Maersk : un bénéfice d'exploitation de 3 Md$ au premier trimestre 2021

Article réservé aux abonnés

Conformément à ce qu’il avait annoncé il y a quelques jours, le leader mondial du transport maritime a enregistré sur le seul premier trimestre des résultats proches de ceux réalisés durant l’année 2020 pour certains indicateurs. La rentabilité exceptionnellement élevée et un solide flux de trésorerie lui permettent de lancer un programme de rachat supplémentaired'actions de l’ordre de 5 Md$ au cours des deux prochaines années.

A.P. Moller – Maersk a changé son mode de conversation avec ses clients. Il ne veut plus se contenter de leur adresser une transaction de court terme – un simple acte de transport – mais veut offrir une expérience à plus forte valeur ajoutée. Et cela lui réussit à en croire le PDG du leader danois du transport maritime qui a choisi de commenter les résultats du premier exercice trimestriel de l’année en mettant en exergue les résultats de la logistique intégrée. Et pour cause : Soren Skou est l’homme-orchestre de l’approche en door-to-door, une stratégie d’intégration entre le fret maritime (Maersk) et la logistique (Damco).

À cet égard, la barre a été placée très haut. L’objectif est de faire en sorte que les activités terrestres et la logistique contribuent à 50 % des bénéfices d'exploitation (Ebit). En 2020, elles n’ont représenté que 5,5 %. Mais la division Logistique et Services a vu son chiffre d'affaires augmenter de 42 % au premier trimestre pour atteindre 2,045 Md$, principalement grâce à la croissance organique mais aussi aux acquisitions de Performance Team (achetée près de 550 M$) et de KGH Customs Services.

L'Ebitda (résultat d'exploitation avant intérêts, impôts et amortissement) de la logistique terrestre a augmenté de 201 % pour atteindre 205 M$ contre 68 M$ un an auparavant tandis que son bénéfice d’exploitation s’approche des 140 M$ contre 29 M$ au même trimestre de l'année précédente. En partie grâce à la progression des marges.

Alignement des planètes entre taux de fret en hausse et coût de soute en baisse

Sur l’ensemble de ses activités, l’Ebitda d’A.P. Moller - Maersk dépasse les 4 Md$ en mars 2021 (contre 1,5 Md$ en mars 2020). L’activité de la ligne régulière (Ocean) y a contribué à hauteur de 3,4 Md$. L'Ebit de l’ensemble des métiers, est passé de 552 M$ à près de 3,1 Md$ en un an. Le chiffre d'affaires, en croissance de 30 %, s’élève à 12,4 Md$ à l’issue des premiers mois de l’année, dont 9,5 Md$ pour le transport maritime qui a bénéficié de la baisse significative des coûts d’exploitation en raison d’un pétrole bradé une bonne partie de l’année. Les volumes transportés sont en hausse de 5,7 %, tirés vers le haut par la flambée des taux de fret (+ 35 %, à 2 662 $/EVP).

Quant à l’activité de manutention portuaire, la division affiche des revenus en hausse de 24 %, passant de 911 M$ à 1,1 Md$ grâce à l'augmentation des volumes et des revenus de stockage. Les volumes traités dans ses terminaux aux États-Unis ont augmenté de 16 %, et de 33 % en Asie.

« La forte demande et les problèmes opérationnels qui en découlent tels que les goulets d'étranglement, le manque de capacité ainsi que la pénurie d'équipements, ont fait grimper les taux de fret à des niveaux records », commente Søren Skou, PDG d'A.P. Moller - Maersk.

Discipline financière

Maersk s'est abstenu d'acheter de nouveaux navires et s'est concentré sur le cash-flow. Si bien qu’il dispose aujourd’hui d’un matelas de quelque 20 Md$. De quoi procéder à des opérations de croissance externe pour accélérer son développement dans la logistique. « La rentabilité élevée a conduit à un ROIC [retour sur capitaux investis, NDLR] de 15,7 % et notre solide flux de trésorerie disponible nous permet de lancer un nouveau programme d’achat d'actions d'environ 5 Md$ au cours des deux prochaines années », se félicite le dirigeant pour donner des gages à ses actionnaires.

Comme annoncé il y a quelques jours, A.P. Moller - Maersk révise ses prévisions : le résultat d'exploitation avant intérêts, impôts et amortissement devrait se situer entre 13 et 15 Md$ contre 8,5 à 10,5 Md$ estimés initialement et 8,3 Md$ en 2020. Les flux de trésorerie disponibles devraient se fixer à 7 Md$ contre 3,5 Md$ estimés et 4,6 Md$ en 2020. Pour les années 2021-2022, le danois prévoit des dépenses d'investissement de l‘ordre de 7 Md$.

Le premier transporteur maritime mondial revoit également ses estimations quant à la croissance de son marché. Sa trajectoire devrait épouser celle de la demande mondiale de conteneurs, prévue pour augmenter de 5 à 7 % en 2021, principalement grâce aux volumes d'exportation de la Chine vers les États-Unis.

Moment paradoxal

Maersk n’est pas le seul de la classe des transporteurs maritimes a profiter nettement de l’embellie du conteneur.  D'une manière générale, la hausse des taux de fret devrait offrir des bénéfices à la plupart des grandes compagnies du secteur. 

Parmi ceux qui ont publié à ce jour leurs résultats, ONE a réalisé un bénéfice de 3,5 Md$ en 2020 (exercice clos en mars) alors que l’an dernier, la compagnie japonaise devait se contenter de 105 M$ pour l'exercice 2019-2020 (l’année fiscale japonaise se clôture en mars). Cosco a déclaré 2,4 Md$ de bénéfices au premier trimestre, soit 2,3 Md$ de plus que pour la même période de l'année dernière.

Paradoxalement, la meilleure fortune des compagnies maritimes coïncide avec des services dégradés en termes de fiabilité des capacités, des équipements et du time transit mais dont les prix ont littéralement explosé. 

Adeline Descamps

Shipping

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15