voter le principe de la taxe poids lourd alsacienne R-Pass, pour une mise en œuvre au 1er janvier 2027. Le 9 septembre, la très attendue étude d’impact économique avait été présentée par la CEA. Appliquée sur l’A35, cette taxe pourrait être d’un montant de 15 centimes par kilomètre. À la suite de la restitution de l’étude d’impact, a indiqué la FNTR Alsace, « l’étude d’impact révèle une sous-estimation flagrante des conséquences dévastatrices pour les entreprises de transport routier de marchandises ». Pour l’organisation patronale, qui enternd défendre le TRM, le document cherche à minimiser les conséquences de la taxe. « Le secteur du transport fonctionne avec des marges très faibles et une nouvelle charge fiscale pourrait être destructrice, soutient-elle. Contrairement aux affirmations selon lesquelles l’impact serait “limité”, cette taxe viendra écraser des entreprises déjà en difficulté. » Par ailleurs, l’étude indique que les transporteurs pourront répercuter à 90 % les coûts de cette taxe sur leurs clients. Une affirmation qui relève « de la pure fiction », s’insurge la fédération.
De son côté, l’Union TLF, membre du collectif pour la compétitivité de l’économie alsacienne (collectif opposé à cette taxe), a également critiqué l’étude : sur la forme, le syndicat pointe un manque de concertation et de dialogue autour de ce rapport et un calendrier trop rapide. Sur le fonds, elle estime que l’étude ne reflète pas le réel impact économique de la taxe. « La méthode de calcul adoptée, centrée sur les coûts de transport final vers les consommateurs, néglige les effets réels sur la logistique de production, élément central pour les entreprises alsaciennes. De plus, le rapport contient de nombreuses informations erronées ou manifestement orientées pour parvenir à une conclusion prédéfinie. » Pour appuyer ce dernier argument, le syndicat professionnel cite les chiffres de transit : « Selon l’étude, le taux de transit passerait de 7 % en 2021 à 51 % en 2024, une augmentation basée sur un tronçon de seulement 15 km entre Sélestat et Logelheim. Cette estimation trompeuse repose sur la confusion entre camions immatriculés à l’étranger et camions réellement en transit. » Les syndicats sont donc vent debout face à ce projet, en raison de l’impact économique qu’il pourrait avoir sur les professionnels, alors que ce sont des transporteurs locaux qui circulent en grande majorité dans la région. Cette taxe sur les poids lourds vise à financer les infrastructures routières, beaucoup plus empruntées du fait du report de poids lourds qui veulent esquiver la taxe allemande LKW-Maut en empruntant un itinéraire en Alsace. Il y aurait, selon le président de la CEA Frédéric Bierry pour Rue89Strasbourg, « plus de 1 400 poids lourds supplémentaires par jour depuis l’augmentation de la Maut ».