« Pour nous, acteurs économiques et utilisateurs de Seine-Escaut demain, nous avons besoin d’informations concrètes en réponse aux questions que nous nous posons, de connaître les méandres techniques à traverser jusqu’à la mise en service de cette nouvelle infrastructure, structurante pour la région des Hauts-de-France, pour le pays et pour l’Union européenne. Les chargeurs ont des attentes sur le timing, sur le foncier disponible, sur l’organisation des plates-formes et autour d’elles avec le fluvial mais aussi le ferroviaire pour faire du multimodal », a indiqué Franck Grimonprez, présidents du cercle économique de l’Alliance Seine-Escaut et du groupe Log’s spécialisé dans les solutions logistiques, lors d’une réunion de cette association le 8 mars 2022.
Parmi les autres questions posées par Franck Grimonprez : quels seront le ou les responsable/s des ouvrages d’art sur le futur canal, qui fait quoi pour le bord à quai et en arrière de celui-ci, qu’en est-il des ports intérieurs et plates-formes, quels seront les entreprises et les bateliers… « Avec les réponses, nous pouvons réfléchir à comment envisager les meilleurs schémas possibles demain pour nous les acteurs économiques ».
Un calendrier sous surveillance de l’Union européenne
« La société du canal Seine-Nord Europe (SCSNE) construit la nouvelle infrastructure et remet les clés à Voies navigables de France qui l’exploitera ainsi que les ouvrages de Seine-Escaut en France », a dit Jérôme Dezobry, président du directoire de la SCSNE. Cette décision est inscrite dans la loi qui a créée cette société.
En vue de la mise en service du futur canal Seine-Nord, maillon français de la liaison européenne Seine-Escaut, VNF a également engagé des travaux de mise à niveau et de rénovation sur le réseau fluvial existant dans les bassins du Nord-Pas-de-Calais (Condé-Pommeroeul, Lys…) et de la Seine. Des chantiers rendus possibles avec un soutien financier de l’Union européenne car ils s’inscrivent en lien avec Seine-Escaut. C’est l’ensemble du réseau fluvial de ces deux bassins qui se prépare aussi et déjà à l’arrivée de la future liaison.
En 2021, « le grand acquis administratif pour Seine-Nord a été la publication de l’arrêté d’autorisation environnementale pour le secteur 1 en avril », a relevé Jérôme Dezobry.
Sur le secteur 1, soit les 18 km situés les plus au sud du futur canal entre Compiègne et Passel, de premiers travaux préparatoires ont commencé dont la réalisation de deux quais (l’un à Ribécourt-Dreslincourt, un autre à Pimprez) pour l’approvisionnement fluvial du chantier du canal. Et l’un des deux quais va être raccordé au ferroviaire. Les autres travaux sont des défrichements, des réalisations de mesures compensatoires…
Sur les trois autres secteurs (2, 3, 4), les études d’avant-projet sont terminées et ont été validées par le conseil de surveillance, a ajouté le président du directoire de la SCSNE. Cette étape ouvre la voie au travail pour parvenir à l’arrêté d’autorisation environnementale pour ces trois secteurs.
« L’objectif est de déposer ce deuxième dossier d’autorisation environnementale, afin de respecter le calendrier de l’Acte d’exécution de juillet 2019 de l’Union européenne qui fixe l’obtention de l’arrêté en octobre 2022 pour un démarrage des travaux en décembre 2023. En termes de timing, l’UE est derrière nous avec ce que prévoit cette Acte d’exécution. La crise sanitaire a provoqué des retards de l’ordre de 6 mois à un an. Nous travaillons avec les préfets et les services de l’Etat pour réduire le délai d’instruction du dossier », a précisé Jérôme Dezobry.
L’évolution du canal du Nord, les projets de ports intérieurs
Il est revenu sur le « devenir du canal du Nord » qui fait l’objet, pour certaines sections, d’une étude et de concertation de VNF avec les collectivités territoriales concernées afin de déterminer les usages et besoins futurs. D’autres sections, notamment dans le Pas-de-Calais, vont être réutilisées pour le nouveau canal. D’autres parties vont servir à restaurer une ancienne rivière (La Tortille dans la Somme).
Jérôme Dezobry a rappelé que les futurs ports intérieurs (plutôt que plate-forme pour correspondre au vocabulaire de l’UE qui parle d’inland ports) le long de Seine-Nord relève de la responsabilité de la région Hauts-de-France. Une concertation conduite par la région en lien avec les intercommunalités concernées est d’ailleurs en cours en ce mois de mars 2022 dont NPI a déjà parlé ainsi que des études et des échéances prévues.
« La société du canal a la responsabilité de construire les quais de ces futurs ports intérieurs. Nous avons bien compris et retenu les demandes et les besoins de raccordement ferroviaire et faisons le maximum pour y répondre même si ce n’est pas simple », a assuré Jérôme Dezobry.
Par exemple à Nesle, il faut prévoir, au même endroit, un rétablissement et un raccordement ferroviaires, des canalisations de gaz, une route départementale, le quai... Il y aura un raccordement ferroviaire à Marquion. Il sera possible d’en avoir un à Péronne plus loin dans le temps. Noyon est le seul des 4 ports intérieurs qui n’aura pas de raccordement ferroviaire.
Selon la LOM, la SCSNE peut acquérir le foncier et le rétrocéder à la région ou à un syndicat mixte qui aménagerait les ports.
Sur la question du statut juridique des futurs ports intérieurs de Seine-Nord, André Salomé, vice-président de la communauté de communes de l’Est de la Somme impliquée dans le projet et la concertation du site de port intérieur à Nesle, a expliqué que l’état de la réflexion avec la région s’oriente vers « un syndicat mixte commun aux 4 ports puis une Semop par port qui permet d’associer des acteurs publics et privés ».