Maersk : un résultat net de 24,2 Md$ sur neuf mois

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La guerre en Ukraine, la crise énergétique en Europe, l’inflation galopante, la récession mondiale imminente, le pouvoir d'achat des consommateurs érodé…n’ont pas eu de prise sur les résultats financiers d’A.P. Møller – Maersk au troisième trimestre. Le groupe de transport et logistique enregistre à nouveau des niveaux d’activité « extra » ordinaires et se dirige vers un bénéfice d’exploitation de l’ordre de 37 Md$ cette année. Mais il revoit très sensiblement à la baisse la croissance de la demande de conteneurs.

A.P. Møller – Maersk a enregistré, entre juillet et septembre, son 16e exercice trimestriel de croissance de ses bénéfices. Les trois principales activités – transport maritime, manutention portuaire et logistique – ont été royalement servies.

Le chiffre d'affaires de l’ensemble a augmenté de 37 % (+ 6,2 Md$) par rapport au troisième trimestre 2021 pour atteindre 22,76 Md$, et l'Ebitda et l'Ebit ont bondi de 60 %. Le résultat d'exploitation avant intérêts, impôts et amortissement s’établit à 10,9 Md$ (+ 4 Md$) et le bénéfice avant déduction des charges, des produits d'intérêt et des impôts (excédent brut d'exploitation) à 9,5 Md$ (+ 3,6 Md$). Le résultat net ressort à 8,9 Md$ pour le troisième trimestre et à 24,2 Md$ sur neuf mois.

Les recettes ont été à la fois portées par l’activité de shipping (+ 4,9 Md$ pour Ocean, à plus de 18 Md$), la logistique (+ 1,6 Md$, à 4,2 Md$) et, dans une bien moindre mesure, par la manutention portuaire (+ 90 M$ pour Terminals), à 1,1 Md$.

Le transporteur a profité, une nouvelle fois, au troisième trimestre, de taux de fret particulièrement élevés (+ 42 % par rapport au même trimestre de l'année dernière) qui ont compensé des volumes encore en baisse, de 7,6 % (3,016 MEVP vs 3,263 MEVP il y a un an) et un coût de soute (bunker) qui explose, passé de 1,4 à 2,4 Md$ sur un an, en raison d’un prix moyen du fuel à 895 $/tonne. La facture énergétique a été un peu allégée par un repli de 4,8 % de la consommation. Mais le total des coûts d'exploitation (soutes, affrètement, manutention et stockage portuaire), s’établissant à 8,2 Md$, n’en alourdit pas moins le bilan de 1,4 Md$ par rapport au troisième trimestre 2021 où il s’élevait alors à 6,8 Md$.

Fin de la parenthèse, point de chute

Quoi qu’il en soit, les bénéfices hors sol ont atteint leur sommet car la parenthèse dorée pour les transporteurs de conteneurs semble vouloir se refermer et les taux de fret ne cessent de baisser depuis plus de quatre mois avec une chute accélérée ces dernières semaines. Les taux de fret au départ de la Chine, mesurés par l'indice de fret conteneurisé de la Chine (CCFI), étaient inférieurs, au dernier trimestre, de 6,6 % à ceux du deuxième trimestre et de 1,4 % à ceux du troisième trimestre 2021.

« Avec la guerre en Ukraine, la crise énergétique en Europe, une inflation élevée et une récession mondiale imminente, les nuages sombres sont nombreux à l'horizon. Cela pèse sur le pouvoir d'achat des consommateurs qui, à son tour, a un impact sur la demande mondiale de transport et de logistique », reconnait Søren Skou, le PDG de A.P. Møller – Maersk.

Selon les estimations, les volumes mondiaux de conteneurs ont diminué de 3 % en glissement annuel au troisième trimestre, tandis que les volumes mondiaux de fret aérien, mesurés en CTK, ont chuté de 9 % en juillet/août, selon l’IATA, l’Association du transport aérien international

« Il est clair que les taux de fret ont atteint un pic et ont commencé à se normaliser au cours du trimestre, sous l'effet de la baisse de la demande et du désengorgement de la chaîne d'approvisionnement. Comme nous l'avions prévu tout au long de l'année, les bénéfices du secteur maritime diminueront au cours des prochains mois », ajoute le dirigeant, sans préciser l’amplitude de la descente. Selon les analystes, les bénéfices du groupe danois, certes très haut perchés, pourraient chuter de 70 % en 2023.

71 % de ses clients sous des contrats de longue durée

Si Maersk a considérablement réduit son exposition au spot ces dernières années – plus de 1,9 MEVP et 71 % de ses capacités sont actuellement placées sur des contrats, dont 28 % de plusieurs années –, cela ne le met pas à l’abri des renégociations, les taux spot étant désormais plus avantageux pour le client.

Des mouvements de balancier auxquels l’ex-leader mondial est rompu et qu’il cherche à atténuer en se diversifiant dans la logistique. Pour l’instant, les milliards de dollars investis dans des acquisitions semblent porter leur fruit. « Pour la première fois, le chiffre d'affaires de la logistique a dépassé 4 Md$ en un trimestre », se félicite le dirigeant. « Dans le domaine de la logistique et des services, Maersk a continué à investir dans son portefeuille et ses capacités. L'acquisition de LF Logistics a été réalisée, celle de Martin Bencher Group a été annoncée, et la présence d'entrepôts, de centres de distribution et d'entrepôts frigorifiques a été considérablement étendue avec 21 installations supplémentaires sur des marchés clés comme l'Amérique latine, l'Europe et l'Inde. »

Le salut par la logistique

L'augmentation de ses revenus doit en effet beaucoup aux acquisitions de B2C Europe, Visible Supply Chain Management, Pilot, Senator International et LF Logistic (sans Martin Bencher Group acquis en août). Les cinq sociétés ont apporté près de 1 Md$ de recettes. La croissance organique de la division Logistics & Services n’a, elle, contribué qu’à hauteur de 26 % de la croissance de 61 % du chiffre d'affaires au cours du trimestre. 

Dans sa feuille de route 2025, établie en 2021, le groupe danois vise une croissance organique annuelle de 10 % de son activité logistique et prévoit de tirer 50 % de ses bénéfices avec ses 200 plus gros clients. À ce jour, il a déjà dépassé ces objectifs puisque la croissance interne a augmenté de 33 % et ses grands comptes contribuent à 66 % de ses bénéfices. Seule la marge d’Ebit (6 %) est encore inférieure aux attentes.

L'entreposage, en particulier aux États-Unis, a continué à connaître des niveaux élevés de demande au cours du troisième trimestre, explique le transporteur qui récupère sur la logistique ce qu’il perd en demande de transport. Car si les stocks de détail augmentent, traduisant le ralentissement de la consommation et de facto de la demande de transport, le besoin de stockage s’accroît. « Les taux d'inoccupation des entrepôts industriels sont restés proches des plus bas niveaux historiques, alors que les données du Bureau du recensement des États-Unis ont montré que les ratios stocks/ventes dans l'ensemble de l'économie ont augmenté au troisième trimestre, ce qui indique un besoin accru de stockage », relève le rapport financier.

Un chiffre d’affaires de 64 Md$ sur neuf mois

Sur les quais, le chiffre d'affaires tiré de l’exploitation des terminaux à conteneurs s’est élevé à 1,1 Md$ et l’Ebit à 357 M$ quand bien même Maersk a dû solder la participation d'APM Terminal dans Global Ports en Russie, qui devrait représenter un manque à gagner sur les bénéfices de 532 M$ pour les neuf premiers mois de l'année.

In fine, entre janvier et septembre, le chiffre d'affaires a augmenté de 20,4 Md$ pour atteindre 63,7 milliards avec des hausses substantielles de 17,4 milliards pour le transport maritime, de 3,7 milliards pour la logistique et de 461 M$ pour les terminaux. Néanmoins, le groupe de transport et de logistique a décaissé 23,3 Md$ en dépenses d’exploitation, en grande partie en lien avec la flambée des carburants.

Le revenu moyen par EVP est passé de 3 088 à 4 862 $ en un an (septembre 2021 à septembre 2022) qui ont compensé des volumes encore en baisse, de 9,82 à 9,11 MEVP.

Baisse de la demande mondiale entre 2 et 4 %

Si les vents ont tourné, le groupe danois maintient ses prévisions pour l'année et s’attend à un Ebitda d'environ 37 Md$, un Ebit de l’ordre de 31 Md$ et un flux de trésorerie disponible supérieur à 24 Md$. Toutefois, il a abaissé ses perspectives quant à la demande mondiale de conteneurs, anticipant désormais un ralentissement compris entre - 2 et - 4 %, alors qu'il était précédemment estimé à +/- 1%. Les prévisions d'investissement pour 2022-2023 restent cependant inchangées, entre 9 et 10 Md$.

Quant à la fin de l’année, « l'indice mondial des directeurs d'achat [PMI, NDLR] indique que les délais de livraison des fournisseurs se raccourcissent, que les arriérés diminuent et que les stocks de produits finis augmentent. Cela suggère une normalisation en amont des chaînes d'approvisionnement, mais aussi que les conditions en aval, par exemple dans l'entreposage, pourraient se resserrer avec le ralentissement de la croissance de la demande finale », signale par ailleurs le rapport financier.

Adeline Descamps

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