Les standards de navires ne se fondent pas par hasard. Il est rare que le segment assiste à la formation d'une classe entièrement nouvelle mais il arrive que des séries de navires neufs s'imposent comme un nouveau modèle.
« Des paramètres, tels que les dimensions des écluses ou les restrictions de tirant d'eau, contribuent souvent à façonner des types de navires tels que le célèbre panamax ou le néo-panamax, beaucoup plus grand. Dans d'autres cas, les restrictions de longueur dans les ports visités, nécessitant des spécifications techniques particulières, peuvent donner naissance à de nouveaux types standard comme le Bangkokmax ou le Chittagongmax, fait observer Alphaliner. Il existe aussi des classes de navires, dont les dimensions ne sont pas limitées par l’infrastructure, mais qui se sont néanmoins formées autour d'un consensus implicite de l'industrie. Les mastodontes de 24 000 EVP se sont ainsi érigés en standard pour opérer sur les grandes lignes Est-Ouest à grand échelle.
58 commandes depuis le début de l’année
En cette année post-pandémique, après des années de célébration de la massification que seuls autorisent les très grands porte-conteneurs, un nouveau plébiscite est en train de se concrétiser autour de navires d’une capacité de 7 000 EVP. Un retour en grâce pour ce segment de marché vieillissant, sortis des radars des armateurs pendant près d’une décennie, entre 2010 et 2020, et désespérément absents des carnets de commande des constructeurs.
Les propriétaires non exploitants (NOO) et les armateurs en ont commandé 58 exemplaires depuis le début de l’année, dont 36 par les premiers et 21 en motorisation GNL qui seront affrétés à CMA CGM et à ZIM (37 autres à propulsion conventionnelle). Cette nouvelle famille, à laquelle Alphaliner a déjà donné le nom de « C7K » devrait arriver sur le marché entre 2023 et 2025, déversant sur le marché quelque 400 000 EVP. Sur les 36 affrétés, tous sauf six d’entre eux, ont fait l’objet d’un contrat à long terme. Un véritable succès commercial donc.
Seaspan : 20 porte-conteneurs de 7 000 EVP ?
Loués pour son efficacité opérationnelle et son gain énerégique
Selon Alphaliner, en étant capables de servir à la fois sur des lignes principales et sur des services régionaux à grande capacité, les navires de cette nouvelle classe sont appelés à remplacer la première génération des post-panamax entrés en service au début des années 2000. Ces derniers ne cochent plus aucune des cases actuelles avec leurs moteurs trop puissants et leur vitesse de navigation élevée.
« En fait, toutes les routes commerciales pour lesquelles un panamax est exploitable aujourd'hui pourraient être desservies aussi bien, voire mieux, par un de 7 000 EVP », assure encore le spécialiste. Moins longs d'au moins 20 m, ces 7 000 EVP compacts peuvent transporter 40 % de conteneurs en plus sur une base nominale voire 53 % moyennant des conteneurs de 14 t par EVP.
Des arguments de vente
Les injonctions réglementaires – CCI (Carbon intensity indicator), l'EEDI (Energy efficiency design index) et l'EEXI (Energy efficiency existing ship index) – pourraient en outre être de puissants alliés. En imposant une réduction des émissions par conteneur-mille, les transporteurs ont intérêt à investir dans des tonnages moyens. Bien que les configurations techniques de cette nouvelle famille ne soient pas connues dans le détail et ne seront pas forcément homogènes, l’efficacité énergétique, la souplesse opérationnelle et la capacité de transport optimisées apparaissent déjà comme ses meilleurs arguments de vente.
Dans la catégorie des 4 800 à 6 800 EVP, Alphaliner dénombre 553 navires totalisant une capacité de 3,17 MEVP, soit 12,8 % de la capacité de la flotte mondiale. D’un âge moyen de 15 ans, beaucoup d'entre eux sont donc susceptibles de quitter le marché dans les cinq prochaines années, avant leur quatrième visite spéciale à l'âge de 20 ans. La succession serait donc assurée.
Adeline Descamps
