Maersk signe son huitième accord sur le méthanol vert

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L’armateur danois, dont la flotte de porte-conteneurs au méthanol approche les vingt unités, et l’entreprise américaine Carbon Sink, qui produit actuellement de l’éthanol, ont signé un protocole d’accord en vue de produire du méthanol vert aux États-Unis. La première unité sera implantée au sein d’une usine de bioéthanol existante avec une capacité de production d'environ 100 000 t par an, totalement réservée par Maersk. Démarrage prévu en 2027.  

L’armateur danois poursuit la mise sur pied d’une chaîne d'approvisionnement en méthanol vert alors qu’il a confirmé le 5 octobre avoir confié à Hyundai Heavy Industries (HHI) la construction de six navires supplémentaires de 17 000 EVP bicarburant avec le méthanol, ce qui porte l’ensemble de sa flotte au méthanol à dix-neuf et à vingt-cinq si l’armateur exerce ses six options.

Les huit premiers avaient été commandés en août 2021. Maersk avait ensuite exercé son option pour quatre autres en janvier 2022. L'ensemble avait été précédé, en juillet 2021, d’un feeder, confié à Hyundai Mipo Dockyard (HMD). Ce dernier devrait être mis à l’eau en 2023 pour opérer en Baltique. Lorsque les commandes à ce jour passées seront livrées, toutes d’ici 2025, les porte-conteneurs nécessiteront environ 750 000 t de méthanol vert. 

Avitaillement critique

L’avitaillement reste un des points critiques avec la problématique du coût de production. Si le méthanol à base de combustibles fossiles coûte entre 100 et 250 $ la tonne, le bio-méthanol revient entre 320 et 770 $/t, l’amplitude s’expliquant par les différences entre les coûts d'investissement (capex), d’exploitation (opex) et d'efficacité de la conversion. En améliorant les process, les coûts pourraient être réduits entre 220 et 560 $/t.

Quant au graal, l'e-méthanol (complètement vert), obtenu en combinant de l’hydrogène vert issu de sources renouvelables et du CO2 biogénique, son coût de production varie en fonction de celui de ces deux intrants. Il est estimé entre 800 à 1 600 $/t en supposant que le CO2 provienne du captage et stockage du carbone (de 10 à 50 $/t). Mais si le CO2 est obtenu par captage direct dans l'air, dont les coûts sont actuellement de 300 à 600 $/t, il reviendrait alors entre 1 200 à 2 400 $/t. 

Sans attendre le mécanisme de financement

Quoi qu’il en soit, sans attendre qu’un mécanisme-relais puisse compenser le différentiel de compétitivité entre les énergies fossiles et les alternatives vertes, Maersk s’affaire à sécuriser l’avitaillement de ses futurs navires décarbonés. Ainsi, il a passé ces derniers mois à signer divers contrats d’achat. Il s'est notamment associé en mars à six sociétés, fournisseurs d’énergies, pour sécuriser au moins 730 000 t de méthanol par an d’ici 2025. 

Pour son feeder, son premier geste inaugural, Maersk a contracté avec Reintegrate, filiale du groupe danois d’énergies renouvelables European Energy, qui sera en mesure de lui assurer 10 000 t d'e-méthanol, de source solaire. 

La compagnie a par ailleurs investi dans WasteFuel, qui produit du bio-méthanol et biogaz à partir des déchets agricoles et ménagers. L’entreprise californienne aurait la capacité de fournir à Maersk environ 300 000 t par an à partir de 2024 à partir d'un projet de bio-méthanol développé en Amérique du Sud. Mais dans l’absolu, l’offre de biomasse est limitée car elle entre en concurrence avec les demandes d’autres secteurs.

Un accord-cadre de 10 Md€ avec le gouvernement espagnol

En août, le danois a conclu un accord avec le chinois Debo Energy portant sur l’achat de 200 000 t alors que la production sera lancée en septembre 2024. Ces derniers jours, l’information n’a pas fait grand bruit dans les médias. Pourtant, elle a son importance. Maersk a signé un accord-cadre massif de 10 Md€ sur l'e-méthanol avec le gouvernement espagnol. S’il se concrétise, il pourrait permettre de produire jusqu'à 2 Mt par an.

Huitième accord

Pour le huitième accord de ce type, Maersk vient de conclure avec la société américaine Carbon Sink visant à installer des unités de méthanol vert aux États-Unis, la première sera implantée au sein de l'usine de transformation du maïs en éthanol (l’additif est obligatoire pour l'essence aux États-Unis) de Red River Energy à Rosholt, dans le Dakota du Sud.

La première unité aura une capacité de production d'environ 100 000 t par an à partir de 2027, date estimée pour son lancement. Maersk prévoit d'en acheter la totalité. 

Loin d’un port mais près des sources de carbone

Si l’installation est loin d’un port, elle est à proximité des sources de CO2. Carbon Sink exploite en effet la technologie actuellement disponible pour produire du méthanol vert, à savoir une recette combinant hydrogène issu de l'électricité renouvelable avec du CO2, qui sera capté dans un premier temps dans l'usine de bioéthanol de Red River Energy. 

« L'obtention de carburants verts à grande échelle au cours de cette décennie est essentielle pour les efforts de décarbonation de notre flotte. Nous avons fixé un objectif de zéro émission nette en 2040 pour l'ensemble de nos activités, mais, pour rester en phase avec l'accord de Paris, nous avons également fixé des objectifs pour 2030 afin de garantir des progrès significatifs au cours de cette décennie », rappelle à l’occasion de la signature Berit Hinnemann, responsable de l'approvisionnement en carburants verts, A.P. Moller - Maersk.

La concomitance entre les navires et l'approvisionnement en carburant, qui doivent être construits à peu près en même temps, est un des défis de la décarbonation du transport maritime. 

Adeline Descamps

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