Cela fait une semaine qu’un incendie s’est déclaré à bord du porte-conteneurs de 2 700 EVP, le X-Press Pearl, suite à un départ de feu parti d’un conteneur empli de marchandises dangereuses et l’incident n’est toujours pas maîtrisé. Les moyens mis en œuvre jusqu’à présent et les tentatives pour canaliser le feu ont échoué notamment en raison des conditions météorologiques difficiles avec des vents violents et une mer très agitée.
Le 26 mai, un hélicoptère militaire a largué près d'une demi-tonne de produits chimiques ignifuges sur le navire tandis que la marine sri-lankaise et quatre remorqueurs s’emploient en vain depuis plusieurs jours à canaliser le feu sur le navire chargé de 1 486 conteneurs dont certains contenant 25 t d'acide nitrique et d'autres produits chimiques. Les navires Vaibhav et Vajra des garde-côtes indiens, dotés de capacités de lutte contre l'incendie, ont été dépêchés sur place. Avec les renforts en cours, un total de neuf navires du Sri Lanka et trois de l'Inde, ainsi que la société de sauvetage, auront été impliqués dans la lutte contre l'incendie. Une véritable course contre la montre pour les équipes, craignant que le navire sombre avant que l’incendie ne soit éteint.
Alerte de marée noire
Les autorités locales ont alerté dès le début de la semaine sur la menace d’une marée noire avec un risque de déversement d'environ 100 t de pétrole en plus des 278 t de combustible de soute dont une partie aurait déjà été pompée. La structure fragilisée du feeder battant pavillon de Singapour et opéré par l'armateur X-Press Feeders, menace de se rompre. Sur 1486 conteneurs, « seuls » huit pertes de conteneurs ont été comptabilisées dont un a déjà été retrouvé sur le rivage. Aucune information n’a été apporté sur leur contenu.
L’autorité sri-lankaise de protection de l'environnement marin (MEPA) a ouvert une enquête après que les médias eurent rapporté que l'équipage avait découvert une fuite de produits chimiques dans les conteneurs au cours de la traversée. Le capitaine aurait néanmoins pris la décision de jeter l'ancre au large de Colombo. L'opérateur du navire a réfuté les allégations selon lesquelles le navire se serait vu refuser l'entrée dans les ports de Hazira en Inde et Hamad au Qatar. « Ces informations sont inexactes, a déclaré X-Press Feeders. Des demandes ont été faites aux deux ports pour décharger un conteneur sur lequel avait été décelée une fuite d’acide nitrique mais il n'y avait pas d'installations spécialisées ou d'expertise immédiatement disponibles pour traiter le problème », rectifie l’armateur.
X-Press Pearl : les autorités sri-lankaises craignent une marée noire de niveau II
Le fantôme du New Diamond
Le porte-conteneurs faisait route vers Colombo en provenance l'État indien du Gujarat lorsque le feu s'est déclaré à 14 km au large des côtes le 20 mai. La marine sri-lankaise avait très rapidement indiqué que les 25 membres d'équipage étaient sains et saufs à l'exception de deux marins blessés qui ont dû être hospitalisés. L'un d'eux ayant été testé positif au Covid-19, les 23 autres ont été placés en quarantaine à Colombo.
L’événement en rappelle un autre, de triste mémoire récente. Il y a même pas un an, le pétrolier New Diamond avait brûlé pendant une semaine entière au large de la côte orientale du Sri Lanka après une explosion dans la salle des machines qui avait tué un membre d'équipage. Une marée noire de 40 m de long s'en était suivie. Le Sri Lanka avait exigé des propriétaires du supertanker 17 M$ pour régler les frais de nettoyage.
Il rappelle en outre toute la problématique des matières dangereuses à bord. Un sujet qui préoccupe de plus en plus toute la communauté maritime. Le fret mal déclaré est identifié comme une des sources de la majeure partie des accidents (cf. lire à ce sujet : X-Press Pearl : les autorités sri-lankaises craignent une marée noire de niveau II).
A.D.