MAN ES pourrait rétrofiter jusqu’à 60 navires des flottes de Seaspan et de Hapag-Lloyd. Le motoriste européen, qui participe déjà aux côtés de Hyundai Heavy Industries et Alfa Laval, au chantier méthanol de Maersk (25 nouveaux porte-conteneurs et conversion d’un premier navire), a été sollicité pour convertir une première série de 15 de ses moteurs MAN B&W de type S90 au fuel en moteurs ME-LGIM bicarburant (méthanol vert/conventionnel).
« L'adaptation des moteurs existants à la bicarburation est l'un des moyens les plus efficaces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et accroître l'efficacité et la rentabilité d'une flotte existante, tout en offrant [aux exploitants de navires] une flexibilité en matière de carburant et en prolongeant la durée de vie opérationnelle », résume Thomas Leander, responsable des solutions chez MAN PrimeServ.
82 moteurs bicombustible en commande
L’équipementier a actuellement plus de 80 moteurs à double carburant au méthanol dans son carnet de commandes. Il n’est pas nécessaire de toucher à la structure du moteur, explique le responsable. Les aménagements concernent surtout l'injection et le système d'alimentation en carburant.
MAN Energy Solutions devrait également être en mesure de proposer des adaptations au méthanol pour les moteurs à quatre temps à partir de 2024, une fois les défis techniques liés à ces deux points surmontés.
Cela lui ouvrira le marché des porte-conteneurs, ferries, chalutiers et paquebots, tandis que les moteurs à deux temps à double carburant sont plus adaptés pour les navires-citernes transportant du méthanol et aussi les porte-conteneurs. C'est du moins ce qui ressort d'une analyse de terrain.
45 autres options
Le nouvel accord signé avec le plus grand bailleur mondial de porte-conteneurs et le transporteur allemand, qui avait été pourtant rebuté son expérience de conversion d'un navire existant au GNL (35 M€ et sept mois de travaux), comprend 45 autres options.
Selon MAN, chaque conversion a la capacité de réduire les émissions de CO2 de 50 000 à 70 000 t par an une fois le moteur fonctionnant au méthanol vert.
Une flotte de 200 porte-conteneurs
Seaspan, qui fut très actif dans la commande et l’acquisition de navires durant la période épidémique, a un programme de construction de 70 porte-conteneurs. Une fois l'ensemble livré, sa flotte sera portée à 200 unités avec une capacité de 1,9 MEVP.
« Les défis à venir ne pourront pas être relevés uniquement par la construction de nouveaux navires. La reconfiguration sera une composante nécessaire et majeure de notre programme de réduction des émissions et de celui de l'industrie maritime », justifie Peter Curtis, porte-parole de Seaspan.
Développements autour de l'ammoniac
MAN, qui prévoit que 27 % du carburant consommé par les plus grands des navires sera de l'ammoniac d'ici 2050, est davantage connu pour ses développements sur ce carburant que sur le méthanol. Il vient de réaliser une première combustion sur un moteur à quatre temps avec succès.
Il n’est pas le seul. Wärtsilä a commencé à tester dès 2020 un moteur à quatre temps alimenté à l'ammoniac et a ensuite introduit des pourcentage de plus en plus élevés dans le mélange des carburants.
IHI et Japan Engine Corp. planchent aussi sur un moteur à quatre temps avec 80 % d'ammoniac. Les premiers retours sont assez probants selon les entreprises, signalant des « niveaux très bas de glissement d'ammoniac dans le flux d'échappement ». La technologie devrait être installé sur un remorqueur, livré l'année prochaine.
Adeline Descamps
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