Mobilisation française autour du ferry

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Une pétition. Des courriers adressés au Premier Ministre. Des appels sur les réseaux sociaux… Alors qu’Annick Girardin a annoncé le 11 septembre qu'elle allait rencontrer le 15 septembre les représentants de Brittany Ferries et de DFDS, la mobilisation redouble pour attirer l’attention sur les difficultés du ferry français.

Elle avait annoncé, il y a une semaine, qu’elle réunirait les « différents opérateurs transmanche pour aborder avec eux les conditions de leur reprise d’activité et d’un maintien de l’emploi pour les salariés ». Le 11 septembre, la ministre de la Mer Annick Girardin a indiqué sur son fil twitter qu’une rencontre était programmée pour le mardi 15 septembre au ministère de la Mer avec Brittany Ferries et DFDS. « Nous aborderons les propositions du gouvernement pour favoriser le maintien de l’emploi et la compétitivité du transmanche. L’État sera au rendez-vous », a-t-elle assuré, laissant donc entendre que des décisions ont été arbitrées au niveau de l’exécutif.

Inévitablement, elle a créé un appel d’air. « Merci de ne pas oublier Corsica Linea et La Meridionale, également en difficulté et opérant sous pavillon national premier registre », a réagi Pierre Maupoint de Vandeul, président du syndicat CFE-CGC.

Brittany Ferries suspendue à une réaction de l'État

Levée de boucliers

Ces derniers jours, la machine s’est emballée le long des côtes bretonnes. Dernière initiative en date. Une pétition, intitulée « Il faut sauver la Brittany Ferries et ses emplois ! » circule, avec pour premiers signataires des élus bretons* qui entendent ainsi démontrer le « soutien de la population à la compagnie, ses salariés et ses dirigeants ». « Brittany Ferries est un acteur majeur de l’économie bretonne : elle emploie près de 3 000 salariés, transporte chaque année plusieurs millions de touristes, et offre des débouchés à notre agriculture et à notre industrie en faisant passer la Manche à 160 000 camions. Un soutien majeur de l’État est nécessaire pour aider la Brittany à surmonter cette crise temporaire et sauver ses emplois ».

Dans cette demande d’engagements en faveur de l’activité ferry y compris les liaisons méditerranéennes, quelques personnalités les avaient précédées. Le président du Sénat, Gérard Larcher, a adressé un courrier dans ce sens au gouvernement le 8 septembre. Les présidents de régions Hervé Morin (Normandie), Xavier Bertrand (Hauts de France) et Loïg Chesnais-Girard (Bretagne) et Agnès Firmin-Le Bodo, députée de la septième circonscription de la Seine-Maritime, avaient eux aussi demandé à Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, un plan de soutien de façon « urgente » et « vitale ».

Une cinquantaine de parlementaires se sont adressés au premier Ministre Jean Castex pour lui rappeller le poids économique de l’activité transmanche qui « emploie près de 5 000 salariés et génère 12 500 emplois indirects, des Hauts-de-France jusqu’en Bretagne. »

Pierre Karleskind, eurodéputé et membre de la commission Transports et tourisme, a demandé pour sa part à ce que, dans le cadre du budget pluriannuel 2021-2027 de l’UE, le fonds de 5 Md€ dédié aux régions impactées par le Brexit « identifie clairement le transport maritime transmanche » » Et « parce que les compagnies ne pourront attendre 2021 », le député européen appelle Paris et Bruxelles à « travailler rapidement à un ou des dispositifs de soutien sous forme d’aides d’État en faveur de ce secteur, essentiel pour l’avenir de nos relations avec nos voisins britanniques ».

Brittany Ferries désarme et reconfigure son offre

Crise sanitaire dévastatrice

À vrai dire, depuis l'annonce de la quatorzaine britannique, les dirigeants de la compagnie de Roscoff ont eux-mêmes donné l’alerte. La décision de Boris Johnson, présentée sans préavis, a provoqué la panique et s’est matérialisée selon Brittany Ferries par 65 000 annulations et reports pour septembre-octobre.

La société, qui n’a obtenu l’autorisation de réarmer ses navires que fin juin, avait déjà dû se contenter d’une fréquentation moins-disant avec un manque à gagner de de 70 % sur les mois de juillet et août par rapport à l'été dernier (200 000 passagers contre 780 000 un an plus tôt). La crise sanitaire devrait se matérialiser par une perte sur ses résultats de 130 M€.  

Or, la compagnie a quasiment épuisé la plupart des leviers à sa disposition pour réduire les coûts : navires désarmés, chômage partiel de 1 311 personnes sur un effectif total de 2 865 employés, prêt garanti par l’État à hauteur de 117 M€ au prix d’un endettement lourd, sacrifice des emplois saisonniers, mise en sommeil de quelques investissements…En plus d’un aménagement des échéances et du terme du PGE, Brittany Ferries espère plus fondamentalement bénéficier du concept du « net wage » (remboursement aux armateurs des charges sociales salariale). Une disposition dont bénéficie DFDS mais qui est aussi accessible aux pavillons italien, allemand et belge…

Les plans sociaux se multiplient dans le ferry européen

Rien dans le plan de relance

De prime abord, le plan de relance à 100 Md€ présenté par le premier Ministre Jean Castex ce 3 septembre ne contient pas de mesures d’accompagnement spécifiques pour le transmanche. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a toutefois assuré les députés le même jour, à l’occasion d’une audition à l’Assemblée nationale, que le gouvernement était « prêt à soutenir l'entreprise dès que le diagnostic aura été établi pour bâtir un modèle qui soit économiquement viable sur le long terme ».

Depuis, la demande a manifestement débordé. C’est l’ensemble du ferry français qui sollicite une réaction et non plus le seul transmanche. En Méditerranée, la situation est compliqué par l’inextinguible dossier de la DSP, écheveau complexe dont les aides accordées n’en finissent plus d’être confrontées à la compatibilité avec le marché intérieur. Alors qu’une « enquête approfondie » sur la DSP en vigueur a été ouverture en février, un nouveau rapport de la Commission européenne condamne un peu plus le système. Sans cela, les compagnies méridionales tentent aussi de se maintenir à flots.

Adeline Descamps

*Maël de Calan, Aline chevaucher, conseillers départementaux du canton de Saint-Pol-de-Léon, et les maires Gildas Bernard (Plounévez-Lochrist), Anne Bescond (Tréflez), Guy Cabioch (Ile-De-Batz), Stéphane Cloarec (Saint-Pol-de-Léon), Gérard Danielou (Cleder), Bernard Floch (Mespaul), Patrick Guen (Plougoulm), Éric le Bour (Plouescat), Bernard le Pors (Santec), Éric Pennec (Lanhouarneau), Jacques Pont (Tréflaouénan)

 

 

 

 

 

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