Malgré le Brexit et l'épidémie, DFDS est en croissance au second trimestre

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L’opérateur de ferries a enregistré une croissance de son chiffre d’affaires et de son bénéfice d’exploitation malgré les conditions de marché. Mais DFDS tire l’essentiel de ses revenus du fret et de la logistique alors que le trafic passagers touche le fond. Pour assurer sa croissance organique dans les prochains mois, le danois parie sur une stratégie d’offre.

La transition Brexit est loin d’être assimilée alors que le Royaume-Uni introduira progressivement des contrôles aux frontières d'ici le 1er janvier 2022. Le regain épidémique continue de planer telle une menace persistante. Les variations entre les pays dans le déploiement de la vaccination ne permettent pas aux opérateurs de ferries d’être sereins quant à une reprise franche de leur secteur. Brexit et épidémie sont bel et bien les deux événements de force majeure qui prennent en otage les acteurs de ce marché si spécifique (cf. notre numéro spécial sur le ro-pax). Cette situation se concrétise dans les résultats financiers que DFDS a publiés dernièrement pour la première partie de l’année. 

Si le chiffre d'affaires a augmenté de 1,4 milliard de couronnes danoises (188 M€) pour atteindre au deuxième trimestre de l’année 4,2 milliards de DKK (564,8 M€ ; 1,062 Md€ sur le premier semestre), la compagnie danoise de ferries le doit principalement au fret (+ 63,7 %, 398 M€) et à la logistique (+ 35,5 % ; 208,42 M€), ces activités ayant été dopées par la reprise de l'activité économique et industrielle après un régime au ralenti du fait de la résurgence de l’épidémie. Le segment passagers reste, lui, un trafic abîmé par les restrictions de déplacement.

Résultats tirés par les nouvelles routes et les ventes hors taxe

« Dans le fret, les recettes ont été tirées par le lancement des deux nouvelles routes de fret Irlande-France et Turquie-Espagne, par les ventes hors taxes [duty free, NDLR] et par l’accord de réserve de capacités contracté avec le DfT [Le ministère britannique des Transports a négocié avec plusieurs opérateurs pour sécuriser ses importations dans la perspective d'un tohu-bohu après la sortie du Royaume Uni de l'Union européenne, NDLR] », indique DFDS dans son rapport financier. 

Le bénéfice après amortissement et dépréciation des actifs incorporels et corporels non courants (Ebitda) de sa division Fret a ainsi augmenté de 53,8 M€ pour atteindre 129,2 M€. Par rapport à la même période de 2019, année d'exploitation normale, l’Ebitda ressort même en croissance de 38 %. Dans le passager, il a augmenté de près de 600 000 € par rapport au deuxième trimestre 2020, guère suffisant pour éponger une perte totale de 70 millions DKK (9 M€).

L’Ebitda du groupe a augmenté de 77 % au deuxième trimestre (120 M€) et de 48 % au premier semestre (221 M€) par rapport aux mêmes périodes de 2020, qui avaient été fortement affectés par la pandémie et les restrictions de voyage qui en ont résulté. 

DFDS rachète une entreprise de logistique de la chaîne du froid

Une acquisition moins aisée que prévu

DFDS maintient ses prévisions pour l'ensemble de l'année 2021, qui avaient été communiquées pour la première fois le 23 avril et revues à la hausse, avec un résultat d'exploitation compris entre 3,2 et 3,6 Mds de DKK (entre 430 et 480 M€) contre 3 à 3,5 Mds de DKK initialement prévus. L’entreprise s’attend en outre à des revenus en hausse de 20 à 25 % pour l'ensemble de l'année. 

Les perspectives pour la division Logistique ont été en revanche revues à la baisse en raison d'une consolidation plus longue que prévue du groupe néerlandais HSF Logistics, un spécialiste de la logistique de la chaîne du froid bien implanté en Europe du Nord (276 M€ de chiffre d’affaires, 1 800 employés, 700 camions et 1 700 remorques frigorifiques).

La transaction annoncée en janvier dernier pour près de 300 M€ attend toujours le feu vert de l'autorité européenne de la concurrence qui a reporté sa décision à septembre. Le retard de deux mois sur la procédure coûtera à l’entreprise danoise environ 67 M€ en revenus et 6,7 M€ en bénéfice d'exploitation (Ebit). 

Résultats de la division Ferry de DFDS par routes maritimes

Pas de reprise du passager en 2021

En outre, l’armateur de ferries ne prévoit pas de retrouver ses flux de passagers avant 2022. Ils ont diminué de 29,3 % au second trimestre par rapport à 2020 et de 94,1 % par rapport à 2019. Ses revenus resteront donc au niveau de ceux de 2020. Il avait été pourtant prévu qu'environ 25 % de la baisse enregistrée en 2020 serait récupérée en 2021. 

Le fret et la logistique seront en outre contraints par une pénurie de chauffeurs routiers et d'équipements, notamment au Royaume-Uni. Une situation qui se solde par une hausse des coûts de transport, un allongement des délais de livraison et une moindre fiabilité des chaînes d'approvisionnement, indique DFDS qui n’entrevoit pas non plus d’amélioration au troisième trimestre à ce niveau.  

Calais-Douvres : Irish ferries débarque, DFDS et P&O Ferries s'allient 

Stratégie d’offre

La compagnie mise néanmoins sur ces deux piliers pour assurer sa croissance organique et pratique une stratégie d’offre. Afin d'améliorer son offre tout en réduisant les temps d'attente, comme elle le justifie, DFDS a conclu le 25 mai dernier un accord mutuel d'affrètement d'espace avec P&O Ferries sur la ligne de ferry Douvres-Calais

« Il permet à nos clients de fret de pouvoir charger sur le premier ro-pax disponible, quelle que soit la compagnie, et de réduire le temps de traversée de 30 minutes. Les activités commerciales et les relations avec la clientèle restent entièrement sous le contrôle de chaque opérateur », insistait la direction lors de l’annonce. L'accord d'affrètement devrait être opérationnel au 1er octobre 2021. 

Le 4 août dernier, le ro-pax sous pavillon français Côte d’Opale, affrété à Stena pour dix ans, a été mis en service entre Douvres et Calais. Sa capacité de 3 100 mètres linéaires représente une augmentation de 78 % par rapport au Calais Seaways qu'il remplace.  

DFDS ouvre une liaison roro entre Calais et Sheerness

Intérêt pour Calais

L’opérateur de fret et de logistique, qui a fait de Dunkerque une tête de pont vers le Royaume-Uni et l’Irlande, redouble d’intérêt pour Calais. Il a ouvert le 12 juillet une nouvelle ligne de fret non accompagné entre le port nordiste et Sheerness dans le KentLe service, assuré par le Gothia Seaways, d’une capacité de 165 remorques non-accompagnées, effectuera une rotation tous les jours. 

« C’est une réponse à la demande pour le fret non accompagné entre la France et le Royaume-Uni. Sheerness bénéficie d’excellentes liaisons routières avec une proximité immédiate de l’autoroute M25, ce qui est idéal pour les marchandises à destination de la région de Londres et des Midlands », avait commenté la direction.

Un ferry neutre en carbone en 2025 ?

« Sustainable Fleet Projects », c’est le nom d’une nouvelle unité créée au sein du groupe danois. Elle a pour agenda de doter la flotte d’un ro-pax à émissions nulles d'ici 2025. 

Adeline Descamps

 

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