Maersk utilise le rail pour éviter le canal de Panama à sec

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Pour éviter le canal de Panama, où des restrictions de navigation drastiques s’appliquent en raison de la sécheresse, la compagnie danoise a annoncé le 10 janvier la séparation de son service OC1, qui relie l’Amérique à l’Océanie, en deux lignes distinctes. Les navires emprunteront un « pont terrestre » qui utilise le rail sur 80 km.

Attaques en mer Rouge d’un côté, bas niveau des lacs d’alimentation de l'autre : les deux grands isthmes les plus fréquentés par les navires marchands, celui de Suez et celui de Panama, connaissent chacun des limites à leur utilisation.

À Suez, les attaques menées par les Houthis du Yémen conduisent beaucoup de navires à préférer contourner l’Afrique par le sud. À Panama, la sécheresse qui sévit a fait drastiquement baisser le niveau du lac Gatun, qui constitue à la fois une portion de l’itinéraire entre Atlantique et Pacifique et une réserve d’eau pour alimenter les écluses du canal proprement dit.

La sécheresse prolongée a aussi réduit les réserves disponibles au lac Alajuela, réserve en eau des écluses côté atlantique. Cette situation a conduit les autorités panaméennes à diminuer progressivement, chaque mois, le nombre de passages quotidiens autorisés de 36 à 18 (en février), mais également à limiter le tirant d’eau des navires autorisés à emprunter le canal.

Niveau d'eau reparti à la baisse

Alors qu’il était prévu, fin décembre, que ce quota soit relevé en janvier, la situation pourrait évoluer moins favorablement puisque le niveau du lac Gatun, qui s’était stabilisé en décembre, est reparti à la baisse en ce début d’année.

En conséquence, Maersk a annoncé le 10 janvier une nouvelle organisation pour sa ligne OC1, qui relie Philadelphie et Charleston, sur la côte est des États-Unis, à l’Australie et la Nouvelle-Zélande en passant par le canal de Panama. Cette ligne est actuellement desservie par de navires de petite capacité (3 000 à 4 000 EVP) mais pour un voyage au long cours (45 jours en direction du nord entre Sydney et Charleston et 38 jours en direction du sud entre Philadelphie et Melbourne).

La ligne est désormais scindée en deux, avec d’un côté une boucle pacifique où les navires en provenance de Sydney, Melbourne et Tauranga (Nouvelle-Zélande) débarquent leurs marchandises à Balboa, près de la ville de Panama, et d’un autre côté une deuxième boucle prenant le relais côté mer des Caraïbes à partir de Manzanillo pour continuer vers les États-Unis.

80 km via le Panama Canal Railway

Entre les deux, les 80 km de l’isthme de Panama sont franchis par transport ferroviaire, en utilisant le Panama Canal Railway. Afin d’éviter un retard pour les marchandises en provenance d’Australie ou de Nouvelle-Zélande et à destination des États-Unis, l’escale de Carthagène (Colombie), qui était habituellement desservie dans le sens Australie-États-Unis, est annulée.

Maersk prévient en revanche que des retards sont probables dans l’autre sens, pour les marchandises en provenance du continent nord-américain et à destination de l’Australie.

L’armateur signale en outre que son « service direct depuis la côte ouest des États-Unis vers l’Océanie (PANZ) continue à être exploité chaque semaine et peut être utilisé comme une alternative pour les marchandises passant habituellement par la côte est-américaine. »

Le 14 janvier, 42 navires avec réservation et 140 sans le sésame attendaient de transiter. Le temps d'attente pour les seconds est d'environ 12 jours dans le sens Nord et réduit à 0,4 jour dans l'autre sens.

Étienne Berrier

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