Les travaux de Seine-Nord entrent dans une nouvelle dimension

Après une phase préparatoire, les travaux du canal Seine-Nord Europe entrent dans une nouvelle dimension à partir de septembre 2022 entre Compiègne et Passel. La future infrastructure commence à s’inscrire dans le paysage et dans le quotidien des riverains. Un point sur les dernières avancées et actualités de ce chantier vient d’être fait par la Société du canal, visite sur le terrain à l’appui permettant de mieux comprendre tous les défis à relever.
Le soleil et la chaleur ont été au rendez-vous pour la découverte de plusieurs lieux emblématiques du chantier du futur canal Seine-Nord Europe sur ses premiers kilomètres au départ de Compiègne le 21 juin 2022. Organisée par la Société du canal Seine-Nord Europe (SCSNE), cette visite se déroulait au moment de l’annonce de la notification du choix des entreprises, réunis dans le groupement « Nord Confluences », qui, à partir de septembre 2022, vont entamer des travaux d’infrastructures majeurs sur les 18 km du secteur 1 entre Compiègne et Passel. Le chantier du futur canal Seine-Nord Europe, maillon central de la liaison européenne Seine-Escaut, va ainsi entrer dans une nouvelle dimension après une phase de travaux préparatoires menés depuis le printemps 2021 (suite à l’obtention de l’autorisation environnementale en avril 2021). Ces travaux préparatoires sur le secteur 1 ont concerné la réalisation de deux ronds-points (à Choisy-au-Bac et Bailleul, 400 000 euros chacun), le lancement de la construction de deux plates-formes de transbordement (à Ribécourt et Pimprez), des défrichages (comme à Cambronne-lès-Ribécourt) avec notamment du transport du bois coupé réalisé par la voie fluviale. Il ne faut pas oublier non plus les aménagements environnementaux entamés en 2017 (à Bienville, à Chiry-Ourscamp par exemple) et qui font partie des premiers travaux réalisés en vue de l’arrivée du canal, dans le cadre du triptyque « éviter, réduire, compenser » (ERC) imposé par le code de l’environnement. La démarche ERC « a pour objectif d’éviter les atteintes à l’environnement, de réduire celles qui n’ont pu être suffisamment évitées et, si possible, de compenser les effets notables qui n’ont pu être ni évités, ni suffisamment réduits ».

Un secteur très urbanisé à forts enjeux environnementaux

« Le secteur 1 du futur canal est court mais c’est le plus compliqué de tous. Sur 18 km, il est très urbanisé mais compte aussi des zones forestières et naturelles, et donc de forts enjeux environnementaux avec la vallée de l’Oise. Il comprend la construction d’une écluse, la toute première du futur canal, d’un bassin de virement, d’un déversoir, d’un siphon enterré, de trois nouveaux ponts routiers, le rescindement de l’Oise... C’est un secteur pilote pour tous les dispositifs et pour les autres secteurs », ont indiqué Pierre-Yves Delporte, directeur technique pour le secteur 1, et Lyna Pobeda, directrice de territoire pour le Compiègnois Noyonnais, à la SCSNE lors du tour sur le terrain à la découverte des premiers kilomètres où va passer le futur canal. Cette visite a permis de prendre conscience que sur ce secteur 1 au départ de Compiègne, le futur canal va s’insérer entre le canal latéral à l’Oise (CLO) et la rivière Oise tout en les utilisant (raccordement ce qui signifie élargissement et approfondissement du CLO mais aussi déplacement de la rivière). On comprend qu’entre Compiègne et Passel, on ne « creuse » pas simplement un nouveau canal en réalisant une tranchée et des ouvrages purement fluviaux mais on tient compte de tout ce qui est déjà présent dans les territoires traversés. Ce qui suppose notamment de déconstruire des ponts routiers puis de les reconstruire, sachant que tous ceux existants et qui sont concernés par les modifications suite au nouveau canal sont « en bout de vie », les collectivités ayant choisi de différer les travaux dans l’attente de la réalisation de Seine-Nord. Parcourir les lieux où va passer le futur canal permet de se rendre compte que le territoire se transforme déjà, que les riverains –qui entendent parler de Seine-Nord depuis plusieurs décennies- voient et vivent les premiers travaux préparatoires depuis plus d’un an. Et tout va monter en puissance à partir de septembre 2022. Parmi les communes et leurs habitants du secteur 1 qui vont être « aux premières loges » des travaux, il y a, par exemple, Montmacq. C’est là que va être construite la première écluse du futur canal ainsi qu’un déversoir, c’est à proximité que se trouve une zone avec des transformations importantes, là où se côtoie le CLO, le futur canal, et la rivière Oise. « Montmacq, c’est un village sous travaux pendant les 5 prochaines années, avec des interventions très proches des habitations », dit Pierre-Yves Delaporte. Concrètement, des bouts de jardin de certaines propriétés sont dans le périmètre du canal. On comprend que la SCSNE s’attendait à un accueil moins facile de la part des habitants et riverains dans les territoires. Finalement, soit le travail de concertation fait effet, soit la (très) longue durée d’attente autour de la concrétisation du projet a bien préparé les esprits ou amolli les résistances, soit les perspectives de développement jouent un rôle… Ou bien d’autres choses…Ou tout cela à la fois…

Deux quais de transbordement

Avant Montmacq en venant de Compiègne, il y a Thourotte où va se faire à proximité la jonction du canal avec l’Oise. C’est entre Thourotte et Montmacq que le rescindement (ou déplacement) de l’Oise va être réalisé. Citons encore Cambronne-lès-Ribécourt (raccordement du canal au CLO), Passel (entre autres, bassin de virement). Après cette commune, on entre dans le secteur 2 et ses 46 km plus « ruraux ». Il est impossible de citer tous les travaux prévus sur le secteur 1 (aussi bien côté canal/ouvrages fluviaux que rétablissements routiers ou aménagements environnementaux avec des passages pour la faune, des gravières à transformer en zone humide vers Chiry Ourscamp…), ou toutes les communes concernées (un ensemble d’informations, de cartes et de vidéos sont disponibles sur le site Internet de la SCSNE). Les travaux sur ce secteur doivent s’achever en 2027, le calendrier est pour le moment respecté. Il faut retenir que deux communes du secteur 1, Ribécourt-Dreslincourt et Pimprez, accueillent chacune une plate-forme de transbordement, en cours de construction, pour du stockage et de l’approvisionnement du chantier du canal par la voie fluviale en plus de la route. L’investissement atteint 9 millions d’euros. Le site de Ribécourt-Dreslincourt a l’intérêt d’être potentiellement trimodal (eau, route, fer) par sa proximité avec l’ITE de l’ex-usine Seco qui pourrait être réutilisée pour amener un embranchement ferroviaire jusqu’à la plate-forme. Une étude est en cours sur ce point. L’objectif est que ces deux plates-formes soient opérationnelles à la fin 2023. Elles sont conçues de manière provisoire, autrement dit leur pérennisation dépendra d’éventuels besoins locaux de transformer durablement de tels équipements à l’issue du chantier.

Détail des travaux à partir de septembre 2022

Pour une partie des travaux du secteur 1 à partir de septembre 2022, la SCSNE vient d’attribuer le marché au groupement « Nord Confluences » composé de 9 entreprises de taille intermédiaire ou PME dont 2 sont situées dans les Hauts-de-France. Il est prévu sur une durée prévisionnelle de 26 mois pour la réalisation et un montant total de près de 60 millions d’euros HT. Le détail des travaux est le suivant : -Une nouvelle route à Pimprez avec un franchissement du canal créant une liaison entre la RD 40 et la RD 932, bouclant ainsi le contournement de Ribécourt. -Trois nouveaux ponts sur la RD 66 entre Montmacq et Cambronne-lès-Ribécourt enjambant successivement l’Oise rescindée, le canal Seine-Nord Europe et le canal latéral à l’Oise. Les deux ponts existants sur le canal latéral à l’Oise et l’Oise naturelle seront déconstruits. -Le déplacement (ou rescindement) de la rivière Oise : pour libérer la place nécessaire au canal Seine-Nord Europe entre Thourotte et Montmacq, le cours de l’Oise doit être déplacé vers l’est. Les travaux de création du nouveau lit de la rivière dureront 24 mois et conduiront à un tronçon de 650 m en aval, au sud-ouest de Montmacq et un tronçon de 2,9 km entre le pont de la voie communale Thourotte – Montmacq et celui de la RD 66 au nord de Montmacq. -Deux ouvrages hydrauliques : un déversoir entre le nouveau lit de l’Oise et le futur canal pour contribuer à la lutte contre les inondations, un siphon enterré pour faire passer le ru du Moulinet. En parallèle de ces travaux, les aménagements environnementaux reprendront à partir de mi-septembre 2022 sur plusieurs sites dans la vallée de l’Oise et de la Verse (Chiry-Ourscamp, Pimprez, Morlincourt, Appilly, Beaurains-lès-Noyon) avec notamment la création de zones humides. Ces aménagements, qui s’étendent sur 165 hectares, ont été engagés à l’hiver 2021 et entrent dans le cadre du programme de près de 400 hectares de mesures compensatoires environnementales prévues conformément à l’autorisation environnementale du secteur 1 délivrée le 8 avril 2021 par l’Etat. 


Valoriser les terres excavées du secteur 1

Sur le secteur 1, les travaux du futur canal vont produire environ 8 milliards de mètre cube de terres excavées, que la SCSNE cherche à valoriser le plus possible. Cette démarche s’inscrit dans le cadre « d’un schéma d’approvisionnement des matériaux et de gestion des déblais qui définit la stratégie pour en maîtriser les impacts économiques, sociétaux et environnementaux depuis la phase des études de conception jusqu’à la réalisation des travaux », un document approuvé le 1 octobre 2020 par le conseil de surveillance de la Société du canal. Il est prévu que la moitié des 8 milliards de mètre cube de terres excavées du secteur 1 servent notamment pour des remblais en lien avec le chantier lui-même notamment ou pour des besoins d’opérateurs divers (ferroviaires…). Il reste à avancer sur la réutilisation de l’autre moitié. Par exemple, la Société du canal a signé un partenariat avec l’entente Oise-Aisne, un syndicat mixte en charge de la réduction du risque d’inondation sur l'ensemble du bassin versant de l'Oise, de l'Aisne et de leurs affluents. Ce syndicat mixte est en train d’élaborer un projet d’augmentation des capacités de stockage des crues à proximité de Longueil-Sainte-Marie, qui nécessiterait 800 000 mètre cube de matériaux aux fins de construction de remblais. Avec le partenariat signé, la SCSNE mettra à disposition du syndicat mixte 400 000 mètre cube de matériaux excavés sur le secteur 1 du canal. La volonté est que ces matériaux soient acheminés préférentiellement par la voie d’eau. Pour Pierre-Yves Delporte, « c’est un bon exemple d’anticipation des besoins et de collaboration entre deux maîtres d’ouvrage public ».

Cela avance aussi sur les autres secteurs

Si le secteur 1 entre dans une phase de travaux d’infrastructures d’ampleur, le projet de canal avance aussi sur la suite du parcours (n°2 de Passel à Allaines 46 km, n°3 de Allaines à Etricourt-Manancourt 15 km, n°4 d’Etricourt-Manancourt à Aubencheul-au-Bac 28 km). Les deux responsables de la SCSNE ont indiqué que pour les autres secteurs, l’autorisation environnementale est attendue pour le premier trimestre 2023 pour un démarrage des travaux en 2024. Sur le secteur 2, il y a notamment la réalisation du pont canal de la Somme, inédit par ses dimensions et son emplacement, et pour lequel la procédure de conception-réalisation (COREA) a été lancée en mai 2022 pour une durée de deux ans. Elle doit aboutir au choix du groupement d’entreprises qui concevra et réalisera cet ouvrage du futur canal. Ce pont-canal (le canal en compte 3 en tout) sera long de 1330 mètres sur une largeur de 45 mètres environ (34 mètres pour le plan d’eau), avec des trottoirs de chaque côté de 4,50 mètres pour permettre la traversée par les piétons et autres mobilités douces. Son temps de traversée par les bateaux est estimé à environ 15 minutes. Ce pont canal est la réponse au besoin de franchir la vallée de la Somme entre Cléry-sur-Somme, Biaches et Péronne. « Il répond à des enjeux de préservation de l’environnement en réduisant les aménagements à réaliser en fond de vallée (qui se limitent aux piles), préserve ainsi les zones humides d’une grande richesse écologique et n’obère pas l’écoulement naturel de la Somme, en particulier en période de crues ». Le groupement d’entreprises désigné lauréat en 2024 finalisera les études de conception et entamera dès 2025 la construction du pont-canal de la Somme pour une livraison en 2028.

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