Quatre mois après sa dernière commande, Grimaldi porte son carnet de commandes de porte-voitures à 17 après avoir exercé l'option incluse dans l'accord signé en janvier avec le groupe chinois de construction navale China State Shipbuilding Corp. (CSSC)
Les deux navires supplémentaires sont en tous points conformes à la première série des cinq PCTC (Pure Car Truck Carriers).
Longs 200 m et larges de 38 m, ils figurent parmi les plus grands du marché avec une capacité de chargement de 9 000 CEU (Car equivalent units). Ils seront, d’après l’armateur napolitain, parmi les premiers de la catégorie à être équipés d'un moteur hybride avec des batteries de grande puissance au lithium.
Montée en puissance dans le gigantisme
Complétés par un ensemble d’optimisations dans la conception, les navires afficheront un indice d'émissions de CO2 par unité de cargaison transportée réduit jusqu'à plus de 50 % par rapport à celui des premières générations de Grimaldi.
Depuis 2016 avec la série des Grande, Grimaldi qui exploite à la fois des con-ros, des ro-ro, des transporteurs de véhicules et des ferries, a passé des caps dans l'emport très rapidement, à 6 700 CEU puis à 7 600 CEU.
Disposant de la connexion électrique à quai, ils sont comme l'ensemble de la série, classés par Rina « Ammonia Ready », stipulant qu'ils pourront être convertis le cas échéant à l'ammoniac en motorisation principale.
Une commande d'une valeur de 630 M$
L'ensemble de la commande est évalué à plus de 630 M$. Cet investissement s'inscrit dans le cadre du vaste plan de renouvellement de la flotte du groupe Grimaldi, qui comprend 26 navires en construction : 17 car-carriers prêts pour l'ammoniac, cinq unités ro-ro polyvalentes de la classe G5, deux navires ro-ro hybrides de la classe GG5G et deux navires ro-pax de la classe Superstar (pour la filiale Finnlines).
« Notre projet de modernisation est extrêmement ambitieux, mais c'est le genre d'initiatives dont notre secteur a besoin pour s'attaquer à la décarbonisation, l'un des défis les plus urgents et les plus exigeants de notre époque », fait valoir Emanuele Grimaldi, directeur général du groupe, par ailleurs président en juin de l’International Chamber of shipping, la fédération internationale des associations nationales d'armateurs et de gestionnaires de navires dans tous les segments du transport maritime.
À leur livraison, prévue entre 2025 et 2026, ils seront exploités sur les lignes entre l'Europe, l'Afrique du Nord et l’Asie de l’Est.
Le transport de voitures porté par les ventes de véhicules électriques
Le transport maritime est tiré par le boom des ventes de voitures électriques, un marché sur lequel la Chine porte de grandes ambitions. D'après la plateforme EV-Volumes, dont les données sur les ventes de voitures électriques font référence, les immatriculations dans le segment représentent désormais 16 % du marché automobile mondial.
En 2022, le secteur des transporteurs de voitures a connu des conditions de marché exceptionnelles, les taux d'affrètement atteignant des sommets historiques.
En fin d’année, le tarif d’affrètement pour un PCTC d'environ 6 500 CEU dépassait les 105 000 $ par jour, le double du dernier record enregistré au deuxième trimestre 2008, et dix fois plus que ce qu’ils rapportaient en juin 2020 (10 000 $/j).
Selon Clarksons, le commerce maritime de voitures au niveau mondial a atteint les 20 millions d’unités en 2022, bien qu’encore en baisse de 5 % par rapport à 2019.
Les distances parcourues ont, elles, augmenté de 6 % l’an dernier pour s’établir à 6 900 miles (11 100 km). Les des exportations chinoises vers l’Europe l’expliquent en partie. Les véhicules électriques/hybrides, généralement plus grands et plus lourds, y ont également contribué.
Ruée sur les commandes
L’effervescence du marché a stimulé l’appétit pour des constructions neuves. Le carnet de commande équivaut à plus de 16 % de la capacité de la flotte existante. Le renouvellement de la flotte est au centre de l'attention, les exploitants de navires sous pression des constructeurs automobiles, eux-mêmes sommés de verdir leur chaîne d’approvisionnement,
Ces derniers mois, les annonces se sont multipliées. Le GNL, l'ammoniac et le méthanol tiennent la corde dans les dernières commandes. Selon les données de la société de classification DNV, il y aurait une centaine de car-carriers au GNL en service.
Le norvégien Höegh Autoliners a exercé auprès de China Merchants Heavy Industries (CMHI) de nouvelles options dans le cadre de sa nouvelle classe Aurora de très grands voituriers (jusqu’à 9 100 CEU), classifiée ammoniac et méthanol par DNV.
Cosco Shipping, qui a créé une coentreprise dans le transport des PCTC avec les puissants constructeurs chinois SIPG logistics et Saic Anji Logistics, a passé commande, en deux temps, de quinze et six navires alimentés au GNL d’une capacité de 7 500 CEU auprès de quatre chantiers navals chinois.
Saic Anji Logistics, la branche logistique du constructeur automobile chinois Saic Motor, s'est engagé en début d'année sur sept nouveaux porte-voitures de 8 900 CEU. Saic Motor est en tête des ventes en Chine grâce aux coentreprises formées avec Volkswagen (Saic-Volkswagen) et General Motors (Shanghai GM, Saic-GM-Wuling Automobile).
Les armateurs de porte-conteneurs aussi
Même les armateurs de porte-conteneurs s'y mettent.
CMA CGM, maison-mère de Ceva Logistics, a signé, début mai, un contrat d'affrètement pour quatre navires d'une capacité de 7 000 voitures. Ils sont destinés à Ceva Logistics qui renforce son offre autour de la logistique des véhicules finis, CMA CGM structurant progressivement un pôle ro-pax et car-carrier, autour de ses dernières acquisitions Gefco et de La Méridionale, compagnie ro-pax, dont l'acquisition vient d'être finalisée.
Adeline Descamps
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