Dans la perspective de la 77e session du Comité de protection du milieu marin MEPC, profitant de la vitrine médiatique offerte par la COP26, le sommet international sur le climat, un ensemble composé de 34 nations et de la Commission européenne, dont la France, ont soutenu la soumission à l’OMI d'une résolution portée par les Îles Marshall et Salomon exigeant que les émissions du transport maritime soient réduites à zéro d'ici 2050. Bien au-delà donc de ce qui avait été convenu en 2018 à savoir réduire de 40 % d'ici 2030 l'intensité en carbone des navires par rapport à 2008 et de 50 % d’ici 2050. Une stratégie validée en 2018 avec un objectif de revoyure en 2023.
Pour les promoteurs de cette initiative, cette promesse du zéro net vise à envoyer un signal au marché en signifiant « explicitement à toutes les parties de la chaîne de valeur maritime que la transition est irréversible » et ainsi d’inciter les exploitants à prendre des décisions stratégiques d'investissement.
MEPC77 : opération zéro émission
Retournement de situation
Lors de la COP26, la France s’est jointe à ce panel de pays appelant à une révision à la hausse des objectifs. Mais au premier jour de la session, l’Hexagone, ainsi que l’UE, et d’autres pays (Norvège, les Bahamas, Corée du Sud...) ont voté contre pour une « question d’efficacité ». Le Canada, les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni…ont en revanche soutenu les deux États insulaires. Au final, seuls huit pays ont soutenu la résolution zéro émission d'ici 2050.
« La France soutient l'objectif de cette résolution plaidant pour une décarbonisation d'ici 2050 mais pas son adoption au cours de cette session, fait valoir la délégation française. Une résolution isolée va simplement avoir pour effet de diviser et radicaliser les positions et nous faire perdre beaucoup de temps pour avancer sur les mesures concrètes. La COP26 est le bon endroit pour faire des déclarations politiques. L'OMI est une organisation technique qui devrait concentrer ses efforts et son temps limité sur la définition de mesures concrètes et obligatoires. »
Taxe carbone et norme sur les carburants
Au troisième jour de la réunion du Comité de la protection du milieu marin, le 25 novembre, les États membres de l'Organisation maritime internationale (OMI) ont débattu des propositions de mesures à moyen terme visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre du transport maritime. Les mesures basées sur le marché et une taxe carbone en font partie. Deux blocs se distinguent, les mêmes qui séparent d’ailleurs les États membres partisans de durcir les objectifs de décarbonation et ceux qui s’y opposent. Parmi les pays plaidant en faveur d’une taxe figurent l'UE27, le Canada, le Japon, le Liberia et les pays insulaires du Pacifique. Parmi les « antis », l'Arabie saoudite, le Brésil, l'Argentine, la Chine et la Russie.
Une proposition de norme sur les carburants à faible émission de gaz à effet de serre a par ailleurs été présentée par l'UE, à laquelle se sont ralliés notamment le Japon et le Canada.
Les débats se tiennent alors qu’une étude du Tyndall Centre for Climate Change de l'université de Manchester appelle à revoir les objectifs pour que le secteur soit compatible avec les objectifs de l'accord de Paris sur le climat, à savoir une réduction de 34 % des émissions de CO2 par rapport aux niveaux de 2008 d'ici à 2030, et le 100 % avant 2050.
Adeline Descamps
