Le port de Charente-Maritime a adopté une nouvelle charte sur la transition énergétique qui s’inscrit aussi dans l’amélioration des relations ville-port en lien avec le référentiel de l’AIVP. Les investissements et les travaux sont élevés à La Rochelle pour des plateformes qui lui serviront notamment à faire face aux besoins croissants de l’éolien offshore, y compris flottant, en matière de logistique portuaire.
La présentation des résultats annuels pour 2023 de La Rochelle le 23 janvier 2024 a été l’occasion de dévoiler une nouvelle Charte en lien avec les défis de la transition énergétique pour la place portuaire qui s’inscrit aussi dans l’amélioration des relations ville-port.
Coopération public/privé. Une dizaine de chefs d’entreprises portuaires ont signé la nouvelle « Charte de transition écologique » de la place portuaire de La Rochelle. Au total, quinze entreprises de ce grand port maritime (GPM), appartenant à différents secteurs d’activité (silos céréaliers, ciment, chantier naval, transport routier, expert maritime, etc.) se sont engagées dans cette nouvelle démarche, qui vient remplacer et compléter la précédente « Charte de développement durable » datant de 2015.
« Nous avons retravaillé, depuis un an, la précédente charte de développement durable, pour proposer cette nouvelle charte de transition écologique avec des ambitions encore plus fortes, en s’appuyant sur le référentiel de l’AIVP », indique Valérie Fernandes, vice-présidente du conseil de développement du GPM de La Rochelle.
L’Association internationale villes et ports (AIVP) a en effet proposé en 2018 son Agenda 2030 pour des villes portuaires durables. Son directeur général, Bruno Delsalle, salue le bon dialogue et la bonne coopération entre acteurs publics et privés autour du port de La Rochelle : « Cette coopération public/privé pour obtenir une charte de transition écologique d’une place portuaire est une premier mondiale ».
42 actions pour la transition énergétique. Le document signé le 23 janvier par Bruno Delsalle, Michel Puyrazat, directeur général du port, et Francis Grimaud, président de l’Union maritime qui représente les entreprises du port de La Rochelle, comprend 42 actions qui vont de la protection de la biodiversité à la mise en place de boucles d’écologie industrielle, en passant par l’adaptation au changement climatique ou la mobilité durable.
La précédente charte, datant de 2015, avait rassemblé 27 entreprises signataires. L’évaluation de la mise en œuvre de ses mesures, qui avait été réalisée en 2021, avait selon le GPM de La Rochelle établi que les objectifs visés avaient été atteints pour 67 % des engagements pris.
« Le port devra se doter d’un plan d’action précis pour coller aux objectifs de la nouvelle charte, précise Michel Puyrazat. Certains investissements qui y sont liés ont déjà été engagés, et d’autres le seront pour aller plus loin ».
Un niveau d’investissement « sans précédent »
Outre les investissements liés à la transition énergétique, le GMP de La Rochelle a déjà prévu, pour les années à venir, un niveau d’investissement « sans précédent » selon son directeur général. De 9 millions d’euros en 2022, les sommes en jeu sont passées à 23 millions en 2023 et devraient atteindre 40 millions en 2024.
Les chantiers en cours sont nombreux :
- Un dragage des différents sites du port de La Pallice a été entamé en mars 2023, qui se poursuit désormais avec un déroctage en cours jusqu’en mars 2024. Objectif : parvenir à une profondeur minimale de 10 m pour tous les bassins du port et 14,5 m pour les souilles. Le prélèvement de matériaux atteint 700 000 m³.
- Un des principaux sites rochelais concernés par les travaux en cours est celui de La Repentie. En 2023, 5 millions d’euros y ont été dépensés pour réhabiliter le viaduc du môle d’escale sur 400 m et implanter une dalle à colis lourds au-dessus des pipelines. Les travaux sur la voie d’accès au môle d’escale vont s’étaler sur quatre années. La Repentie va aussi accueillir une plateforme multimodale, à usage civil et militaire, qui verra ses voies ferrées allongée et sera dotée de deux nouvelles voies.
- A l’anse Saint-Marc, 4,6 millions d’euros ont été investis pour achever la troisième plate-forme, Anse Saint-Marc 3. Ces travaux sont directement liés au développement de l’éolien offshore. C’est en effet sur les quais et plateformes de l’anse Saint-Marc qu’ont transité les éoliennes installées en 2021 et 2022 au banc de Guérande. C’est aussi par là que passeront, à partir de mars 2024, les monopieux et les pièces de transition des 62 éoliennes du champ d’Yeu-Noirmoutiers.
Préparer l’éolien flottant. « Pendant 18 mois, le port sera occupé pour l’éolien posé à Yeu-Noirmoutiers, indique Michel Puyrazat. Nous nous préparons déjà pour le marché d’après-demain, celui de l’éolien flottant, qui se fera vraisemblablement avec des champs plus importants ».
Pour l’éolien flottant, les ports de Nouvelle-Aquitaine ont été retenus en 2023 à la suite d’un appel à manifestation d’intérêt lancé par l’État. La Rochelle y travaille donc avec Bayonne, Bordeaux et Rochefort. Pour cette technologie, qui équipera les prochains champs offshores, les besoins en espace portuaire sont énormes pour construire et mettre à l’eau les flotteurs. La nouvelle plateforme de la Repentie offrira les surfaces nécessaires.
« Les terre-pleins continueront d’être disponible pour d’autres activités que l’offshore, précise Francis Grimaud. Pour l’éolien terrestre, par exemple, les importations de pièces de plus de 90 m de long sont de plus en plus nombreuses »/
Outre ces aménagements concernant l’éolien offshore, l’année 2024 sera aussi celle du début des travaux de construction de Chef de Baie 4. Ce nouveau quai de 160 m, le quatrième sur ce site, sera mis en service en 2026 avec ses 5 ha de terre-plein.
