Libre-échange à tout-va en Asie et dans le Pacifique

 

Depuis le 15 novembre, deux accords de libre-échange se chevauchent en Asie et dans le Pacifique. L’un où la Chine est au centre du jeu, l’autre dans lequel les États-Unis comptent bien faire un retour. Flux commerciaux et maritimes vont augmenter en Asie.

Signé le 15 mars par la Chine, la Corée du Sud, le Japon, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les dix pays de l’ASEAN (Birmanie, Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande et Vietnam), l’accord de libre-échange cadré par le Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP) crée un bloc commercial qui représente un tiers de la population et du PIB de la planète ainsi que 28 % des échanges commerciaux. Voire plus, car il laisse la porte ouverte à l'Inde qui, après avoir initialement adhéré au projet, a renoncé à y participer en 2019. Si l’ASEAN avait déjà un accord bilatéral de libre-échange avec les autres pays, il n’en existait par contre aucun entre le Japon, la Corée du Sud et la Chine, qui apparaît comme la grande gagnante du RCEP. Il entrera en vigueur quand les parlements d’au moins neuf pays dont six de l’ASEAN l’auront ratifié. Vraisemblablement courant 2021. Les économistes estiment qu’il sera aussi très bénéfique aux membres de l’ASEAN et engendrera un essor du trafic maritime intra Asie.

Retour des États-Unis sur la scène

Conséquence annexe non moins importante, sa naissance va donner un nouvel élan au CPTPP (Comprehensive and Progressive Agreement for Trans-Pacific Partnership ou Accord de partenariat transpacifique global et progressiste). Entré en vigueur le 30 décembre 2018, cet autre accord de libre-échange regroupe Canada, Chili, Mexique et Pérou ainsi que certains pays venant de signer le RCEP. En l’occurrence Japon, Malaisie, Australie, Nouvelle-Zélande, Singapour, Brunei et Vietnam, qui affirment que les deux accords sont plus complémentaires que concurrents.

Pas sûr que cet avis soit partagé par les États-Unis. Impliqués dans la genèse du CPTPP, ils s’en sont retirés en 2017 à l’initiative de Donald Trump, mais il ne fait aucun doute qu’ils vont y revenir car la création de ces blocs commerciaux va rendre leurs produits moins compétitifs sur certains marchés pour cause de droits de douane plus élevés. Joe Biden a en effet indiqué durant sa campagne électorale que cela faisait partie de ses projets. Il se pourrait même que ce soit une de ses premières décisions car le lendemain de la signature du RCEP, il a déclaré que les États-Unis devaient se joindre à d’autres démocraties pour faire front commun en terme de politique commerciale mondiale et être un contrepoids à la Chine en ce domaine.

Aucune chance d’y être admis

En Corée du Sud, il se murmure que les Américains poussent déjà pour qu’elle rejoigne elle aussi le CPTPP. Par ailleurs, ils ne devraient avoir aucun mal à convaincre Taïwan d’y adhérer. Le pays réalisant 59% de ses échanges commerciaux avec les membres du RCEP, ses dirigeants s’inquiètent de la création de ce bloc et estiment n’avoir aucune chance d’y être admis compte tenu de la présence de la Chine.

Thierry Joly

 

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