Ses navires monopolisent les plannings mensuels de livraison. Ses acquisitions insatiables forcent l’étonnement et l’exaspération de certains. Même ses envois à la casse font couler de l’encre. Il avait, il est vrai, déserté cette scène-là, plus connu pour ses ventes à l'arrachée que pour ses démolitions à l'étouffée, n’ayant vendu que trois navires pour la ferraille depuis les années 1980, rappelle la mémoire de la ligne régulière, Alphaliner.
Une de ses dernières ventes dans ce domaine a retenu l’attention : MSC a envoyé à la casse l'ancien navire amiral de Maersk âgé de 34 ans, le MSC Véronique, un panamax de 4 809 EVP. Il aurait été vendu à 550 $ par tonne (métrique), ce qui reviendrait à 12,9 M$ pour un navire que le transporteur suisse avait acquis aux alentours de 5 M$. Il ne reste plus que trois unités de cette série de 11 navires (toutes chez MSC) construite aux grandes heures de la construction navale danoise sur le chantier naval Odense Steel Shipyard, qui appartenait à A.P. Møller Maersk.
300 navires d'occasion
Bien que rares, les démolitions attirent moins l’attention que les acquisitions de navires d'occasion du numéro un mondial de la ligne régulière, dont le seuil des 300 a été récemment franchi.
Ces nouvelles arrivées ajoutent 1,2 MEVP à la capacité du leader mondial, soit presque la capacité du numéro six mondial ONE (1,5 M EVP). Jusqu'à présent, en 2023, la compagnie a acheté 12 navires d'occasion.
Les plus avisés auront remarqué que les prix des porte-conteneurs de la classe post-panamax, âgés d'au moins dix ans, ont nettement baissé
Chute des prix
Ainsi, MSC a acquis le Lisbon (6 078 EVP mai 2003, Hanjin Heavy Industrie) pour 22 M$, nettement en deçà de l'estimation de VesselsValue à 25,53 M$.
Selon la base de données des navires, les navires de plus de 20 ans et d'une capacité de 6 500 EVP ont connu la plus forte baisse de prix au cours du mois dernier. Ces navires ont chuté d'environ 5 %, passant de 40,2 à 32,1 M$.
L’affaire est suffisamment nouvelle pour la signaler, après deux années de fièvre à tous les niveaux.
Une flotte d'une valeur de 19 Md$
« Les taux d'affrètement à temps d'un an pour les post-panamax sont actuellement de 43 500 $ par jour, ce qui reste bien supérieur à la moyenne historique pour ce secteur », nuance toutefois VesselsValue.
Outre la flotte détenue par MSC, la compagnie a également affrété quelque 300 navires. Selon Alphaliner, cela porte la taille totale de la flotte de MSC à 746 navires, dont la valeur est estimée à 19 Md$.
Adeline Descamps