Il y a comme un air d’été indien sur le marché du transport maritime de véhicules légers, dont le temps est venu. La conjoncture a été printanière l’an dernier et 2023 offre un prolongement. Galvanisés par des tarifs d'affrètement historiques de plus de 100 000 $/j, les principaux opérateurs manifestent leur confiance dans leur marché en commandant.
Les chantiers navals ont enregistré 76 commandes de transporteurs de voitures en 2022 contre 56 en 2021, selon DNV. À fin novembre, l’équivalent de 700 000 CEU avait été commandés, soit 16 % de la capacité de la flotte existante. Tous les navires commandés, sauf cinq, peuvent être propulsés au GNL, tandis qu'environ 25 % sont classés pour l'ammoniac et /ou le méthanol. Il y aurait une centaine de car-carriers au GNL en service.
Apanage pour les véhicules électriques
Selon des projections de Clarksons, non encore corroborées par les faits (pas encore disponibles), le commerce maritime de voitures au niveau mondial devrait avoir augmenté de 8 % en 2022 pour atteindre 20,3 millions de voitures en 2022, cependant encore en baisse de 5 % par rapport à 2019.
Les distances parcourues ont, elles, augmenté de 6 % l’an dernier pour s’établir à 6 900 miles (11 100 km). Le boom des exportations chinoises vers l’Europe l’explique en partie. Elles pourraient représenter plus de 50 % de la croissance en voitures-milles en 2022, témoignant par ailleurs d’une modification de la structure des échanges.
D'après la plateforme EV-Volumes, qui fait référence pour les données sur les ventes de voitures électriques, plus de 7,7 millions de voitures électriques et hybrides rechargeables avaient été immatriculées dans le monde à fin octobre (6,5 millions en 2021). Ce segment représenterait 16 % du marché automobile mondial.
Sortie de route ?
Le marché pourrait toutefois vite dérailler. Les assureurs ne cessent d’alerter sur les risques engendrés par le transport des batteries au lithium, à commencer par Allianz, un des grands acteurs du marché maritime.
Dans les derniers accidents en date, matérialisés par des incendies et explosions spectaculaires, les batteries, qu’elles soient transportées en tant que cargaisons ou embarquées sur des véhicules électriques, ont été mises en cause. Inflammables, explosives, toxiques, leur stockage et transport sont susceptibles d’être réévalués.
L’actualité rouennaise, avec l’incendie le 16 janvier dans un site de Bolloré Logistics à Grand-Couronne, où étaient stockés 12 000 batteries au lithium, rappelle que leur dangerosité n’est pas une vue de l’esprit.
Adeline Descamps