« Concernant Seine-Nord Europe, nous avons définitivement cassé la marche arrière »

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« Concernant Seine-Nord Europe, nous avons définitivement cassé la marche arrière » est l’une des phrases en forme de slogan prononcées par le président de la région Hauts-de-France lors d’une première « rencontre du canal » à Amiens le 15 septembre 2022. Cette réunion, organisée 5 ans après « l’appel de Péronne », et présentée comme un « devoir d’information », a permis de rappeler les principaux enjeux autour du canal alors que les travaux ont commencé.
« Concernant Seine-Nord Europe, nous avons définitivement cassé la marche arrière. Oui, cela fait plus de 30 ans qu’on en parle et les questions sont légitimes. L’un des enjeux est de montrer qu’il n’y a plus de retour en arrière possible. Le canal Seine-Nord Europe ne s’appelle pas l’Arlésienne, en tout cas, pas dans les Hauts-de-France. Le projet devient réalité. Nous avons un devoir d’information et c’est l’objectif de la rencontre du canal d’aujourd’hui à Amiens, d’autres suivront », a déclaré Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France et du conseil de surveillance de la société du canal (SCSNE), le 15 septembre 2022 devant un peu plus de 350 personnes. Cette « rencontre du canal » marquait, 5 ans après, la mobilisation autour du slogan « Oui ! au canal » (voir l’article de NPI) lors de la pause du projet entre juillet et octobre 2017, « l’appel de Péronne » en ayant été l’un des moments forts le 15 septembre de cette année-là. « Le projet devient réalité, a répété l’élu régional. La société du canal Seine-Nord Europe emploie aujourd’hui environ 70 salariés et ce sont plus de 450 personnes qui travaillent sur le chantier. C’est l’un des autres enjeux du canal, créer des emplois, favoriser l’activité économique dans la région ». Sur le secteur 1, les travaux ont commencé et vont monter en puissance dans les mois à venir (voir article de NPI). Parmi les défis du chantier, le canal est « un objet de haute technologie », a indiqué Jérôme Dezobry, président du directoire de la SCSNE, et fait appel à de nombreux outils et modélisations numériques (logiciels, BIM…). Sachant que la dernière construction d’un canal en France date des années 1960 (le canal du Nord, déjà dans la région qui ne s’appelait pas alors les Hauts-de-France) et, depuis, les techniques, technologies, contraintes ont considérablement changé.

Le rôle essentiel de l’Union européenne

Xavier Bertrand a insisté sur le rôle essentiel de l’Union européenne : « Merci à l’Europe. Sans l’Europe, le projet n’existerait pas. Il ne s’inscrirait pas dans la dimension européenne de la liaison Seine-Escaut qui est aujourd’hui le seul projet d’infrastructure fluviale de l’Union européenne ». Au nom de celle-ci, Peter Balasz, coordinateur européen du corridor mer du Nord-Méditerranée, est intervenu dans un message vidéo : « La place du canal Seine-Nord Europe s’inscrit dans la perspective européenne à travers un RTE-T cohérent et dans les objectifs de l’Union dont la « décarbonation » des transports et la continuité territoriale. Seine-Nord est donc un projet européen car il répond à ces objectifs. Le soutien de l’Union européenne est politique et financier. Sur le plan politique, il y a la décision d’exécution de 2019 qui marque l’engagement de l’Union avec un objectif de mise en service en 2030. Sur le plan financier, la contribution de l’Union aux travaux est de 50 %, ce qui est un taux particulièrement élevé ». Le coordinateur a poursuivi : « L’Union européenne est un partenaire vigilant. Nous nous réjouissons du démarrage des travaux sur le secteur 1, nous serons attentifs au lancement des travaux sur les autres secteurs pour une mise en service en 2030 qui est un horizon fixé et à ne pas dépasser ». Pour Xavier Bertrand : « L’Union européenne est un partenaire vigilant mais confortable. Sa seule obsession est que les étapes prévues soient respectées afin aussi de relier les peuples, les pays, pour que l’UE soit concrète ». Des rencontres et des échanges ont lieu régulièrement avec les représentants de l’UE et les responsables de la SCSNE. L’Etat, notamment par l’intermédiaire des préfets de différents niveaux, joue aussi son rôle. Pour Georges-François Leclerc, préfet de la région Hauts-de-France : « L’Etat apporte sa fiabilité, fait le lien avec les administrations centrales, est au service de la société du canal et du projet pour avancer, résoudre les difficultés, avec parfois des échanges francs et directs. Oui, l’Etat peut-être tatillon mais nous œuvrons aussi pour aller vite et bien ».

Emplois et développement économique

Seine-Nord Europe est un atout dans le contexte de la « décarbonation » des transports, le président de région rappelant qu’un bateau fluvial de 4400 tonnes, ce sont 220 poids lourds en moins sur des routes congestionnées. La rencontre s’est poursuivie en abordant largement les espoirs de retombées en termes d’emplois et de développement économique et la volonté que la région Hauts-de-France et ses habitants en soient les premiers bénéficiaires. « Nous sommes dans une région où nous restons morts de faim pour créer des emplois. C’est une obsession constante », a dit Xavier Bertrand. En phase chantier, le nombre de 6000 emplois a été indiqué tandis que pour l’après, une fois le canal mis en service, la prudence a prévalu et aucun chiffre n’a été donné par aucun intervenant. Le président de région a affirmé : « Il y aura des emplois après le chantier avec les ports intérieurs, les 4 prévus le long du canal et tous les autres de la région. Nous devons anticiper et nous préparer à ces emplois, c’est l’un des défis à relever. Dunkerque va aussi bénéficier de l’arrivée du canal et ne fera pas d’ombre au Havre. C’est avec ces emplois que le projet a du sens. A partir du moment où nous aurons cette autoroute fluviale, il y aura du développement économique et des emplois pour la région ». Selon Xavier Bertrand, l’un des défis est aussi de créer un dynamisme économique grâce au canal pas seulement à proximité de l’infrastructure elle-même mais dans une zone élargie. Il s’agit de parvenir à faire en sorte que le plus nombre de territoires possibles en bénéficie, sachant que nombre d’eux sont à caractère ruraux ou semi-ruraux. « C’est un enjeu d’aménagement du territoire de la région entière ». Les emplois potentiels, ce sont aussi ceux de la profession fluviale. Un point mis en avant par Frank Dhersin, vice-président de la région Hauts-de-France en charge des mobilités, des infrastructures de transport et des ports : « On a 7 ans pour former de nouveaux bateliers et équipages, construire des bateaux en France, en imaginant des motorisations vertes avec un l’avitaillement correspondant dans les ports qui concernerait aussi les autres véhicules ». Jean-François Dalaise, au nom d’Entreprises fluviales de France, a relevé de son côté, « le besoin de spécialistes des bateaux fluviaux dans les chantiers navals français », rappelant que les unités sont construites désormais essentiellement en Asie mais finalisées en France pour un certain nombre d’entre elles.

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