Il y a 5 ans, en 2017, le gouvernement décidait en juillet « une pause pour les grands projets d’infrastructures » dont celui du canal Seine-Nord Europe. Cette décision avait entraîné une mobilisation du monde politique et économique des Hauts-de-France, symbolisée par le slogan « Oui ! au canal », aboutissant à un compromis pour relancer le projet. Pour rappeler cette dynamique et « échanger sur les avancées et les défis à relever pour réussir collectivement le canal Seine-Nord Europe », un événement a lieu le 15 septembre 2022 à Amiens.
Il y a 5 ans, le 1er juillet 2017, le Président de la République Emmanuel Macron et son gouvernement, Edouard Philippe en étant le Premier ministre, avaient décidé d’une « pause » pour une vingtaine de grands projets d’infrastructures en France, parmi lesquels figurait le canal à grand gabarit Seine-Nord Europe, infrastructure de 107 kilomètres de long et maillon manquant entre la Seine et le réseau fluvial de l’Europe du Nord pour le transport de marchandises entre les pays du Benelux et la région parisienne.Cette « pause » voulait donner du temps pour une réflexion et une concertation sur les orientations de la politique de mobilité, qui devaient se concrétiser par des assises nationales de la mobilité, une loi de programmation et de financements des infrastructures.Le coup d’arrêt donné au projet de canal Seine-Nord Europe par cette décision entre juillet et octobre 2017 avait fait immédiatement réagir dans les Hauts-de-France, par exemple du côté du président de cette région, Xavier Bertrand : « Seine-Nord est un projet d'intérêt régional, national et européen qui a déjà débuté.Revenir en arrière maintenant, cela veut dire que l'on ne pourra plus jamais faire confiance. Reporter le projet, c'est signer son arrêt de mort ». La mobilisation du monde politique et économique des Hauts-de-France avait gagné en importance au cours de l’été, les élus des différents niveaux de collectivités territoriales montant au créneau pour tenter de trouver un compromis avec l’exécutif. Celui-ci était représenté par Elisabeth Borne, ministre des transports, et Gérald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics.
« Appel de Péronne »
La mobilisation a pris la forme de rassemblements dans la région à la rentrée. Le 15 septembre 2017, à Péronne (Somme), était organisée une opération politique et de communication réunissant plus de 500 acteurs locaux, présidents des départements de la région, décideurs économiques, représentants des milieux agricole et portuaire, etc.C’était un appel solennel et une démonstration de force à l’attention du gouvernement pour montrer que la région ne lâchait pas le projet, représentant plus de 10000 emplois en phase chantier et plus de 30000 une fois le canal mis en service.C’est à Péronne, que Xavier Bertrand avait indiqué : « A la mi-octobre, le gouvernement doit nous dire définitivement si c’est oui ou si c’est non. Si c’est non, c’est une déclaration de guerre contre la région ».Le canal Seine-Nord Europe étant une partie du projet de liaison européenne Seine-Escaut, la pause inquiétait aussi en Belgique (Flandre et Wallonie). A Péronne, un représentant du gouvernement de la Flandre avait précisé que la Belgique avait déjà réalisé des travaux considérables et attendait des réponses officielles du gouvernement français.
L'issue à Amiens
Un autre rassemblement a suivi le 3 octobre 2017 à Amiens, ville natale du Président de la République qui y était en déplacement officiel (pour rencontrer les salariés de Whirlpool).Là aussi, la mobilisation devant le siège de région de cette ville rassemblait près de 500 personnes, essentiellement des élus arborant leur écharpe tricolore et brandissant des pancartes « Oui ! au canal » devenu le slogan du mouvement en faveur du canal.De manière plus discrète, la recherche d’un compromis avançait, avec un résultat ce même 3 octobre à Amiens avec une réunion du conseil de surveillance de la Société du canal Seine-Nord Europe (SCSNE) provoquée par Xavier Bertrand en présence des deux ministres avec l’objectif d’obtenir des réponses et garanties de l’Etat sur la relance du projet.L’annonce d’un compromis entre l’Etat et les collectivités locales a finalement été faite par les deux ministres dans une interview au Courrier Picard : « Tous les éléments sont sur la table pour trouver une solution pour le canal Seine-Nord Europe. Aujourd'hui, l'État est prêt à avancer avec les collectivités sur la base d'un nouveau montage qu'elles proposent. La gouvernance, le financement, l'emprunt et les risques : les trois obstacles, qui rendaient sa concrétisation impossible au début de l'été, ont été levés, Le premier a été levé en « régionalisant » la gouvernance de la société de projet, qui deviendra un établissement public local, même si l'État conservera une minorité de blocage. Le deuxième a été résolu en confiant aux collectivités locales le soin d'avancer l'argent nécessaire pour démarrer les travaux en attendant les financements de l'État et de l'UE, qui fonctionne « sur factures ». Enfin, les collectivités locales assumeront l'emprunt et les risques attenants au projet ».Ainsi s’achevait la « pause » du projet de canal Seine-Nord Europe en 2017, après environ 4 mois de mobilisation et de négociations d’un compromis. Au cours des 5 ans écoulés depuis 2017, les annonces faites se sont concrétisées, notamment la « régionalisation » de la SCSNE, le projet a franchi des étapes administratives, et les travaux ont commencé sur le secteur 1 entre Compiègne et Passel.Pour rappeler la dynamique « Oui ! au canal » autour du projet en 2017 et « échanger sur les avancées et les défis à relever pour réussir collectivement le canal Seine-Nord Europe », un événement a lieu le 15 septembre 2022 à Amiens dont NPI ne manquera pas de rendre compte.
