Certains ports européens les bannissent. Plusieurs sociétés de classification se désengagent (Lloyd's Register, DNV et ABS). Ce faisant, ils ouvrent la voie à d’autres mais aussi aux assureurs, qui exigent que les services de classification des navires soient placés auprès d'un membre de l'Association internationale des sociétés de classification (IACS). L’étau s’est encore resserré. Le Russian Maritime Register of Shipping (RMRS), que le bloc occidental a ajouté le 9 mars à la liste des entreprises publiques soumises à des restrictions de financement, vient d’être exclu de la liste de l'IACS.
Que représente la flotte russe ? Les armateurs russes contrôlent ensemble environ 3 000 navires totalisant 18,1 millions de tonnes brutes compensées (TBC), soit 1,2 % de la capacité de la flotte mondiale, selon Clarksons.
Dans le secteur du vrac sec, d’après Banchero Costa, les armateurs russes possèdent actuellement 34 vraquiers de plus de 20 000 tpl, soit 0,3 % de la flotte mondiale de vraquiers de plus de 20 000 tpl. Parmi ceux-ci, quinze appartiendraient à JSC GLTK, cinq à Aston Rostov, trois à Murmansk Shipping et trois à Viva Shipping. Seules dix unités battent pavillon russe. Il n'y a actuellement aucune commande de handysize ou panamax pour des compagnies russes.
Sovcomflot, oligopolistique
Dans le segment des pétroliers, les armateurs russes détiennent 64 pétroliers de plus de 60 000 tpl, dont seuls deux VLCC mais une majorité d’aframax correspondant à la nature des flux (transport de courte distance). Ils possèdent également 46 navires-citernes de plus de 30 000 tpl, dont une majorité de Middle Range (MR). Ils ne représentent que 3 % de la flotte mondiale de transporteurs de brut et 1,5 % de celle de transporteurs de produits pétroliers. Sur l’ensemble de la flotte (110 donc), 97 appartiendraient à Sovcomflot et Rosneft, les quatre unités restantes. Seules huit unités battent pavillon russe. Les pavillons du Liberia dominent l’ensemble, à quelques exceptions près pour Chypre.
Sur la quinzaine de pétroliers en commandes, Sovcomflot et Rosneft sont à l’initiative de la moitié chacun. Ils ont été majoritairement confiés (neuf) au chantier national Zvezda (les aframax) tandis que Hyundai Mipo (les MR) et Samsung Heavy (les suezmax) se répartissent les autres.
Une flotte à l’image de la réalité de son marché
Selon les données disponibles, la moitié des exportations de charbon de la Russie est exportée depuis les ports russes, principalement vers le nord de la Chine, le Japon et la Corée du Sud. L'autre moitié est chargée dans les ports européens de la mer Noire, de la mer Baltique ou de Mourmansk, et expédiée principalement vers l'Union européenne (36 Mt aux États membres de l'UE l’an dernier, soit 70 % des importations totales de ce combustible) ou des destinations méditerranéennes telles que le Maroc, Israël et la Turquie.
Les céréales partent des ports de la mer Noire vers des destinations méditerranéennes et moyen-orientales telles que la Turquie et l'Égypte.
Plus de la moitié (54 %) des exportations russes de pétrole brut sont dédiées à l'UE et 5 % vers la Turquie, principalement à partir des ports de la mer Noire (Novorossyisk), de la mer Baltique (Primorsk et Ust Luga) et pour une part plus marginale (7 %) depuis Mourmansk ou les ports de l’Arctique russe. Enfin, son pétrole brut (25 %) destiné à la Chine, à la Corée du Sud et au Japon opère sur de très courtes distances à partir de Vladivostok, Kozmino ou Nakhodka.
A.D.