Brittany Ferries suspendue à une réaction de l'État

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La quarantaine britannique imposée aux voyageurs en provenance de France a chargé la compagnie bretonne, déjà très fragilisée par le confinement intensif engendré par la crise sanitaire. Brittany Ferries annonce la fermeture de nouvelles lignes entre la France et l'Angleterre afin d’alléger ses coûts d'exploitation.  

« Assurer sa survie à long terme. » C’est par ces mots que la direction de la compagnie de Roscoff, spécialiste du trafic transmanche, a annoncé de nouvelles suspensions de services. Le 19 août, elle avait déjà annoncé réduire le nombre de ses traversées entre la France et l'Angleterre du fait de la mise en place par le Royaume-Uni d'une quarantaine pour les voyageurs venant de l'Hexagone. Elle avait annoncé la fermeture de la ligne entre Saint-Malo et Portsmouth à compter du 7 septembre et celle entre Roscoff et Plymouth le 31 août.

La ligne Cherbourg-Poole, fermée depuis fin mars, le restera toute l'année tandis que la plus fréquentée, Caen-Portsmouth, ne sera pas impactée en septembre et octobre. Ces nouvelles restrictions se traduiront par la mise au chômage partiel d'une partie du personnel navigant, indique l’entreprise.

Brittany Ferries désarme et reconfigure son offre

65 000 annulations et reports pour septembre-octobre.

Plusieurs élus et parlementaires bretons ont appelé l’État à intervenir pour préserver l’entreprise. La compagnie a accusé une baisse de fréquentation de 70 % en juillet-août par rapport à l'été dernier (200 000 passagers contre 780 000 un an plus tôt). Depuis l'annonce de la quatorzaine britannique, elle a enregistré 65 000 annulations et reports pour septembre-octobre.

En plus des mesures d'urgence prises pour réduire les coûts – navires désarmés, chômage partiel de 1 311 personnes sur un effectif total de 2 865 employés, prêt garanti par l’État à hauteur de 117 M€ au prix d’un endettement lourd, sacrifice des emplois saisonniers, mise en sommeil de quelques investissements dont le projet d’autoroute ferroviaire entre Mouguerre et Cherbourg… –, Brittany Ferries presse l’État d’intervenir pour la soutenir, demandant notamment un aménagement des échéances et du terme du PGE. 

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Absence de stratégie

À l’occasion de la Fête de la pomme fin août à Épreville-en-Lieuvin dans l’Eure, au cours de laquelle Hervé Morin, président centriste de la région Normandie, a fait sa rentrée politique, Jean-Marc Roué, le président de la Brittany Ferries, invité à l’une des tables rondes, a rappelé clairement que « Brittany a perdu la moitié de son chiffre d’affaires ». Pour le dirigeant, comme en 2008, année de référence pour l’industrie maritime car la crise financière avait aussi impacté fortement un des points forts de la France, le tourisme, « cette crise sanitaire sera obligatoirement une crise sociale ».

L’ex-président d’Armateurs de France, qui avait fini par capter l’intérêt des plus hautes sphères politiques pour le porter sur une industrie orpheline d’une stratégie nationale, semble en revenir au postulat de base à en juger par les propos relayés dans les médias [le JMM n’y était pas, NDLR]. « Face à la situation, nous n’avons pas la réponse de l’État. La vision maritime de la France reste la dernière roue du carrosse. Elle n’existe pas. Je peux vous annoncer qu’il n’y a rien sur le transport maritime dans le plan de relance de l’État. Dommage, au moment où nous avions eu une lueur d’espoir avec le retour d’un ministère de la Mer après 25 ans d’absence. »

La présentation du plan de relance à 100 Md€ présenté par le premier Ministre Jean Castex ce 3 septembre lui donne raison… Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a toutefois assuré les députés ce 3 septembre, à l’occasion d’une audition à l’Assemblée nationale sur le plan de relance, que le gouvernement était « prêt à soutenir l'entreprise dès que le diagnostic aura été établi pour bâtir un modèle qui soit économiquement viable sur le long terme ».

Adeline Descamps

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